Il faut considérer les frontières et États du Tiers-Monde comme celles résultant des fiefs seigneuriaux en Europe. Ces jardins personnels ne respectent pas les désirs des populations qui y habitent de se séparer les unes des autres, si possible aux détriments des autres.
La Syrie n'a échappé aux cataclysmes que sous les jougs d'empires divers (califats, sultanats turcs...). Livrée à elle-même, elle reprend ses antiques ses antiques luttes inter-tribales, avec des matériaux modernes. Elle suit l'évolution de l'Europe occidentale et simplifie sa carte politique en restreignant chaque individu hors des zones où sa soi-disant généalogie (tribu, ethnie, nation, que sais-je) ne domine pas démographiquement.
J'ajoute que la situation, comparée à celle de l'Europe entre les XVIIe et XXe siècles, considérant en plus les densités de populations et les moyens technologiques, est relativement calme et tranquille, pas moins tendue que sous le père Assad avec ses répressions internes, sa guerre du Liban et autres déstabilisations régionales (Septembre noir, guerres israélo-arabes)... Les interventions étrangères exciteront les massacres comme durant les révolutions françaises ou russes.
Comme en Algérie entre 1990 et 2004, il faut que les extrémistes antagonistes trouvent leur épuisement et une paix imposée par l'équilibre de leurs puissances, une sorte de "jugement de Dieu" pragmatique. Autrement, ces guerres aboutissent à la situation israélo-palestinienne, où le camp dominant, faute d'assumer les conséquences de sa force, subit des rébellions incessantes de vaincus se considérant comme insoumis.
Le monde ne fonctionne pas autrement et ce n'est que parce que l'Occident a mis chaque nation occidentale chez elle et hors d'ailleurs qu'il peut se permettre de croire que ces paix entre soi-disant généalogies concurrentes sont simples...
Rappelez-vous de ce qui est advenu aux coalisés s'interposant entre les Arabes sunnites et chiites d'Irak. C'est un avertissement pour la Syrie et tout le reste de l'Orient. Il faut que les Orientaux vident leurs ignobles querelles sans l'Occident, qu'ils aillent au bout de leurs simplifications ethniques comme l'Occident est allé au bout des siennes, avec les Français "chez eux", les Hollandais "chez eux", les Belges "chez eux", comme ils le prétendent.
Les gens qui revendiquent d'imposer la paix en Orient n'en connaissent pas le prix : la mort et la haine de l'Occident s'il s'incruste mollement comme aujourd'hui, du sang sur ses mains s'il calme les belligérants comme avant 1962.
Vous parliez d'Erdogan et des pétromonarques. Le premier caresse une vieille nostalgie colonialiste, les autres d'accroître leurs fiefs. Ils connaîtront les mêmes destins que leurs homologues occidentaux, des bibelots pour les plus prudents, la disparition pour les plus aventuriers. À la fin, il y aura des guerres et des frontières inter-tribales, comme depuis toujours, et la condamnation de tous les étrangers qui s'en mêleront, car toutes les révolutions sont nationalistes.
Vous pourrez reprendre avec moi : "Vive le Kurdistan libre, vive la Syrie sunnite libre, vive la Syrie non sunnite libre !" Etc.
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