Kurnos a écrit:
@Barbetorte :Tout à fait d’accord
Pour quelles raisons, sinon idéologiques et religieuses, ces notions seraient spécifiques à un supposé occident.
Pour des raisons historiques. Je ne pense pas que la démocratie ou le libéralisme soient des concepts amérindiens.
Kurnos a écrit:
Tous les humains où qu’ils soient sont parfaitement capables de penser sans l’assistance permanente d’un hypothétique Dieu. A terme même la terreur la plus extrême ne peut avoir raison sur l’intelligence de l’homme.
Vous êtes en train de prêcher votre athéisme si je ne m'abuse ? : D
Kurnos a écrit:
Il est parfaitement inutile de détruire tous les vestiges pré islamiques pour nier la présence de la pensée humaine qui précédait.
Qui cherche à nier les pensées humaines anciennes ? Soyez explicite dans vos propos.
Kurnos a écrit:
Je pense que c’est très précisément l’inverse, il a fait les preuves du contraire, tout s’est fait par la soumission et la contrainte. L’autre devait se soumettre ou disparaître, telle était la règle.
Il n’y a toujours eu de pluralité que de soumise, sans soumission à l'irrationnel point de salut.
Si ce que vous dites est vrai, dans ce cas comment expliquez-vous la présence de communautés religieuses non musulmanes au coeur du monde musulman, datant de l'époque pré-islamique, jusqu'à nos jours ?
Kurnos a écrit:
Autrement dit :
Les crimes et mises en esclavage de nos jours seraient une conséquence d’une purification rendue indispensable par l’influence maléfique de l’occident.
Cette purification accomplie nous pourrions oublier les crimes et entrer paisiblement dans une phase de paix dénommée nouvel age d’or avec des collaborateurs soumis pour subvenir aux besoins des nouveaux maîtres.
Effectivement après avoir exterminé la moindre opposition de penser et d’agir, le consensus serait total pour les survivants.
C'est une façon d'envisager la paix et la pluralité, que le meilleur gagne !
Je pense que ce vous décrivez de manière assez grossière est à peu près le propre de toutes les civilisations à vocation universaliste telle que l'Occident ou l'Islam. Remplacez simplement le terme "occident" par "islam" dans votre première phrase et vous verrez que cela correspond au schéma mental de l'Occident à l'époque coloniale, tandis que votre deuxième phrase correspond au schéma mental de l'Occident actuellement (en remplaçant le terme "nouvel age d'or" par "nouvel ordre mondial").
Kurnos a écrit:
Dites moi quelle est la production intellectuelle et scientifique du monde du califat* et nous pourrons débattre de son espérance de vie.
* Hors dhimmis et esclaves collaborateurs soumis[/i]
C'est méconnaître effectivement l'histoire de l'Islam. Je vous invite à lire des livres d'histoire sur l'âge d'or de l'Islam à l'ombre des califats Omeyyades ou Abbasside et de revenir en reparler par la suite.
Kurnos a écrit:
Pouvez-vous me citer ces minorités et attester qu’elles ont fait usage uniquement de la force physique et qu’elles n’ont pas été épaulées par des théoriciens, des cerveaux.
Je ne connais pas trop l’histoire, je ne demande qu’à apprendre, j’ai quand même des idées sur la question.
Bien que néophyte en histoire, il me semble que c’est une approche puérile et simpliste de cour de récréation ?
La force physique d’une minorité n’est pas une condition suffisante pour assurer une pérennité, sans l’intellect l’homme est au niveau de l’animal.
La force intellectuelle et spirituelle est une des conditions indispensable pour permettre d’obtenir une suprématie pérenne millénaire.
En d’autres terme il faudrait mesurer la production intellectuelle et le nombre de têtes tranchées, le nombre de viols, des deux mondes :
- le monde du califat et ceux qui lui font allégeance.
- les autres, musulmans ou pas.
En comparant scientifiquement, et non de façon irrationnelle, vous connaîtrez ceux qui auront la maîtrise de l’univers dans le futur.
L’usage exclusif de la force physique est révélateur d’impuissance et de déclin.
Les pseudo savants qui font un éternel plagiat moyenâgeux ont peu de chance d’évoluer.
Il faut inventer et évoluer.
Ce qui compte ce n’est pas de trancher des têtes, c’est d’apprendre à se servir de sa tête.
Je n'ai jamais dit que les minorité agissantes agissaient sans intellect. Bien au contraire il faut être d'une grande intelligence pour mettre au point des tactiques de prises de pouvoir et d'autant plus pour garder ce pouvoir de manière prolongé.
Voici un extrait du livre de l'historien spécialiste d'Ibn Khaldun Gabriel Martinez Gros intitulé "Brève histoire des Empires". Je le cite car c'est exactement ma vision des choses concernant les fameuses minorités qui font l'histoire, particulièrement dans le monde musulman actuellement :
Il est probable en effet que l'islamisme ne sera pas le fascisme du 21ème siècle - simplement parce que le fascisme, dans son souci de rassembler les
majorités ou les totalités nationales, est une idéologie de masse d'un temps démocratique probablement révolu.
En revanche, L’islamisme pèse par le ferment idéologique qu’il apporte aux soulèvements des
minorités jihadistes. Depuis trente ans, d’innombrables insurrections inspirées par ce qu’Ibn Khaldûn aurait nommé la
da’wa(la « cause » ou l’ « appel » à la guerre sainte) de l’Islam sunnite ont balayé le monde musulman – en Algérie, en Libye, en Egypte, en Arabie, au Yémen, en Syrie, en Irak, en Afghanistan, au Pakistan, en Somalie, au Mali ou au Nigéria. La plupart ont en apparence échoué.
En fait, elles ont profondément ébranlé, voire ruiné l’unité des Etats que les régimes issus des indépendances ou de la fin de la présence européenne s’étaient efforcés de construire (1). Presque partout, de vieilles poches de dissidence, dont on croyait qu’elles appartenaient à un passé aboli, se sont reconstituées ; et de nouvelles « tribus », déjà en acte ou encore en gestation, solidaires et armées, émergent dans les banlieues incontrôlées de métropoles profondément sédentarisées, dont la population retrouve la crainte des milices barbares qui taraudait les cités de l’Islam impérial dans les siècles passés.
Le monde islamique n'est pas le seul à nourrir des craintes de ce type : ne considérons que l'exemple, aujourd'hui plus spéctaculaire et beaucoup plus meurtrier, des régions incontrôlées et des organisations criminelles de l'Amérique Latine. Si mal que soit répartie la richesse sur le continent, la pauvreté y a indiscutablement reculé ; le revenu par tête au Brésil, en Argentine, au Mexique se rapproche de ceux de l'Europe du Sud et du Centre, dépasse ceux de la Bulgarie ou de la Roumanie.
Mais dans le même temps, la criminalité y a pris une ampleur prodigieuse, les taux de meurtres rapportés à la population y sont de cinq à quinze fois plus élevés qu'aux Etats-Unis, douze à quarante fois plus qu'en Europe. Il existe visiblement deux continents latino-américains, l'un que l'Etat sédentarise toujours mieux, l'autre dont il n'a jamais réussi à gagner le contrôle. A mesure que s'étendait la paix sédantaire, elle refoulait à à ses marges ses dissidents, qui ont trouvé dans le trafic de drogue - comme les contrebandiers et sauniers qui donnèrent naissance au soulèvement victorieux des Ming - , plus rarement dans la guérilla révolutionnaire, l'outil d'une structuration et d'une hiérarchisation tribale solide.
Il n'en reste pas moins vrai que l’Islam compte parmi les terreaux les plus fertiles de la nouvelle tribalisation du monde, du nouveau partage des territoires et des ressources entre les immenses majorités désarmées, scolarisées, pacifiées et fiscalisées qui obéissent aux Etats et les petites minorités « tribales » qui pillent les territoires sédentaires avant d’en prendre le contrôle (2). Ainsi, paradoxalement, l’islamisme contribue-t-il à restaurer dans le monde les conditions de l’empire.
Face à tous ceux qui contestent l’ordre mondial depuis les réduits bédouins – des trafiquants de drogue jusqu’au jihadistes -, sommes-nous armés ? Presque tous les dirigeants du monde, et les plus importants, en Chine ou aux Etats-Unis, communient dans le refus de la guerre et tiennent le combat, s’il est encore nécessaire, pour un aboutissement des raffinements sédentaires : il conviendra d’y mettre toujours plus d’électronique et d’informatique, voire de sciences sociales, au service des soldats toujours mieux formés, plus onéreux et moins nombreux par conséquent. Jihadistes, trafiquants et « bandes » leur opposent la valeur du sang versé, du sacrifice, de la fidélité aveugle au groupe et au message, de la virilité.
Ces deux ordres de valeurs, la science et le courage, l’intelligence et la détermination à défendre l’essentiel, par la force si nécessaire, tout ce que la morale démocratique du siècle dernier unissait sous la figure consacrée du citoyen, est aujourd’hui largement dissociée, sans même que nous acceptions de nous l’avouer. Et en cela, le monde d’Ibn Khaldûn est déjà en nous.
(1)
Citons pêle-mêle les « zones tribales » du Pakistan, les vallées afghanes, les militants jihadistes Touaregs du nord Mali, Boko Haram dans le nord-est du Nigéria, les islamistes, mais aussi les pirates somalis, peut-être les milices du nord de la Côte d’Ivoire à Abidjan…(2)
C’est évidemment le cas, sous nos yeux, dans tout le Croissant fertile (Irak, Syrie, Liban, voire Turquie), mais aussi en Libye, au Yémen, en Somalie, au Mali avec al-Qaïda au Maghreb, demain probablement au Nigéria avec Boko Haram, en Afghanistan, peut-être au Pakistan sous la poussée des Taliban.