Moujik Looping a écrit:
Daech recrute, n'hésitez pas à leur proposer vos services....
Plus sérieusement c'est atterrant de lire cela sous la plume d'un modérateur....
Quand on écrit "On ne peut pas" ou "peut-on", je réponds avec mes connaissances historiques si l'on peut ou pas, si ça s'est réalisé ou pas. "On" étant l'homme, l'être humain, un humain ou des humains.
Narduccio a écrit:
Brûler les corps, ne les expose qu'à être encore plus martyrs.
Je pensais seulement à une dissuasion utilisant des superstitions exigeant de mourir avec un corps le plus intègre possible.
Narduccio a écrit:
Une partie de la solution serait effectivement que l'Islam tranche lui-même la branche pourrie.
C'est avant tout une guerre civile entre individus aspirant au libéralisme et individus réactionnaires. J'ai déjà écrit ici que les révolutions sont avant tout nationalistes ; il est donc très délicat d'intervenir sans consensus "communautaire" dans une révolution, surtout quand elle s'assortit d'un conflit civil.
Narduccio a écrit:
Pour le reste, dans le rapport parlementaire américain suite aux évènements de septembre 2001, il y avait tout un chapitre sur la vision de l'Occident, et plus singulièrement les USA qu'avaient les extrémistes musulmans. La réponse proposée était qu'il fallait se désolidariser des régimes autoritaires soutenus par les USA, qu'il fallait séduire la jeunesse en lui montrant la voie vers la démocratie et vers une ouverture économique libérale. Rien de tout cela n'a été fait et l'on se rend compte combien la décision du gouvernement Bush d'envahir l'Irak à la recherche d'armes de destructions massives qu'on savait ne pas exister a été lourde de conséquence.
Ça paraît censé et aurait épargné des vies américaines en Irak. Il faut que les Orientaux aillent au bout de cette folie qu'est l'extrémisme musulman pour y renoncer.
Caesar Scipio a écrit:
A quoi bon éliminer l’ennemi si c’est pour devenir nous-mêmes le miroir de l’ennemi.
La Seconde Guerre mondiale n'a pas transformé l'Occident en nazis ou en communistes. La réciprocité n'implique d'imitation qu'envers chaque partenaire. Or je trouve que la réciprocité fonde la légitimité.
Caesar Scipio a écrit:
Mais je pense qu’il faut aussi combattre l’ennemi en restant autant que possible fidèle à ce que nous sommes, tout ce que nous sommes.
Les antilibéraux ne sont pas réciproques, c'est leur différence essentielle avec les libéraux. Le pacifisme ne vaut qu'entre pacifiques.
De plus, c'est facile à écrire en Occident, bien moins facile entre Alep et Peshawar, où les populations n'ont pas la masse pour essuyer les massacres des djihadistes.
Caesar Scipio a écrit:
Ces méthodes, c’est un ensemble gradué de moyens qui sert le même objectif sans renier nos valeurs. Isoler l’ennemi, le couper de ses sources de financement, frapper à la tête.
La tête se nomme Arabie saoudite et Pakistan, deux pays intouchables.
Caesar Scipio a écrit:
Le problème, c’est clairement le sunnisme fondamentaliste. Il faut défaire, dans le sens de mettre à bas, l’internationale sunniste fondamentaliste/salafiste.
Ils se déferont tous seuls, et d'autant plus vite que les étrangers laisseront les Orientaux s'entretuer, parce que leurs générations futures en seront écœurées, comme les Europe occidentale et centrale après les deux guerres mondiales.
Je pense que le laissez-faire dans les pays arabes est la meilleure option, comme en Algérie en 1990-2004, sauf à la demande de communautés orientales, unies, sur les territoires qu'elles dominent démographiquement, comme au Mali.
Caesar Scipio a écrit:
Cela implique, comme le dessinait Zbigniew Brzezinski, de faire en sorte que les zones pétrolières d’Arabie saoudite, peuplées de chiites, se séparent du royaume saoudien qui est le cœur du mal salafiste.
Tout à fait. Il faut abandonner les Saoud et, s'ils renâclent sur le pétrole de leurs chiites, les refouler sur Riyad. Il faudrait laisser les sunnites à leur sort là où ils dominent démographiquement et aider les communautés orientales non sunnites à s'en protéger, là où les sunnites sont démographiquement minoritaires.
C'est ainsi que ça se conclura, avec ou sans Occidentaux.
La seule exception est le Pakistan, tant qu'il possède des armes nucléaires, pour éviter que l'Orient ne soit vitrifié par les extrémistes ou en représailles (indiennes, israéliennes, chinoises, voire russes ou occidentales).
Caesar Scipio a écrit:
L’Islam est totalisant comme aucune autre idéologie ne l’a été.
Il faudrait démontrer en quoi il l'est et quoi tout ce qu'il touche devient totalitaire... C'est une sorte de spiritualité nationaliste mecquoise puis bédouine qui a tiré profit de quelques avantages libéraux sur les communautés voisines, qui l'ont adopté à fin d'indépendance et de prestige comme d'autres pays ont adopté l'Empire romain.
Caesar Scipio a écrit:
L’Islam est à la fois une religion transcendante, une législation, un code de vie individuelle et collective, ainsi qu’un projet politique, culturel et moral. L’Islam est une identité, et il n’est pas dissoluble sauf à l’aposthasier.
L'islam sera abjuré en masse quand le libéralisme s'emparera des pays arabo-musulmans. Ce sont les assauts libéraux qui acculent les ultra-réactionnaires à la violence. À la fin, et comme ailleurs, la violence réactionnaire accélérera l’écœurement des musulmans instruits, de plus en plus nombreux.
Caesar Scipio a écrit:
Dans l’Islam, c’est le prophète/réformateur religieux qui se fait chef politique. Et lui et ses successeurs fondent un Etat dont le projet principal est l’expansion de la foi nouvelle.
Pourtant, la légitimité politique des chefs religieux musulmans reste exceptionnellement médiocre et n'existe que dans les milieux réactionnaires.
Caesar Scipio a écrit:
Et le problème est particulièrement aïgu dans ce qu’on appelle aujourd’hui le monde arabe où le rapport entre Islam et identité n’est pas le même que dans les autres ères culturelles du monde dit « musulman. »
C'est parce que l'islam est la signature culturelle des arabes dans le monde, c'est pourquoi beaucoup de musulmans non bédouins se prennent pour des Arabes.
Caesar Scipio a écrit:
L’Iran est un vieux pays de grande civilisation. Son identité est persane et préexistait à l’Islam, même si elle a été profondément modifiée par l’Islam.
Et l'Iran changera d'islam ou de spiritualité chaque fois qu'elle se démarquera des Arabes. C'est comme les anglicans et les protestants vis-à-vis des héritiers de l'Empire romain d'Occident, comme le catholicisme et l'orthodoxie pour montrer qu'on n'est pas, respectivement, Grec ou Latin. Les Perses sont devenus chiites pour marquer leur différence quand les Turcs se sont emparés du sunnisme et des Arabes. Tous les non sunnites d'Orient sont des communautés résistant à l'acculturation turco-arabo-sunnite. Et comme l'extrémisme chiite des ayatollahs ressemblent encore trop à de l'arabisation, de plus en plus d'Iraniens donnent des prénoms païens perses à leurs enfants.
Les frontières sont des cicatrices qui ne s'effacent jamais ; les idéologiques, spirituelles comme politiques, sont les draperies de souveraineté ou de vassalité communautaires. L'islam disparaîtra avant les Bédouins et les Perses, avant les Berbères et les Indiens.
Caesar Scipio a écrit:
Le problème particulier du monde arabe, c’est qu’il n’y avait pas de conscience collective de l’arabisme avant l’Islam.
Il paraît que les non Bédouins ne se sentent arabes que depuis le XIXe siècle.
Caesar Scipio a écrit:
C’est l’Islam qui fonde la conscience arabe et qui lui donne son unité.
Comme l'Empire romain et le catholicisme fondent la conscience latine, comme l'Empire romain d'Orient et l'orthodoxie chrétienne fondent la conscience grecque.
Caesar Scipio a écrit:
Et en même temps, c’est la conquête arabo-musulmane des 7ème/8ème siècles qui va organiser une diaspora et des mélanges de populations qui vont complètement destructurer les sociétés musulmanes.
Je ne sais pas si l'on peut parler de sociétés musulmanes majoritaires si tôt hors des terres arabes (péninsule et Mésopotamie). Par contre, ça marche pour les siècles suivants et je parlerais plutôt de structuration ou de restructuration de communautés dans les pays envahis par les musulmans.
Caesar Scipio a écrit:
C’est, à mon avis, ce processus particulier-là qui fait que toutes les autres d’identité que l’Islam, dans ces pays arabo-musulmans, sont fragiles et que seul l’Islam est le seul facteur évident et incontestable de l’identité, quand bien même il y a en effet de fortes différences culturelles de l’un à l’autre de ces pays arabo-musulmans.
Je partage cet avis, c'est flagrant dans les Indes, les fondateurs du Pakistan reconnaissant qu'ils n'avaient de raison d'être qu'en tant que musulmans, bien que fragmentés en de nombreuses nations linguistiques (les descendants d'Arabes, les Turco-Afghans, les anciens hindous, surtout intouchables, etc.). Sans islam, le Pakistan n'est qu'un mélange d'Indiens et de descendants d'envahisseurs sans liens entre eux, pas même familiaux ou politiques.
Caesar Scipio a écrit:
Ajoutez-y le fait qu’ils ont commencé par connaître l’empire et la splendeur, suivi de siècles de dépossession du pouvoir et de siècles d’un inexorable déclin par rapport à ce référent originel.
Ils ne retrouveront la splendeur qu'avec le libéralisme moderne, c'est-à-dire en marginalisant l'islam, car ce dernier n'est économiquement, socialement et intellectuellement plus compétitif.
C'est ce que les démocraties libérales ont fait en gommant leurs folklores économiquement nuisibles : la dot, la féodalité dynastique endogame franco-germanique, le conservatisme chrétien...
Caesar Scipio a écrit:
Le noyau de Daech, qui lui apporte ses compétences et sa structuration, ce sont des irakiens sunnites, souvent anciens cadres de l’armée de Saddam Hussein.
Noyau ou associés temporaires ? Si rapidement déloyaux à leurs prétendus idéaux socialistes, quelle fidélité attendre d'eux ?
Caesar Scipio a écrit:
C’est aussi une partie des tribus sunnites d’Irak qui sont les perdantes de la chute du régime baasiste d’Irak. Et depuis l’éclatement de la guerre civilo-religieuse en Syrie, ce sont aussi des sunnites syriens.
Je pense qu'elles en reviendront rapidement pour trois raisons possibles : 1) la tyrannie de Daech ; 2) l'opportunisme politique de ces tribus pour tirer leur épingle du jeu, comme quand les sunnites irakiens ont trahi Al-Qaeda pour la paix et des pétrodollars, en 2007-2008 ; 3) la destruction de ces tribus par Daech, comme les talibans détruisent les tribus pachtounes en assassinant méthodiquement les patriarches ; Daech a déjà démontré, par des massacres, aux indigènes syriens arabes sunnites qu'il entendait leur imposer sa suzeraineté.
Le djihadisme sunnite échoue partout et perd toutes les causes auxquelles il s'associe.
Caesar Scipio a écrit:
Le calife autoproclamé de Daech est un irakien sunnite.
Ce sont les autres tribus sunnites qui doivent faire une fête...
Caesar Scipio a écrit:
La parade est toute trouvée : « ce ne sont pas des vrais musulmans » comme on disait « ils ont trahi le vrai communisme ». C’est le fameux « Pas d’amalgame. Pas de stigmatisation. » de nos politiciens qui refusent de reconnaître que le djihadisme n’est rien d’autre que le Fondamentalisme musulman recourant à l’action violente pour réaliser le même projet.
Ça marche en Occident, là où on ne les connaît pas. Sur place, on se souvient durablement, comme pour les totalitarismes européens du XXe siècle. Allez dire que ça n'était pas du communisme à un Balte ou un Roumain, pour eux, tout communiste est un collabo des Russes, comme les nazis sont les collabos des envahisseurs allemands en France. C'est viscéral.
Caesar Scipio a écrit:
On ne renonce pas aisément à son identité.
Oui. Les soi-disant Arabes s'accrocheront au sunnisme pour terroriser des communautés non sunnites qui défient culturellement leur suzeraineté. C'est comme les Espagnols catholiques aux Pays-Bas ou les Capétiens francophones en France.
Il n'y a que trois issues : soit la communauté minoritaire survit, et le libéralisme finira par chasser les occupants étrangers ; soit les occupants liquident la communauté minoritaire ; soit la communauté dominée s'assimile aux occupant et devient, qui romaine, qui arabe, qui espagnole, qui française, etc.