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 Sujet du message: Re: Que peut changer l'istauration d'un califat ?
MessagePosté: Mar 26 Mai 2015 21:21 
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Sur l'egalite HF vue par le califat http://madame.lefigaro.fr/societe/letat ... de-terreur


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 Sujet du message: Re: Que peut changer l'istauration d'un califat ?
MessagePosté: Mar 26 Mai 2015 22:42 
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Une bonne analyse
http://www.rtl.fr/actu/international/l- ... 7778428725


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 Sujet du message: Re: Que peut changer l'istauration d'un califat ?
MessagePosté: Mer 27 Mai 2015 06:33 
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marc30 a écrit:

Nous méconnaissons l'histoire de la violence wahhabite qui, par trois fois, s'est déversée sur la péninsule arabique après en avoir été chassée deux fois.

La différence entre Daesh et l'Arabie saoudite, c'est précisément le projet de califat : les Saoudiens n'ont jamais eu la prétention de régir les musulmans non arabes en tant que califat.

Deux autres États au moins sont régis par un fanatisme sunnite, avec beaucoup plus de victimes que l'Arabie saoudite, même s'ils sont imprégnés par son wahhabisme : le Pakistan et le Soudan (arabe).

À l'inverse, des États wahhabites se montrent tolérants : Bahreïn, Qatar et Émirats arabes unis. S'ils expriment une violence d’État antilibérale, c'est au nom des prérogatives des familles régnantes, puis des nationaux, mais pas au nom de l'extrémisme sunnite.


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 Sujet du message: Re: Que peut changer l'istauration d'un califat ?
MessagePosté: Mer 27 Mai 2015 13:27 
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Pour ces autres pays, c'est surtout une question de moyens. Il s'agit de petits Etats très fragiles qui tiennent grâce au paraluie américain (principalement).

L'action d'une pujissance comme le Qatar est donc forcément plus diffuse, mais son rôle n'en a pas moins été considérable dans la destabilisation des autres pays musulmans de la région par les mouvements islamistes. Notamment en Syrie, en Libye, mais aussi en Egypte.

Le Qatar est bel et bien un des vecteurs clés du prosélytisme sunnite, au plan religieux comme au plan politique.


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 Sujet du message: Re: Que peut changer l'istauration d'un califat ?
MessagePosté: Ven 29 Mai 2015 06:14 
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Seul l’impérialisme peut sauver le Moyen-Orient, article de Slate qui me semble en rapport avec le sujet : http://www.slate.fr/story/102135/imperi ... yen-orient


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 Sujet du message: Re: Que peut changer l'istauration d'un califat ?
MessagePosté: Dim 7 Juin 2015 09:56 
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Savinien a écrit:
Seul l’impérialisme peut sauver le Moyen-Orient, article de Slate qui me semble en rapport avec le sujet : http://www.slate.fr/story/102135/imperi ... yen-orient

Citation:
Si l’impérialisme a mauvaise presse de nos jours, pendant la majeure partie de l’histoire humaine, les empires ont constitué le mode de gouvernement par défaut et leur chute a toujours causé de grands dégâts, tant en Chine et en Inde de l’Antiquité au début du XXe siècle qu’en Europe après la Première Guerre mondiale.

Curieux que l'unique coupable soit oublié : l'anarchie. Myopie de journaliste occidental contemporain.
Citation:
L’effondrement auquel nous assistons en ce moment dans le monde arabe, ce chaos dans certaines régions d’Afrique du Nord, dans la péninsule arabique et au Moyen-Orient est une conséquence de la véritable fin de l’impérialisme.

Certes, mais cet impérialisme est dénoncé par la majorité des populations locales.
Citation:
Tout d’abord, le chaos qui règne dans la région prouve qu’elle n’a toujours pas trouvé de solution à la chute de l’Empire ottoman suite à la Première Guerre mondiale. Pendant des centaines d’années, les disputes territoriales dans la Grande Syrie et en Mésopotamie entre sunnites et chiites, Arabes et juifs, musulmans et chrétiens étaient restées relativement rares. Tous étaient soumis au joug d’un dirigeant impérial qui, depuis Istanbul, les protégeait les uns des autres. Ce système s’est effondré en 1918, libérant les démons des querelles nationales, ethniques et sectaires autour du rôle de chacun dans le contrôle des territoires et de la définition des frontières.

Ignorance de l'Histoire. Certes, les Ottomans ont achevé le morcellement politique de l'Orient, mais le passage de Napoléon en Égypte, sans que les Français d'aujourd'hui le sachent, a déclenché les nationalismes locaux. Les Égyptiens finissent par se doter d'une dynastie albanaise pour chasser les Turcs ; seuls les Européens empêchent les pachas d'envahir l'Anatolie et de renverser le sultan. Les Saoud et les Wahhab défient l'Empire dans la péninsule arabe, les Slaves se soulèvent contre lui dans les Balkans, et l'auteur oublie totalement les immenses massacres ethniques anti-chrétiens, à caractère préventifs, en Orient.
Citation:
Ensuite, l’implosion de l’Irak après la chute de Saddam Hussein, celle de la Syrie dans le sillage du Printemps arabe et l’émergence de l’État islamique ont signé la fin des frontières érigées par l’impérialisme européen, britannique et français au Levant.

Ce qui se passe depuis 1801 est similaire à ce qui se produit en Europe et, après 1960, en Afrique : des communautés tribales, ethniques et nationales dénoncent et redéfinissent des frontières qui avaient été supprimées ou inventées par des tutelles seigneuriales ou coloniales. Elles prônent ce que l'Europe occidentale s'est offert en 1918, la souveraineté des peuples et le "chacun chez soi", une simplification et une clarification des dominations communautaires généalogiques locales.
Citation:
Enfin, l’approche manifestement non-interventionniste du président américain Barack Obama vis-à-vis de ces événements est un signe de la fin du rôle de grande puissance organisatrice et stabilisatrice de l’Amérique dans la région.

Démontre-t-elle l'utilité des interventions américaines et l'imbécillité d'une critique anti-américaine, qui stipule que les Américains sont à la fois coupables d'être intervenus en Irak et de ne pas être intervenus en Syrie ? La réalité est que les communautés d'Orient (y compris Israël) qui dominent démographiquement leurs territoires souhaitent entériner, y compris par un "jugement de Dieu" (la guerre et l'épuration ethnique) là-bas légitime, leur assise territoriale, aux dépens de minorités locales et de communautés partout minoritaires. Qu'on y ajoute des Américains ou non n'y change rien, tant que ces derniers s'interdisent les plus cruelles répressions (j'ai bien écrit les plus cruelles, pas des mises au pas temporaires comme en Irak).

Quand les Perses, les Romains, les califes arabes, les Turcs et les Européens calmaient les rivalités locales, ils y parvenaient, par la plus grande violence qui consiste à astreindre les insoumis à disparaître. Seules des entraves morales empêchent aujourd'hui les Occidentaux d'y mettre un terme, et un impérialisme occidental ou américain ne pourra en cela interdire aucun massacre. L'Irak, c'est quand même des centaines de milliers de GI qui ne parviennent pas à interdire aux Irakiens de s'entretuer, et leur problème est identique depuis le Vietnam. Israël rencontre le même problème en Palestine et les autres puissances locales sont inaptes et impuissantes sur le plan géostratégique, même si l'Iran montre une belle résolution cohérente.

Il n'y aura pas d'impérialisme efficace en Orient qui ne balaie les objections moralisatrices des Occidentaux d'aujourd'hui, qu'il s'agisse de tyrans domestiques (Syrie, pétromonarchies, Gaza, Égypte, FLN) ou étrangers (néo-ottomanisme d'Erdogan).
Citation:
Hélas, ce que l’on a appelé le Printemps arabe n’a pas été synonyme d’avènement de la liberté mais d’effondrement de l’autorité centrale, ce qui ne prouve en rien que ces États, artificiels ou pas, soient prêts à affronter les rigueurs de la démocratie.

La démocratie passe bien après la souveraineté des peuples, si l'on souhaite leur bien-être. Historiquement, elle n'est qu'une conséquence de l'importance économique et sociale (j'y inclus le militaire) des habitants. D'ailleurs, la démocratie consistera peut-être, comme en Iran ou à Gaza, à liquider les opposants politiques. Comme souvent chez les francophones, l'auteur confond la démocratie avec le libéralisme et ses Droits de l'Homme.
Citation:
On distingue deux types d’États affectés par les bouleversements actuels. D’abord il y a les implantations de civilisation remontant à des temps très reculés. Ces endroits sont des États sous une forme ou une autre depuis l’Antiquité, ce qui leur a permis de développer des formes d’identités laïques solides qui s’élèvent au-dessus de l’ethnicité et des sectes religieuses. Le Maroc, la Tunisie et l’Égypte sont les pays les plus flagrants dans cette catégorie.

Bien vu.
Citation:
Lorsqu’on se penche sur une carte des sites romains le long de la côte nord-africaine, on constate qu’elle regorge de colonies dans ces pays, alors qu’elles sont relativement absentes en Algérie et en Libye, les vastes territoires qui les jouxtent.

C'est n'importe quoi. J'apprécie le "relativement absentes". À l'aune des vestiges archéologiques, la Libye, la Palestine, la Syrie et l'Irak seraient des havres de paix.

À la rigueur, de la même manière que Zemmour évoquait une nostalgie de l'Empire romain chez quelques populations Européennes (France, Italie, Empires allemands, bulgares, grecs, russes...), il se peut qu'une nostalgie impériale romaine tienne aussi quelques populations orientales (je pense aux empires arabes et turcs, aux Barbaresques qui se rangent si rapidement sous les bannières turques et desquels certains descendants arborent si innocemment le croissant turc sur leurs drapeaux actuels).
Citation:
En d’autres termes, le Maroc, la Tunisie et l’Égypte sont historiquement définissables. Quelque tumulte et autres changements de régimes qu’ils aient connus pendant le Printemps arabe, leur identité en tant qu’État n’a jamais été remise en cause.

Ignorance des revendications du Sahara occidental, Rif (autonomie élargie... en 2011) et Sinaï (combats et attentats).
Citation:
Le deuxième groupe d’États du Moyen-Orient est encore plus instable. Ceux-ci apparaissent sous la forme d’expressions géographiques floues et ce sont des lieux aux identités bien moins définies –de fait, beaucoup d’entre elles ont été inventées de toutes pièces par les impérialistes européens. La Libye, la Syrie et l’Irak figurent en tête de cette catégorie.

L'argument ne tient pas.

1. Difficile de trouver des territoires aussi bien définis dans l'Histoire que la Syrie et la Mésopotamie (Irak), dont les frontières fluctuent autant que celles de l'Allemagne, de la France ou de la Perse... C'est juste qu'ils regroupent plusieurs lieux de pouvoirs antagonistes et souvent impériaux.

2. L'auteur oublie d'autres territoires politiquement très instables, les improbables États algérien, mauritanien, soudanais et yéménite. Il oublie encore d'autres États improbables, la Jordanie, l'Arabie saoudite, l'Oman, les E.A.U., le Qatar et le Koweït, dont les légitimités n'ont pas été remises en cause en 2011.
Citation:
Seuls des régimes d’un totalitarisme étouffant pouvaient contrôler ces pays artificiels formés à partir d’expressions géographiques floues. Lorsqu’ils se sont écroulés, ils ont laissé derrière eux un vide terrible. En effet, toutes les formes intermédiaires d’organisation sociale et politique situées entre le régime au sommet et la tribu et la famille étendue à la base avaient été éviscérées depuis longtemps par ces mêmes régimes. Le totalitarisme était la seule réponse possible à la disparition de l’impérialisme occidental dans ces États artificiels, et l’effondrement du totalitarisme est aujourd’hui la cause profonde du chaos qui règne au Moyen-Orient.

Les tyrannies impériales et domestiques fonctionnent ; je ne comprends pas en quoi l'auteur les distingue, qui semble presque regretter les deux.
Citation:
Par-dessus cet effondrement d’expressions géographiques vagues et de l’affaiblissement, moins extrême, d’anciens groupements de civilisations se dessine l’émergence de puissances régionales autochtones comme l’Iran, la Turquie et l’Arabie saoudite.

* Comme l'auteur le rappellera plus bas, l'Iran n'est pas une nouveauté.

* L'Arabie saoudite est une vraie nouveauté.

Soit dit en passant, on qualifia l'Irak de "Prusse du Moyen Orient" ; et si le nouvel État qui pourrissait militairement et spirituellement l'Orient par intermittence depuis deux siècle était précisément le royaume saoudien ? Des premiers États teutoniques au IIIe Reich, un bellicisme prussien a ensanglanté l'Europe. Certes, on pourrait avancer le même argument pour la France...

* La Turquie est nouvelle sur trois points :
1. en tant qu’État majoritairement peuplé de Turcs, alors que les États turcs précédents étaient des seigneuries turques dominant des indigènes non turcs ;
2. pour ce résultat, les Turcs ont éradiqué les Grecs et les Arméniens d'Anatolie ;
3. la manière dont les Jeunes Turcs ont éradiqué les non Turcs de l’État turc pour, délibérément, interdire leur présence au sein de cet État, interdit durablement à leurs adversaires politiques impérialistes turcs (comme Erdogan) de prétendre régenter d'autres ethnies, qui se souviennent toutes des exactions pantouranistes (nationalistes turcs) à leur encontre ; ainsi, quand Erdogan a tenté d'embrigader les premiers opposants syriens pour tenter de dominer la Syrie, ces derniers l'ont gentiment mais résolument éconduit ("On reste entre Arabes - ou entre Syriens - et on n'est pas près d'inviter les Turcs dans notre guerre civile.") ; pourtant, ça faisait neuf ou dix siècles que les Turcs imposaient leur souveraineté aux Orientaux.
Citation:
Cependant, la petite assemblée des mollahs radicaux qui dirigent le gouvernement de Téhéran représente un sous-État comparable à des groupes djihadistes comme l’État islamique, le Hezbollah, al-Qaida et l’ancienne armée du Mahdi.

C'est une confusion sur le langage spirituel et politique. Les mollahs perpétuent les revendications impériales des Persans ; des tribus sunnites (Sinaï, Gaza, Syrie, Irak, Yémen...) auréolent leurs guerres d'indépendance de prétentions wahhabisantes ; AQ et l'EI sont un ramassis d'asociaux pervers et internationalistes qui essaiment de révoltes tribales en révoltes tribales, invités ou tolérés par des autochtones avant de s'en faire chasser une fois devenus inutiles (Irak en 2003, 2006, Sahara et Mali).
Citation:
Alors que l’Iran est le cœur du pouvoir chiite dans un Moyen-Orient à domination fraîchement sectaire, l’Arabie saoudite en est le centre sunnite.

La rivalité des Saoud avec l’Égypte, la Perse et les capitales traditionnelles de l'Orient constitue une vraie nouveauté géopolitique.

Classiquement, les Saoud ne tiennent pas. La protection américaine leur confère beaucoup de puissance, mais elle est ébranlée par les djihadistes (ces gens ne savent rien autant détruire que ce qu'ils prétendent défendre le plus) et par l'attitude antipathique des nouveaux dirigeants saoudiens.

Le monde peut d'autant plus se passer de quelques années de production de leur pétrole qu'ils ne dominent pas démographiquement leurs propres puits... En fait, le monde peut se passer des Saoud, Riyad serait un coin pourri et ultra-réactionnaire confiné au centre de la péninsule, les "lieux saints" sous leur domination désargentée ou non, et les puits de pétrole confiés aux tribus chiites et sunnites qui vivent dessus.

Seule la protection américaine me paraît capable de prolonger la survie du royaume (empire) saoudien. Comme elle faiblit désormais, par réalisme et utilitarisme, et surtout en réaction aux agressions sunnites anti-américaines, je vois l'Iran dominer l'Orient chiite à moyen terme, sur les prochaines décennies, avec des communautés sunnites morcelées, en proie à l'anarchie et aux superstitions, et par la grâce nécessaire de Dieu s'Il existe. De toute manière, à la fin, il faudra bien que les tribus sunnites se rendent à la révolution libérale, faute de quoi elles ressembleront (elles ressemblent déjà) aux arriérés du Meilleur des mondes. Alors, sans patriarcat, l'islam, vivante émanation du patriarcat bédouin, ne sera plus qu'un folklore pour les nostalgiques de la puissance mecquoise passée.
Citation:
L’Arabie saoudite, contrairement à l’Iran, est la création artificielle d’une seule famille élargie. Le pays dirigé par la famille Saoud n’est pas, d’un point de vue territorial, adapté à la péninsule arabique à la manière de l’Iran qui épouse le plateau iranien.

L'empire saoudien est le jardin des Saoud.
Citation:
Quoi qu’il en soit, la dynastie saoudienne a fait son chemin de manière impressionnante au fil des décennies, à travers d’immenses transformations sociales sur le territoire national et une situation sécuritaire houleuse à l’étranger. Et les récents remaniements de personnalités haut placées par le nouveau roi, Salmane, notamment le remplacement du prince héritier et celui du ministre des Affaires étrangères, indiquent la détermination absolue de cette dynastie de réajuster ses politiques afin de ne pas laisser l’Iran dominer la région.

Les Saoud n'ont aucun avenir à long terme. Avec ou sans répression, les tribus péninsulaires reprendront leur indépendance (et leurs hydrocarbures). Le libéralisme des Occidentaux les incitera à accompagner ces indépendances. Seul l'amitié américaine les en préservait, mais Ben Laden, avec ses prétentions ultra-sunnites, a lancé un redoutable poignard anti-sunnite en attaquant les USA dès 1991. Ce sont toujours les fanatiques qui perdent les causes, comme à Jérusalem.
Citation:
S’ils veulent contenir l’Iran après un tel marché, les États-Unis devront non seulement soutenir l’Arabie saoudite mais également l’Égypte et la Turquie.

De ces trois régimes sunnites, seul l'égyptien est réaliste et fiable.
Citation:
Si la Turquie du président Recep Tayyip Erdogan n’est pas généralement considérée comme un pays pro-américain, une Turquie forte par elle-même contribue aussi à équilibrer la puissance iranienne.

Turquie puissante = Turquie militariste, nationaliste et kémaliste ; Erdogan l'a châtrée.

La Turquie kémaliste aurait envahi la Syrie comme elle envahit récemment Chypre (1974) ou l'Irak (2003) ; l'armée châtrée d'Erdogan n'en a même pas eu l'initiative, et les opérations militaires des Kurdes de Turquie en Syrie et en Irak n'ont jamais été aussi amples, ce qui finira par renforcer le parti kurde de Turquie.

Erdogan est la punition des Turcs : il les prive de la puissance intrinsèque au kémalisme sans être en mesure de restaurer l'Empire ottoman qu'il leur promet. "Fallait pas l'inviter."
Citation:
La lutte pour la domination de la région que se livrent ces puissances géographiquement et historiquement chanceuses définira le nouveau visage de l’ordre post-impérial.

Avec les données actuelles (Turquie châtrée à son insu, Saoud se fâchant avec leur dragon protecteur américain), c'est l'Iran et les chiites qui se définissent un périmètre de souveraineté important en Orient.

Tout s'infléchira sur Israël : si l’Égypte conserve son amitié, les deux puissances entretiennent la protection occidentale et peuvent dynamiser le sunnisme dans la région ; si l'Iran gagne l'amitié des Israéliens, elle gagne également les gouvernements égyptiens et occidentaux ; alors, les sunnites soi-disant arabes devront trouver un nouvel étendard de fierté, qui ne soit ni religieux, ni panarabe ; je miserais sur des revendications séparatistes tribales ; nos asociaux mal assimilés d'Occident chercheraient d'autres sujets de pleurnicheries que le fanatisme sunnite ou la Palestine, ce dernier sujet devenant de plus en plus désuet - en tant, justement, que revendication séparatiste tribale, manquant de grandeur comme de grandiloquence.
Citation:
Le maintien de dictatures arabes fortes dans la région servait les intérêts américains, car celles-ci permettaient d’avoir un interlocuteur unique auquel s’adresser dans chaque pays en cas de crise régionale.

Il se peut également que les derniers dictateurs et les djihadistes aient éliminé les patriarches, notamment les chefs de tribus qui permettent de les tenir en paix et sauves de l'anarchie. C'est ce que font les talibans en Afghanistan et au Pakistan.
Citation:
L’État islamique sunnite va combattre les milices chiites iraniennes, tout comme l’Irak sunnite de Saddam Hussein combattait l’Iran chiite de l’ayatollah Rouhollah Khomeini pendant la guerre Iran-Irak de 1980-1988.

Mais sans l'arsenal d'Hussein et sans la déliquescence de la révolution iranienne.

*

Impossible réalisme sunnite, qui exige de flatter l'américain et de s'appuyer sur Israël.


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 Sujet du message: Re: Que peut changer l'istauration d'un califat ?
MessagePosté: Jeu 6 Aoû 2015 15:32 
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Analyse originale : le califat serait l'alibi des djihadistes pour exterminer les autres musulmans, assimilés aux mécréants.
Citation:
Le califat reste une idée furieusement arabe. […] Lorsque le califat est aboli, en 1924, les musulmans du monde y trouvent peu à redire. Même Al-Qaeda n’en fait pas une priorité. « Déjà, la désignation d’un calife à la mort du Prophète n’avait été en 632 qu’une réponse pragmatique au vertige de cette disparition. Le calife n’a jamais que l’autorité que les musulmans lui reconnaissent », explique Jean-Pierre Filiu, historien des doctrines islamistes. En se revendiquant d’un califat, l’État islamique fait référence à un islam conquérant, comme l’avaient été les deux premiers califats. « Il s’agit pour cette secte terroriste de rejeter dans les affres de l’“impiété” un milliard et demi de musulmans, et de justifier ainsi la violence aveugle exercée prioritairement contre eux », poursuit-il.

2015, Le Point 2229, 51


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 Sujet du message: Re: Que peut changer l'istauration d'un califat ?
MessagePosté: Mar 18 Aoû 2015 06:25 
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Le califat semble typiquement être une consécration, l'aboutissement d'un changement déjà survenue. Ce qui distingue en premier lieu l'état islamique des autres mouvances extrémistes, c'est avant tout son indépendance financière. Là où Al-Qaïda avait été maintenu sous perfusion saoudienne, l'état islamique se saisit des richesses des territoires qu'il contrôle. Cette autonomie est le principal succès de l'organisation. Mais je crois qu'il signe aussi son âge d'or, et que sa croissance est arrivée à son terme.

Pour atteindre cette autonomie, il lui aura fallu déployer d'important moyen militaire que d'autres organisations aurait pu mobiliser. Mais l’état islamique s'est lancé dans d'autres conquêtes. On constate une évidente maîtrise des marchés économiques, notamment avec le pétrole. Lorsque les journalistes de BFM s'étonnaient de voir les barils de l'état islamique vendu en Turquie, je m'étonnais de voir les agents économique faire baisser le prix du baril à 50 dollars (et c'est pas qu'un détail). Cette chute ne signifiait-elle pas que les acteurs du marché pourraient s’accommoder des barils à 30 dollars, fussent-il vendu par les plus "barbares" des commerçants ?
Mais aujourd'hui la géopolitique du pétrole c'est aussi ça. Et cette crainte apporte une preuve de premier plan quant à la qualité de la stratégie financière de l’état islamique. Sans compter qu'elle ne se limite pas qu'à la vente du pétrole, mais qu'au contraire, l'organisation s'est diversifiée et s'étend sur des marchés aussi divers que stable. Et ce si bien que sur ce seul terrain du financement, comparer l’état islamique à Al-Qaïda (je ne vise personne) revient à comparer Warren Buffet au premier chômeur du mois de Juillet, c'est pas franchement les mêmes revenus.

D'autant que le succès de ses ventes dépend en grande partie de sa logistique, de ses infrastructures en tout genre et des moyens humain qualifié pour assurer leurs exécutions. L’état islamique a donc su se doter d'un impressionnant arsenal de savoir-faire. Faire fonctionner une raffinerie, dépouiller une banque où exporter des céréales c'est pas à la portée du premier venu.

D'un autre côté, je me dis que pour agrandir son territoire, il faudrait à l'organisation une capacité à le contrôler qui nécessite des moyens trop coûteux, surtout sur le plan humain. En cela, j'aurais tendance à voir le califat comme :

-Une opération marketing visant à gagner plus de part de marché auprès d'une clientèle infidèle aux Mc Donalds.
-La suite logique d'une vaste entreprise pour établir une autorité politique via le versant religieux.
-Le chant du signe, témoignant une faiblesse de crédibilité religieuse auprès des musulmans qui pourraient se retourner contre eux.

Quoiqu'il en soit, le monopole du terrorisme est largement détenu par l’état islamique, relayant le label Al-Qaïda au rang des sous marques. L'impact de cette proclamation est quasi nul : peu de musulmans vont se dire que les décapitations n'étaient finalement pas si horribles, mais qu'elles étaient en fait la volonté du prophète. Pour ça, ma première hypothèse me semble largement "à coté de la plaque". La deuxième semble ne rien dire du tout. La dernière reste à mon avis la plus sérieuse. Un califat, on peut choisir de ne pas le suivre si il fait tache, mais dans le doute religieux, c'est moins évident de s'y opposer. Le califat permet donc d'éliminer des ennemis potentiels avant même de les combattre, chose que n'ont pas su faire les talibans en Afghanistan.


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 Sujet du message: Re: Que peut changer l'istauration d'un califat ?
MessagePosté: Ven 21 Aoû 2015 21:23 
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liop a écrit:
Quoiqu'il en soit, le monopole du terrorisme est largement détenu par l’état islamique, relayant le label Al-Qaïda au rang des sous marques. L'impact de cette proclamation est quasi nul : peu de musulmans vont se dire que les décapitations n'étaient finalement pas si horribles, mais qu'elles étaient en fait la volonté du prophète. Pour ça, ma première hypothèse me semble largement "à coté de la plaque".

Pas pour longtemps. On sous estime et on comprend très mal la signification du mot "martyr" pour un musulman.
Combien sont aptes à refuser le paradis ? Combien sont aptes à condamner ceux qui veulent aller au paradis ?
Combien de fatwas ont été émises pour condamner ceux qui cherchent le martyr ?

D’autres foyers sont en gestation. Que pensez-vous de l’apologie du martyr par les plus hautes instances politiques de la Turquie.
On prépare les peuples à mourir en martyrs, c’est la glorification du sang versé pour un Dieu.
La clé se trouve dans le mot "martyr". On ne tue pas, on cherche le paradis, ce n'est pas du terrorisme, c'est la recherche du paradis. On lutte difficilement contre la "recherche du paradis" et Dieu.


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 Sujet du message: Re: Que peut changer l'istauration d'un califat ?
MessagePosté: Sam 22 Aoû 2015 18:54 
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Citation:
On sous estime et on comprend très mal la signification du mot "martyr" pour un musulman.

Je suis tout à fait d'accord avec ça.
Ce qui me conduit à être tout à fait en désaccord avec ça :
Citation:
La clé se trouve dans le mot "martyr". On ne tue pas, on cherche le paradis, ce n'est pas du terrorisme, c'est la recherche du paradis.


S'il faut faire preuve d'ouverture d'esprit au sujet de la notion de martyr, comme vous l'indiquez, il ne faut alors surtout pas se limiter aux accréditations que lui en font les mouvances terroristes.
On peut même élargir nos conceptions concernant la notion du jihad. Pour un nombre non négligeable de musulmans, je le pense, la quête du jihad et la voie du martyr sont à la fois essentiel vis à vis de la morale divine mais aussi une garantie contre toutes les formes de crimes et injustices. Pour beaucoup d'entre eux, l’accès aux paradis devient par définition incompatible avec la seule volonté d'heurté qui que ce soit.
Au contraire, je ne pense pas que cette notion de martyr soit un facteur d'une telle importance, bien trop relatif au sens qu'on lui donne, et relatif notamment à la présence d'infrastructure dans les sociétés. Par l'absence de ces infrastructures, l'interprétation de ces notions peut s'étendre en effet jusqu'au meurtre, mais en rien elle ne constitue des œillères qui entraveraient le discernement. D'autres justifications viendraient prendre la place de la religion si celle-ci était absente.
Ceci dit, ce n'est que mon avis, basé sur une expérience d'exercices anthropologiques hautement réfutables. En cela, je conçois parfaitement qu'on puisse prendre une posture idéologique inverse.

Citation:
On lutte difficilement contre la "recherche du paradis" et Dieu.


J'ai récemment vu le film "Michael Kohlhaas", réalisé par Arnaud des Pallières, qui me fait penser exactement l'inverse. Mais là encore, ce n'est qu'une opinion largement guidée par l’expérience personnelle.


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