Caesar Scipio a écrit:
La théorie de la relativité s'applique aussi à nos points de vue.
Plus ou moins nuisible de quel point de vue ? Et à quelle échéance ?
D'un point de vue utilitariste (faire moins de morts, aller vers une fragmentation tribale de la carte politique de l'Orient pour une paix pérenne, garder l'Occident loin de ces guerres), ce qui ce passe est presque optimal et je ne vois comment l'Occident pourrait mieux faire.
Caesar Scipio a écrit:
De notre point de vue, un dictateur qui règne par la crainte et dont l'énergie est d'abord tendue vers la préservation de son pouvoir contre son peuple est beaucoup moins dangereux à long terme qu'un ou des chefs charismatiques suscitant l'enthousiasme d'une partie de son/leur peuple pour des projets impérialistes et de confrontation idéologique.
Assad et les djihadistes répondent aux deux définitions que vous donnez des antagonistes. La souveraineté des peuples est un droit primordial pour la paix, conserver la Syrie en l’état, c'est pérenniser la guerre, soit qu'elle reste une colonie alaouite, soit qu'elle devienne une colonie arabe sunnite. Elle doit se fragmenter, notamment aux dépens des Arabes sunnites.
Si l'Occident s'en mêle, il apporte de l'irréalité à l'un ou l'autre camp, sauf quand il frappe les partis qui l'attaquent.
D'ailleurs, ce que l'internationale djihadiste sunnite reproche initialement à l'Occident, c'est de n'être pas intervenu contre ses ennemis en Syrie. C'est du chantage, auquel il ne faut jamais céder. Les djihadistes ont pourri une situation au départ favorable aux Arabes sunnites. Ces derniers ont commis la faute politique de ne pas avoir effectué un politicide anti-djihadiste, perdant ainsi les faveurs occidentales et sauvant ainsi Assad. Personne ne leur a tenu ni la main, ni les neurones, et si c'était quand même le cas (je pense aux manœuvres du régime syrien depuis 2006 en Irak puis en Syrie), les Arabes sunnites ne devraient s'en prendre qu'à eux-mêmes, de se faire refouler dans leur désert aride, coincés entre les montagnes du Levant et les plaines mésopotamiennes. L' "Arabo-Sunniland" ne pourra plus s'étendre en Orient ; les chiites ont pris quelques longueurs d'avance en matière politique et ne devraient plus revenir dessus ; les Kurdes ont encore du souci pour ôter le protectorat occidental sur la Turquie - ça fait quand même deux siècles que l'Europe se démène pour sauver un État turc en Asie mineure et il faudra bien qu'il le laisse tomber aussi.
Caesar Scipio a écrit:
Et sauf erreur de ma part, Saddam Hussein a été dans une certaine mesure été incité à entrer en guerre contre l'Iran khomeinyste par ses alors alliés des pétromonarchies sunnites et leur parrain américain.
Et par vous-même, sauf erreur de votre part.
Sinon, Hussein a demandé à l'URSS la permission d'envahir l'Iran dévastée par sa révolution islamique en 1979. L'URSS a refusé pour ménager l'Iran, un nouvel acteur anti-américain. Hussein est passé outre par mégalomanie personnelle et défiance envers la nouvelle politique internationale soviétique consistant à éliminer des alliés pour les remplacer par des alliés encore plus sûrs (Éthiopie, Afghanistan...). Les deux pays se sont fâchés en 1980. L'URSS a pendant un an soutenu et armé les Iraniens, avant de s'en éloigner avec effroi devant la nouvelle idéologie islamiste.
L'Irak a dragué avec succès les Occidentaux, ravis que retrouver un allié perdu avec la chute du roi en 1959. Leurs bonnes relations, prudentes, ont également duré un an, de 1980 à 1981, avant qu'Hussein, déçu par les armements reçus (défensifs...), ne retourne sous le giron soviétique, l'URSS se détournant définitivement de l'Iran. Après 1981, seuls quelques pays occidentaux (France, Italie...) poursuivent les ventes d'armes (défensives) aux Irakiens, qui reçoivent un abondant armement soviétique offensif.
Dans le bloc occidental, l'Arabie saoudite a freiné l'aide "au frère arabe et sunnite", parce que faux-frère menaçant, anti-religieux (avant un hypocrite et opportun retour de foi en septembre 1990...) et pseudo-socialiste. Israël a vendu des armements légers aux deux camps pour nourrir la guerre.
Dans le bloc soviétique, la Syrie n'a pas aidé son "frère socialiste, baasiste et arabe" car trop rival et trop tribu sunnite, et a préféré vendre des armes (soviétiques) aux Iraniens.