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 Sujet du message: La fin du nationalisme arabe ?
MessagePosté: Sam 30 Mai 2015 15:15 
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On s'interroge beaucoup sur les suites du Printemps Arabe, sur les conflits armés ou non qui en découlent, sur l'instauration de califats sur les ruines de certains gouvernements qui sont tombés ou qui ont été malmenés suite à ce printemps arabe. Mais peu de monde semble s'être aperçu qu'en fait, ce qui a disparu, c'est le nationalisme arabe.

Le Point : La "nation arabe" n’existe plus !

Citation:
Les cohortes de Daesh ont porté un coup fatal au rêve arabe, déjà mal en point. De Ramadi (Irak) à Palmyre (Syrie) les séides de l’État islamique ont effacé les frontières héritées du démantèlement de l’empire ottoman. Ils ont fait exploser deux États qui se voulaient modernes, enracinant leur légitimité dans les pages les plus glorieuses de l’histoire arabe : l’empire omeyyade (VIIe-VIIIe siècle) et l’empire abbasside (VIIIe-XIIIe siècle). Damas et Bagdad ne sont plus que des réduits assiégés, défendues par des milices. Les armées nationales sont en lambeaux.

Le mythe de la "nation arabe" a vécu. Il est touché au cœur. Les nationalismes ont été balayés par le déferlement de l’islam politique. Place au "califat" !

Il n’est pas certain que le "califat" de Daesh, malgré ses spectaculaires succès actuels, dure bien longtemps. Mais, ce qui va indéniablement subsister, c’est le morcellement de la région, la fragmentation de la souveraineté et une instabilité permanente, sinon un chaos. Dans cette tectonique des plaques géopolitique, les Kurdes parviennent, pour l’instant, à tirer leur épingle du jeu au détriment du seul Irak.

Le jeu turc et iranien

Toute la zone est, en fait, devenue un gigantesque terrain de manœuvre. Deux géants musulmans non arabes poussent leurs pions : la Turquie, qui marche dans les pas de l’empire ottoman et l’Iran dans ceux de l’empire perse. La fragile Arabie saoudite est, elle, arcboutée sur son statut de défenseur des deux principaux lieux saints de l’islam (la Mecque et Médine). Mais en dépit de son monceau de pétrodollars, elle peine à surenchérir dans cette périlleuse partie de poker. L’Arabie hésite, zigzague, tire des bords entre les écueils, car elle redoute autant l’Iran que Daesh.

Dans ce Machrek en pièce (le Maghreb est ailleurs), la seule grande puissance arabe qui, in fine, subsiste est l’Égypte du général Abdel Fattah al-Sissi. Celui-ci n’est ni un poète ni un défenseur forcené des droits de l’homme. Il ne lésine pas sur les moyens pour neutraliser le danger islamiste comme vient de le démontrer la condamnation à mort de l’ancien président Mohamed Morsi. L’Occident, malgré quelques protestations moralisatrices de pure forme sur l’horrible répression qui s’abat sur les Frères musulmans, détourne pudiquement le regard, considérant, comme Goethe jadis, qu’il vaut mieux, à tout prendre, une injustice qu’un désordre.

Prudence occidentale

Face à cette sanglante pétaudière, Américains et Européens avancent à pas comptés. Les premiers, instruits par l’Irak et l’Afghanistan, redoutent comme la peste de s’engluer dans ces inextricables conflits. Washington n’est, en outre, pas persuadé que les intérêts vitaux de l’Amérique soient réellement menacés par Daesh. Dans cette équation à plusieurs inconnues un facteur crucial : Barack Obama souhaite véritablement aboutir à un accord avec l’Iran sur le nucléaire.

Les Européens de leur côté sont tributaires des Américains et, en dehors de la France, peu enclins à aller se mêler des affaires de plus en plus compliquées d’un Orient qui s’apparente à un champ de mines.

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 Sujet du message: Re: La fin du nationalisme arabe ?
MessagePosté: Sam 30 Mai 2015 18:14 
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Je me demande au fond si le nationalisme arabe ne serait pas un mythe. Sous Nasser, il y'eut une sorte de nationalisme arabe défendant une certaine vision du monde arabe via le panarabisme. Mais si on prend des exemples comme la guerre du Golf contre l'Irak; il y'eut des pays arabes qui participèrent à cette guerre contre l'Irak. (Egypte, Syrie, Arabie-Saoudite, Maroc notamment)

A la mort de Nasser, le nationalisme arabe a quasiment disparu mais s'est maintenu seulement en apparence dans les cas de l'Irak ou de la Syrie.

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 Sujet du message: Re: La fin du nationalisme arabe ?
MessagePosté: Sam 30 Mai 2015 18:20 
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Effectivement, il se pourrait que ce soit une sorte de mythe. Mais, un mythe qui vient seulement de s'écrouler.

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 Sujet du message: Re: La fin du nationalisme arabe ?
MessagePosté: Sam 30 Mai 2015 20:34 
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Il y'a d'autres exemples concrets qui démontrent que le nationalisme arabe n'a pas vraiment de sens:

En plus de la guerre du Golfe, il y'a l'a l'agression de la coalition menée par l'Arabie-Saoudite contre le Yémen.

Les tensions entre l'Algérie et le Maroc au sujet du Sahara Occidental.

Le soutien de la Syrie contre l'Irak envers l'Iran pendant la guerre Iran/Irak.

En somme le nationalisme arabe reste sujet à caution.

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 Sujet du message: Re: La fin du nationalisme arabe ?
MessagePosté: Dim 31 Mai 2015 16:21 
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Bonsoir, j'avais oublié un autre exemple important remettant en cause le nationalisme arabe:

l'opération militaire "Septembre noir" du 12 septembre 1970 contre les Palestiniens à l'initiative du roi Hussein de Jordanie en Jordanie qui fit des milliers de morts palestiniens, malgré le soutien en outre de la Syrie au début de l'opération, la Syrie abandonna des combattants palestiniens à leur sort face aux militaires jordaniens.

Je reste par conséquent perplexe sur le nationalisme arabe.

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 Sujet du message: Re: La fin du nationalisme arabe ?
MessagePosté: Dim 7 Juin 2015 08:03 
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Je crois que dans le même numéro du Point, il était dit dans une entrevue que le nationalisme arabe se créa au XIXe siècle, recouvrant des réalités géographiques plus prépondérantes : les Syriens, les Égyptiens, les Mésopotamiens, les Arabes (nommés Bédouins) de la péninsule, les Yéménites, etc.

Personnellement, j'admets une arabisation de ces régions, jusqu'au Maroc, comme les provinces romaines se sont romanisées.

Je pense que dans le monde dit arabe, tout est clanique, d'abord, ethnique, ensuite. Ce qui importe, c'est le lignage patrilinéaire, les ethnies maternelles ne comptent pas. Ce sont avec des "racismes" claniques, sur l'air du "plus arabe que moi tu meurs", que l'Andalousie s'est déchirée, et ce sont des rivalités généalogiques similaires qui divisent l'Orient. En Algérie, il serait intéressant de montrer si des lignages soi-disant arabes d'Alger dominent et asservissent les lignages berbères ; en Libye, les deux ethnies berbère et arabe se disputent l'ouest et l'est ; en Égypte, il se pourrait que les plus sunnites les plus fanatiques soient également plus proches des Bédouins du Sinaï et des Palestiniens, tandis que les autres Égyptiens les écartent régulièrement du pouvoir : l'étude des ralliements politico-généalogiques y serait intéressante ; en Syrie, les plus sunnites se réclament de l'arabisme et il me semble avoir lu que les non sunnites seraient des vestiges de familles rattachées aux lignages syriaques autrefois soumis aux envahisseurs arabes ; peut-être est-ce la même chose en Mésopotamie.

Par-delà une nation arabe, qui se serait étalée par lignages patrilinéaires en colonies seigneuriales en Orient, on pourrait aussi lever une imposture religieuse, où une prétendue égalité religieuse entre musulmans serait le cache-nez d'une tendance des lignages patrilinéaires soi-disant arabes à mépriser ceux qui ne le sont pas et à les reléguer en larbins, alors que j'ai l'impression que les ethnies conquises avaient initialement joué le jeu de l'assimilation par l'islam égalitariste. Cette imposture est évidente quand on étudie l'Histoire andalouse et semble aboutir logiquement à l'abandon de l'islam par la péninsule ibérique (j'entends que la population ibérique d'Andalousie a fini par abandonner les seigneurs arabes et berbères au profit de leurs voisins catholiques).


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 Sujet du message: Re: La fin du nationalisme arabe ?
MessagePosté: Dim 17 Jan 2016 15:19 
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Le projet de nouvelle constitution algérienne ouvre un débat sur la double nationalité

http://www.jeuneafrique.com/293550/poli ... nationaux/


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 Sujet du message: Re: La fin du nationalisme arabe ?
MessagePosté: Mar 19 Jan 2016 03:09 
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marc30 a écrit:
Le projet de nouvelle constitution algérienne ouvre un débat sur la double nationalité

http://www.jeuneafrique.com/293550/poli ... nationaux/


Citation:
Pour la députée franco-algérienne, cet article va à l’encontre du principe d’égalité de tous les citoyens algériens et doit, de ce fait, être retiré.

« Je trouve très étrange cette coïncidence entre les discours d’exclusion des binationaux en France et en Algérie. Les deux pays veulent jeter leur société commune aux oubliettes. Terroriste potentielle pour l’un, traître pour l’autre. Nationalité à dégrader pour l’un et nationalité à dénaturer pour l’autre », se désole-elle.

Fondamentalement, quelle est utilité pour les États d'avoir des citoyens binationaux ?
(Mais, il me semble que cette question dépasse le cadre du nationalisme arabe)


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