Jean-Marc Labat a écrit:
Où avez donc vu une révolution libérale, je n'en ai vu aucune, des tentatives, oui, mais de faible ampleur. Mais je sors du sujet.
Sous peine de déclassement, les populations doivent s'y résoudre.
QiU a écrit:
De plus mon ami pense que le contenu du Coran est un puissant facteur déterminant (sinon le plus puissant des déterminants) des sociétés musulmanes, tant sur le point de leur système légal que de l'organisation et le mode de pensée de la société civile.
Et que, du fait du contenu des écritures sacrées, ces sociétés sont en quelque sorte condamnées à revenir régulièrement à des situations de rigueur religieuse et d'intolérance, tant sur le plan légal que sociétal.
Je pense que la corrélation masque une causalité inverse : ce n'est pas un Coran qui rend la rue musulmane d'extrême-droite, c'est parce que la rue musulmane est d'extrême-droite qu'elle s'accroche à une interprétation intolérante, violente et agressive du Coran (ou des versions niaises ou mensongères que certains propagent, comme ce que j'appelle l'islam-Internet ou l'islam des Frères musulmans, commençant par "un musulman ne boit pas d'alcool" ou "un musulman ne peut manger que de la viande consacrée à l'abattage"...).
Les populations choisissent ou imposent des pratiques religieuses en fonction de leurs valeurs.
Certains musulmans vivent en humanistes tolérants et libéraux, ce n'est donc pas une question d'islam.
QiU a écrit:
Qu'il y a des exemples dans le passé d'Etats musulmans tolérants (Émirat de Cordoue, ...) ou intolérants (empire Almohade), tout comme il y en a en Europe (Saint Louis expulsant les juifs, ou Isabelle la Catholique de même pour musulmans et juifs, à l'inverse ouverture d'esprit de Erasme, Humanisme de la Renaissance).
Par-delà leurs degrés de tolérance, tous les Etats que vous citez sont d'extrême-droite.
QiU a écrit:
Mais il m'a dit qu'il pensait que le contenu des textes sacrés (Coran et Hadiths) constitue selon lui un marqueur du temps long, et donc un déterminant profond.
Je pense au contraire que la pensée d'extrême-droite induit un déclassement social, économique, intellectuel et moral depuis l'essor du libéralisme, et qu'elle s'efface empiriquement pour que ses adeptes puissent survivre et avoir une descendance vivant décemment.
QiU a écrit:
Il met en avant la diversité des Etats actuels ayant des lois intransigeantes : l'Iran, l'Afghanistan, le Pakistan, la Tchétchénie, la Somalie, le Nigéria, les Maldives, le Qatar, l'Arabie Saoudite
Russie, Cuba, Corée du Nord, Venezuela, Vietnam, Chine communiste, France jusqu'en 1962... L'antilibéralisme n'est pas l'apanage de l'islam.
QiU a écrit:
Bref, qu'en pensez vous ?
Que la rue musulmane compare, associe une qualité de vie et une supériorité socio-économique à l'abandon de l'antilibéralisme, qu'elle triera et éliminera ce qui est antilibéral (dans le Coran pour votre thématique), qu'elle se battra contre les ultra-réactionnaires qui tenteront de l'en empêcher, comme elle a commencé à le faire après le passage de Napoléon en Egypte et jusqu'à ce qu'elle y parvienne. Comme des Néerlandais, en somme.
QiU a écrit:
Le contenu des textes sacrés de l'islam, et surtout l'utilisation qui en est fait dans certains pays, la mise en avant de leur autorité pour justifier des lois considérées comme intolérantes vues d'Occident, est-ce un marqueur du temps long, ou n'est-ce, qu'une conséquence de l'évolution "naturelle" des société, qui, à une époque deviennent pacifiques, et tolérantes, et à une autre vont se tendre, se bouleverser (pour d'autres raisons que purement religieuses) du fait de troubles et être amenées à proposer des réponses réactionnaires/autoritaires, que ces sociétés soient musulmanes ou pas, d'ailleurs.
Quand une société se libéralise, des privilégiés s'arc-boutent contre la perte de leurs privilèges. Les mafieux, les communistes, les nobles, les patriarches, les garçons, etc.
Pour ce qui relève du temps long, de plus en plus d'habitants des pays musulmans s'avouent non musulmans, et plus ils sont jeunes, moins ils sont musulmans (à vérifier, mais je crois me souvenir que c'est le cas de 33 % des Yéménites de moins de 25 ans et la moitié des Tunisiens du même âge). En Iran, les prénoms donnés à la naissance sont de plus en plus mazdéens et de moins en moins arabes, en doigt d'honneur au régime. En Turquie, les femmes abandonnent le voile, au mépris du régime extrémiste d'Erdogan, jouet ou marionnettiste des Frères musulmans.
La rue musulmane compare ; et réagit, et évolue.
Comme disait la princesse Leia au grand moff Tarkin dans "La guerre des étoiles" :
"The more you tighten your grip, the more systems will slip through your fingers."Plus les profiteurs illégitimes des sociétés musulmanes serreront leurs poings, plus leurs assujettis glisseront entre leurs doigts, comme du sable.