LTN503 a écrit:
A noter que, en cohérence avec le fil sur "the Western Way of War", le Hamas refuse le combat direct, même dans les secteurs très urbanisés, se livrant uniquement à des escarmouches et se mélangeant à la population civile pour être moins vulnérable. Il est probable que lorsque les Israéliens quitteront la bande de Gaza, son potentiel militaire aura à peine été entamé... Mais la conséquence en est aussi que les civils sont aux premières loges et dégustent (je passe sur les pratiques de certains dignitaires du mouvement de rester en permanence accompagnés de leurs femmes et enfants, afin de dissuader une frappe aérienne - ce qui ne dérange pas ou plus Israël...).
Je pensais justement à ce fil de discussion au sujet de la sourde oreille d'Israël. Leur mode de guerre s'orientalise, c'est-à-dire qu'ils perdent les égards qu'ils avaient peu ou prou pour les civils (comparé aux armées arabes). Le point faible israélien reste la réprobation occidentale et interne.
Skipp a écrit:
Personnelement, je pense que les actions de tsahal à Gaza ne fera rien d'autres que de pousser encore plus le peuple palestinien au désespoir... et d'attirer encore plus de désespérés à se radicaliser et à rejoindre les terroristes palestiniens... Bref, tsaha joue le jeu du hamas... et c'est encore les populations palestiniennes et israéliennes qui vont trinquer...
Surtout palestiniennes.
Les Palestiniens sont totalement impliqués dans l'effort de guerre national. Peut-on réduire ce peuple à une soumission durable ou à une renonciation ? Les propagandistes crypto-wahhabites relaient l'idée que chaque "bonté" israélienne est le symptôme d'une crainte et que chaque guerres depuis 1948 ne sont que des batailles à reconduire. L'idée est qu'
Israël gagnera toutes les guerres, sauf la dernière. Alors autant remettre ça dès que possible, la victoire palestinienne, arabe ou musulmane, selon les auditoires, finira bien par advenir.
Quelques témoignages, à valider, semblent attester de crimes de guerre de la part de Tsahal. Ca ressemblerait aux répressions coloniales françaises : une centaine d' "indigènes" abattus pour chaque "citoyen" tué. Est-un seuil suffisant pour écraser les Palestiniens et tout espoir de proche revanche ? Israël est-elle prête à anéantir son peuple ennemi pour avoir une paix qui demeurerait relative, compte tenu des puissances voisines ?
Et les Palestiniens finiront-ils par accepter qu'ils sont démunis, vaincus ? Qu'ils doivent refonder leurs valeurs, secouer les chefs de clan restés à demeure pour changer d'aptitudes ? Leur très gros problème est que la seule
révolution qui pourrait leur permettre de vaincre les Israéliens consiste précisément à adopter les valeurs de leurs ennemis... Ce qui constitue précisément la défaite qu'ils repoussent ! La seule victoire possible des Palestiniens consiste à perdre leur "âme" et leur culture. Bref, à perdre, ou ne plus être palestiniens pour pouvoir gagner.
LTN503 a écrit:
Mmmmh, les pertes civiles, dont une lutte contre-insurrectionnelle - si l'on en croit la théorie titiste de la guerre révolutionnaire en tout cas, mais il n'y a pas eu de contre-exemples flagrants à ma connaissance - sont effectivement contre-productives puisqu'elles "recrutent" pour l'adversaire et ont tendance à radicaliser le conflit alors que le but pour une puissance militaire est de "calmer le jeu" une fois la phase militaire remportée (on rejoint la logique hansonienne du modèle occidental de la guerre).
Les contre-exemples sont assez nombreux et consistent précisément à éliminer une part sensible de ladite population. Au siècle dernier encore, l'URSS, la Chine impériale ou communiste, les Khmères rouges ont mené de telle conflits avec succès.
On peut aussi penser aux répressions coloniales en Afrique. Quand le colonisateur réprimait des fédérations de tribus africaines, les exterminations étaient conduites sur de petits clans et n'avaient pas besoin d'être massives pour stupéfier les insurgés. Quand il s'agit des révoltes de peuples entiers (Madagascar, Kenya, Sud-Ouest africain ou Tanganyka) qui se soulèvent en coordination, les répressions doivent apparemment être plus massives et subites pour soumettre les insurgés. Encore que les Allemands s'y soient appliqués avec une rare férocité qui dépassait la violence jugée comme nécessaire et qui préfigurait, pour certains, les entreprises d'extermination nazies.
Quant à la proportion de la population insurgées à éliminer, elle semble dépendre des populations. En 1940, les résistants français se sont tapis après le massacre de 100 hommes pour le meurtre d'un Allemand. Mais quand les Mongols déboulaient en Europe orientale, des saignées atteignant un habitant sur deux ne désarmaient pas les résistants. Et la Gaulle n'est devenue gallo-romaine qu'après la disparition (mort ou esclavage) de deux habitants sur trois, d'après certains auteurs.
Je crois donc que Tito se trompe et que ses successeurs serbes auraient très bien soumettre le Kosovo, la Bosnie-Herzégovine ou une partie de la Croatie par le nettoyage ethnique.
LTN503 a écrit:
éliminer la menace résiduelle des roquettes du Hamas, menace que tout pays respectueux de sa propre souveraineté ne saurait tolérer, à plus forte raison s'il a des prétentions de puissance régionale
C'est certain que si la Belgique, peuple et forces armées combinés, s'amusait à pilonner un village du nord de la France et acclame chaque mort, il y aurait aussi une guerre.
LTN503 a écrit:
2) le calendrier a son importance : pour le Hamas comme pour Israël, nous sommes en période d'élections. La ligne de conduite de l'une ou de l'autre des parties s'explique d'ailleurs en grande partie par là : fermeté pour les dirigeants israéliens dans le sillage de sondages qui donnent le Likoud - très pugnace as usual - en tête ; offensif pour le Hamas qui essaie d'élargir sa base territoriale au-delà de la bande de Gaza, en Cisjordanie, et de devenir un interlocuteur régional crédible à l'image du Hezbollah.
Au-delà des rodomontades en vue d'acquérir une notoriété pour les prochaines élections israéliennes ou palestiniennes, un "expert" interviewé dans "Europe soir" sur Europe 1 disait que ce point importait surtout dans l'absence de dirigeant (donc d'interlocuteur) légitimisé dans les deux camps. Après les élections, on saura qui commande et à qui parler.
LTN503 a écrit:
Dans tout ça, les civils gazaouis n'ont que bien peu d'importance, tant d'un point de vue israélien que de celui du Hamas.
Pas d'accord, hélas, pour le Hamas qui utilise leur cadavres à fin de politique interne et internationale.
LTN503 a écrit:
Je vais sans doute jeter un pavé dans la mare, mais aussi étonnant que cela paraisse, Israël a l'air de faire preuve d'une certaine retenue dans ses frappes, allant jusqu'à prévenir par téléphone ses "cibles" pour que les civils - comprendre la famille des dignitaires du Hamas visés - évacuent les appartements bombardés !
Quant aux chiffres, ils sont éloquents : 800 morts, dont un quart "seulement" considéré comme non-combattants (c'est-à-dire qui n'appartiennent pas à l'appareil du Hamas d'une façon - miliciens ou responsables - ou d'une autre - policiers ou membres des services qui gouvernent Gaza), ça reste une campagne ciblée.
C'est certain qu'à côté de la répression d'Hafez el-Assad contre les Frères musulmans (Syrie, 1982) ou Septembre noir (Jordanie, 1970), on reste dans le conflit mineur.