Il n'y a pas de nation irakienne, donc pas d'Etat-nation, mais un Etat constitué arbitrairement avec trois grandes composantes : chiites, sunnites et kurdes auxquelles il faut ajouter une minorité chrétienne.
Les Kurdes avaient déjà au lendemain de la guerre du Golfe de 1991 acquis une réelle autonomie avec une protection aérienne anglo-américaine. L'avancée de l'EIIL et la débandade de l'armée irakienne a renforcée l'autonomie kurde : les forces kurdes (peshmergas) restent seules sur le territoire et se sont rendues maîtresses notamment de la ville pétrolière de Kirkouk. Les forces de l'EIIL évitent de les affronter :
http://www.slate.fr/story/88817/eiil-kurdes. Le Kurdistan, sans se déclarer indépendant a de facto fait sécession. Cette situation a la faveur de la Turquie.
Les sunnites irakiens semblent jusqu'à présent faire bon accueil aux soldats de l'EIIL. Mais le régime démentiel que ceux-ci vont instaurer va probablement devenir vite insupportable pour les populations.
Les chiites, largement majoritaires ne laisseront pas s'installer l'EIIL sur la partie du territoire où ils sont installés en raison de la terreur, vraisemblablement justifiée, qu'inspire les djihadistes sunnites qui, selon ce que j'ai entendu, auraient des intentions génocidaires à l'égard des chiites. Ils faut savoir que ce sont de véritables enragés désavoués même par Al Qaïda, ce qui n'est pas peu dire.
Il me semble prévisible que le gouvernement de Bagdad parviendra à contenir l'offensive djihadiste puis à reconquérir les territoires sunnites. Les combattant de l'EIL sont en effet assez peu nombreux, de l'ordre de 10 000 et, s'ils reçoivent des soutiens financiers à titre privé, ils doivent affronter l'hostilité de tous les Etats de la région. Le gouvernement irakien peut compter sur l'assistance des Etats-Unis. La situation restera cependant pour longtemps explosive.