Marocain a écrit:
démocratie et laicité sont antinomique a court terme en Turquie.
donc la Turquie est sur la voie de la démocratie donc de moins en moins laic.
Vous semblez supposer que, une majorité du peuple turc approuvant le pouvoir d'Erdogan (qui fait la part de plus en plus belle à l'influence religieuse), la Turquie abandonne démocratiquement la laïcité.
Qu'il y ait un retour en force de l'emprise religieuse sur la société turque, cela me semble incontestable (difficile toutefois de savoir si ce retour est la cause ou la conséquence de la longue présence au pouvoir d'un parti se réclamant de l'islamisme).
Que cette transition se fasse démocratiquement, ou parce que la Turquie est sur la voie de la démocratie, je ne suis absolument pas d'accord.
D'abord l'histoire est pleine d'exemples de pouvoirs autocratiques validés par des élections "bien" organisées. Par exemple en France personne ne prétend que le Second Empire a été un régime démocratique, alors que les décisions de Napoléon III ont été approuvées 3 fois par les électeurs (notamment celle consistant à proclamer l'Empire). Sans même truquer les élections, il est possible de parvenir à ce résultat par un judicieux dosage de contrôle de la presse, de lois électorales bien choisies, de propagande et manipulation de l'opinion, d'intimidation des opposants (et plus si affinités), etc... Un cocktail bien connu et peaufiné par de nombreux régimes au XXème siècle, déjà présent avec Erdogan et qui va maintenant s'intensifier.
- La démocratie ne se résume pas à la dictature de la majorité. C'est un tout petit peu plus compliqué que ça. Il y a notamment un principe de séparation des pouvoirs et de liberté de la presse : un régime qui arrête des juges par milliers et des journalistes par dizaines n'est pas démocratique, et n'est certainement pas sur la voie de la démocratie.
- Il y a aussi un principe de respect des minorités. Par exemple, en France, on pourrait peut-être imaginer trouver un jour une majorité d'électeurs pour interdire la pratique de la religion musulmane. Pourtant, ce ne serait pas démocratique de le faire. En Turquie, je pense que le respect des minorités n'est pas au top ces derniers temps et ne va pas aller en s'arrangeant, par exemple pour les Kurdes, ou simplement les gens (minoritaires) qui ne seraient pas d'accord avec les orientations du régime. Il est vrai que le cas des minorités religieuses non musulmanes a déjà été réglé avec une redoutable efficacité entre 1915 et 1923.
Marocain a écrit:
reste a savoir si les institutions laiques résisteront à cette poussée populaire.
C'est ce qu'on va voir, en effet, sauf que ce n'est pas la poussée populaire qui va agir sur les institutions, mais le pouvoir autocratique d'Erdogan, avec ensuite une approbation "populaire" bien organisée par plébiscite.