Barbetorte a écrit:
Bien sûr mais ni les gouvernements en place ni les populations des divers Etats du Proche-Orient, dans leur ensemble, ne sont disposés à tomber sous le joug islamiste. D'ailleurs, la résistance du régime de Bacher el-Assad s'explique en partie par l'alternative soit maintien du régime en place, soit prise du pouvoir par les djihadistes. A tout prendre, beaucoup préfèrent encore Bachar el-Assad.
C'est une contre-vérité. Suite aux printemps arabes qui ont fait vaciller le trône de bon nombre de dirigeants dans ces régions, des pans entiers de territoires sont tombés dans les mains des djihadistes comme des fruits mûrs (Libye, Mali, Yémen, Syrie etc.) Et la résistance du régime de Bachar al-Assad n'est certainement pas dû à un quelconque soutien populaire mis à part dans sa propre minorité religieuse alaouite, mais par le soutien actif de l'Iran et de sa branche armée libanaise le Hezbolla dont le chef a lui-même affirmé que s'ils n'étaient pas intervenu les djihadistes seraient arrivés jusqu'au Liban.
Barbetorte a écrit:
Il est trop tôt pour parler d'impuissance. En 1991, il s'agissait de l'annexion d'un Etat par un autre. Avec l'EIIL, il s'agit d'une rébellion interne que le gouvernement légal devrait être en mesure de traiter avec les moyens dont il dispose. Il est vrai que l'administration de Barak Obama est moins va-t-en guerre que celle de Georges Bush junior. Mais c'est plus par prudence que par une politique arrêtée de non-intervention. Si la situation l'exige, elle interviendra. D'ailleurs cette administration continue à traquer Al Qaïda au Pakistan et au Yemen et il a été fait état ces derniers jours de la présence à Bagdad d'unités américaines de forces spéciales ainsi que de drones. Elle n'est pas inactive par principe ni impuissante. Il en est de même pour la France et le Royaume-Uni.
Ce que je constate c'est que depuis les guerres d'Afghanistan et d'Irak qui furent des échecs cuisants, l'Amérique ne fait plus de grandes invasions avec des légions de Marines et des B52. Quelles qu'en soit les raisons, le fait est qu'ils n'interviennent qu'avec des drones, des forces spéciales ou par procuration (y compris avec l'aide de l'Europe comme en Libye).
Barbetorte a écrit:
Ce qui n'est pas rationnel est de se revendiquer chef politique et religieux de tout le monde musulman alors qu'on est à la tête d'une armée d'une dizaine de milliers de combattants seulement, qu'on vient à peine de prendre le contrôle d'une infime partie seulement du monde musulman et qu'on doit affronter l'hostilité de tout le reste du monde, musulman et non-musulman.
Dans l'histoire, la plupart des grands conquérants et autres chefs de dynasties, avaient des ambitions démesurées y compris pour leur contemporains qui les prenaient pour des fous.
Barbetorte a écrit:
Même si les djihadistes ont la sympathie d'une partie de l'opinion en Jordanie et en Arabie, il est peu vraisemblable que les gouvernements de ces deux pays soient renversés. Encore plus menacé, il y a celui du Yémen. Il résiste néanmoins, avec l'assistance des Etat-Unis. Enfin, si Israël se sent sérieusement menacé, il agira et sans faire dans la dentelle.
En effet je suis d'avis que sans l'assistance de l'Occident ces régimes s'effondreront comme des châteaux de cartes. Ils n'ont aucune légitimité ne serait-ce que populaire et encore moins religieuse. L'Etat Islamique pourrait très certainement arriver à ses fins s'ils font preuve de stratégie et de détermination, ce dont ils n'ont pas manqué jusqu'à présent il faut le reconnaître.
Actuellement la première puissance occidentale semble être sur le retrait dans cette région, en témoigne sa non intervention massive que j'ai évoqué tout à l'heure. Pour arrêter la croissance de cet Etat Islamique je maintient qu'il faudrait qu'ils réunissent une gigantesque coalition internationale comme au bon vieux temps, avec dépenses faramineuses, dommages collatéraux, impopularité et tout ce qui s'en suit.
Barbetorte a écrit:
Déjà du temps de Saddam Hussein l'armée irakienne avait montré une certaine aptitude à la débandade. Cela n'a pas dû beaucoup s'arranger depuis, ce qui peut expliquer l'abandon des positions qu'elle tenait dans le nord. J'ai cependant entendu parler d'ordres reçus de Bagdad de se replier. Quoi qu'il en soit, il ne s'agissait que des provinces à population sunnite, un environnement hostile pour l'armée composée en grande majorité de soldats chiites. Dans les provinces chiites, ce sera tout autre chose : il ne s'agira pas de se battre pour un gouvernement ou pour une nation sans consistance, il s'agira de défendre sa propre vie et celle de sa famille. Quand on est placé dans l'alternative de vaincre ou de mourir, on se bat avec détermination. C'est pourquoi on peut accorder malgré toutes ses faiblesses un certain crédit à l'armée irakienne.
Lorsque les soldats de Saddam Hussein se sont retirés, il y a eu tout de suite après une guérilla sunnite. Là après le retrait de l'armée irakienne face aux djihadistes il n'y a absolument rien, à part un porte-parole fantasmagorique qui prétend que les ennemis sont déjà en train de fuir devant la reconquête de sa glorieuse armée... C'est encore pire que le porte parole de Saddam Hussein Tarik Aziz...
Et en effet la conquête-éclair s'est faite côté sunnite et c'est pour cela d'ailleurs qu'elle s'est arrêtée aux portes de Bagdad. La suite risque plus de se transformer en guerre civile ou en guerre face à des milices aidés des forces spéciales iraniennes (et non américaines, ces derniers ayant décidé d'envoyer des conseillers et de ne pas intervenir au sol). Donc je ne vois vraiment pas quel crédit on pourrait accorder à l'armée irakienne qui a lâchement abandonné ses positions pour se replier en attendant un éventuel massacre et dont beaucoup de soldats sunnites ont fait "actes de repentance" et ont rejoint les djihadistes.