marc30 a écrit:
On voit en particulier que
- russes et turcs sortent de leur affrontement pluriseculaire
Envahisseurs de l'Orient, les Turcs y ont imposé diverses souverainetés avant d'en finir chassés partout. Sur les siècles, les Turcs s'effondrent tandis que les Russes savent arbitrer des conflits concernant les chrétiens orthodoxes. Les deux cultures s'opposent drastiquement et subconsciemment autour d'un projet de restauration de l'Empire romain d'Orient basé autour de Constantinople. Du côté turc, le pantouranisme a condamné toute possibilité que leurs peuples voisins acceptent encore la suzeraineté turque ; Erdogan a de son côté rongé les quelques bénéfices du pantouranisme (État-nation, modernité relative) ; avec ou sans Erdogan, le dernier État turque ne doit depuis deux siècles sa survie qu'aux interventions occidentales (contre l’Égypte ou la Russie/URSS) ; or la Turquie suit la catastrophique politique anti-occidentale qui effondre les dernières prérogatives des Turco-Arabes sunnites dans le monde. Du côté russe, après avoir anéanti sur leurs marges les menaces turco-mongoles, l'autodestruction géopolitique turque renforce la possibilité d'un retour des orthodoxes à Constantinople ; les Grecs n'y arriveront pas seuls mais tout ce que les Turcs comptent comme ennemis orthodoxes historiques (Grecs, Bulgares, Arméniens et Russes) y contribueront. Rendez-vous dans quelques siècles.
marc30 a écrit:
- ils travaillent à pacifier la syrie au profit du clan Assad
Erdogan : il se fâche avec les Israéliens puis il leur court après ; il prend Assad à la gorge et trahit les Arabes syriens sunnites ; quoiqu'il fasse, ces derniers ne le lui pardonneront jamais. C'est l'homme des reniements qui a permis une nouvelle étape du long affaissement turc. Sa malveillance se tourne contre ce qu'il aime et son existence constituerait presque une expérience de morale transcendante.
marc30 a écrit:
- ils marginalisent les usa
Je crois qu'Obama et Trump s'en chargent tous seuls et délibérément. Si les USA avaient voulu livrer la Syrie aux Arabes sunnites syriens, c'était réglé.
marc30 a écrit:
Bref au-delà de la question syrienne il y a peut -être l'amorce d'un rééquilibrage complet du Proche Orient avec la naissance d'un groupe turcs-russes- Syrie qui pourrait très bien s'élargir à l'Iran et à l'Irak.
Ce rapprochement n'est qu'une entreprise de manipulation réciproque. Seuls les Russes y gagnent puisque Erdogan se rallie à leurs actions.
marc30 a écrit:
Ce groupe serait alors une menace terrible pour les pétro monarchies.
Non : la pire menace des pétromonarchies est l'intégrisme sunnite, suivie par leur archaïsme politique (féodalités).
marc30 a écrit:
on voit mal comment Trump pourrait laisser faire
Parce qu'il s'en fiche.
marc30 a écrit:
je me demande ce qu'en pense Israel : ne se sent il pas menacé ?
Non, il peut vitrifier ce qui reste des Turcs avec une très faible partie de son arsenal nucléaire, et anéantir le monde arabe avec moins de bombes encore (une quinzaine).
marc30 a écrit:
et quant aux moyens de la stratégie on voit que le soft power s'efface derrière les armes. début d'une nouvelle guerre froide ?
Non, l'Orient vit, comme l'Europe depuis des siècles, ses guerres nationalistes et de décolonisation, notamment à l'encontre des sunnites turco-arabes, même si la situation est inversée en Syrie. De la Reconquista à la 3e guerre du Golfe, les colonies sunnites turco-arabes refluent partout dans l'Ancien Monde et malgré le rayonnement ottoman et moghol : Balkans, confins russes, Indes, Perse, Sahel, éclatement de l'Empire ottoman, Zanzibar, Sud Soudan...
Leur déclin est corrélé au renversement des avantages comparatifs qu'ils avaient sur les autres cultures.
L'impression d'embrasement est provoquée par l'effacement des impérialismes ottoman puis occidentaux, qui poliçaient les affrontements de l'Orient. L'Empire ottoman n'existera plus jamais après ce que les Jeunes Turcs ont commis contre ses peuples, et les Occidentaux s'en désengagent, laissant les Orientaux s'entretuer pour régler leurs comptes. La bonne nouvelle est que si les conflits orientaux sont pires sans les Occidentaux, ils tuent moins, proportionnellement aux populations ou en valeurs absolues, que les hécatombes qui ont eu lieu en Europe pour régler les mêmes questions géopolitiques.
Quand les populations orientales accepteront de se séparer sur des territoires bien délimités, comme en Europe occidentale, les conflits cesseront d'eux-mêmes.