Geopolis a écrit:
pierma a écrit:
Les Algériens ont gardé en mémoire l'épouvantable décennie de guerre civile, et on sait, à Alger comme dans les villages, jusqu'où les "fous de Dieu" du GIA sont allés.
Certes, mais deux Algériens sur trois sont nés ensuite ; or c'est la jeunesse qui œuvre en cas de guerres et de violences.
C'est vrai et j'y ai pensé en l'écrivant. Vous avez raison aussi sur le fait que dans une situation révolutionnaire - ou simplement de vacance du pouvoir - c'est toujours le plus déterminé qui l'emporte.
Mais regardons l'échelle du temps : ceux qui avaient 10 ans en 90, et qui ont tout suivi, ont aujourd'hui 39 ans. Cela fait pas mal de gens qui sont en mesure de prévenir les plus jeunes du risque djihadiste, ou simplement islamiste.
D'autant qu'il faut voir de quels souvenirs on parle. Je me souviens d'un reportage dans un village où un Algérien disait d'une voisine redescendue du maquis :"celle-là, elle a égorgé ma soeur et son fils de 3 ans" ! De tels souvenirs ne s'oublient pas.
(La jeune femme avait bénéficié des multiples amnisties destinées à faire redescendre les combattants du maquis, dont il se disait à Alger que le FLN, complètement dépassé, avait infiltré tant d'agents dans les maquis qu'il était incapable de faire le tri entre ceux restés fidèles et ceux qui s'étaient converti au djihad !)
Non, je crois qu'il y a une mémoire des peuples, et qu'un nouveau FIS, même "vêtu de probité candide et de lin blanc", ne passerait pas avec le même enthousiasme qu'il y a trente ans.
Cette question me rappelle un reportage de Libé à Cuba au moment où Raoul Castro a pris la place de son frère. Un Cubain âgé, discrètement interrogé, accueillait cette phase nouvelle avec ces fortes paroles : (Excusez-moi pour le vocabulaire, mais il marque sa détermination) "Que le Seigneur nous encule avant la rémission de nos péchés si je dois me taper le communisme une seconde fois !"
Edit : à propos de l'écrasement des Frères Musulmans, régulièrement élus, par l'armée, qui a donc mis au pouvoir le maréchal Al Sissi, il faut savoir que ce coup d'état contre Mohammed Morsi a fait l'objet de vives critiques américaines, Obama dénonçant une atteinte à la démocratie.
Là où ça devient amusant, c'est que l'armée égyptienne a alors considéré que la fourniture d'armes par les USA pouvait éventuellement subir un embargo, ce qui s'est traduit pour la France par la commande de 24 avions Rafale.
parfois la stupidité américaine a du bon...