Moujik Looping a écrit:
Cela démontre juste que contrairement ce que vous affirmiez sur le Coran, rien n’est figé comme on l’entend trop souvent.
Si on s’en tient au fait comme vous le dites, c’est toujours la realpolitik qui a guidé les pouvoirs musulmans, à charge des oulémas de justifier les politiques voulus a posteriori.
Je ne pense pas que les textes fixent tout, au contraire, ils sont assez obscurs pour qu'on en fasse ce qu'on veut. Mais les mouvements radicaux, dont au premier chef les élites saoudiennes, les utilisent pour imposer leur vision et surtout rallier des fidèles.
Certes, il y a de la realpolitik. Néanmoins, je pense qu'un des moteurs du radicalisme est l'expansion partout et par tout moyen. Les mouvements ont donc une vie propre indépendemment d'actions étatiques.
N'oublions pas un atout essentiel du radicalisme islamique : c'est la seule force à remporter des victoires contre les armées occidentales : la Somalie, l'Irak, l'Afghanistan. En Syrie, il a fait trembler, mais la situation semble aujourd'hui tellement obscure que personne n'en parle plus.
Avec le Hamas, il marque des points contre Israël, même si les israéliens ont les moyens politiques de supporter une guerilla permanente - contrairement aux Occidentaux.
Duc de Raguse a écrit:
Certes, mais elles ne me semblent pas très répandues en terre d'Islam.
En pratique, on ne sait pas, puisque la visibilité est donnée à ceux qui hurlent le plus forts, et sont les mieux armés. Ce qui est sûr, c'est qu'au Mali, les monuments musulmans sont les mausolées des saints soufis. Et les radicaux les feront sauter dès qu'ils auront repris le pouvoir, ce qui est une question de mois.
Duc de Raguse a écrit:
Cela aussi pourrait être une piste. Chez les catholiques - même si la comparaison ne peut véritablement se faire car la sécularisation avait déjà fait son oeuvre -, le fait de ne plus se mêler de politique dans les sermons prêchés avait été un grand pas pour la normalisation des choses.
Je rappelle que jusqu'en 1892, en France, le pape disait encore aux fidèles pour qui ils devaient voter aux élections.
J'avais lu un témoignage d'expatrié disant que c'était toujours le cas en Italie.
Mais il n'y a pas besoin d'aller à la mosquée. Rien qu'en France, et partout ailleurs, des pseudo-associations jouent les agents électoraux et utilisent les réservoirs de vote pour influer les politiques. Et nous constatons que cela marche à merveille en France - et c'est probablement mieux encore ailleurs.
Moujik Looping a écrit:
De toute façon d’une manière générale on ne pourra jamais séparer entièrement le politique du religieux, il suffit de voir les derniers propos du pape sur les réfugiés...
Il a le droit de s'exprimer, au titre d'autorité morale en même temps que de chef d'Etat (du Vatican). La morale a toujours eu historiquement un fondement religieux, et la laïcisation a consisté avant tout à faire émerger des préceptes immanents, qui sont devenus les Droits de l'Homme. D'autres chefs religieux s'expriment également, mais leur discours n'a pas l'oreille des médias.
Inciter à respecter un précepte (ici, la charité) n'est tout de même pas la même chose que décréter qu'il faut suivre une loi arbitraire car divine, en promettant l'Enfer aux transgresseurs et en incitant les fidèles à imposer leurs idées par la violence !
Duc de Raguse a écrit:
Je ne sais plus quel auteur avait qualifié cette religion en France de "zombie".
Il s'agit d'Emmanuel Todd, dont le propos controversé était que les Français dans leur majorité continuaient de se conformer à la morale catholique (en un sens très large : la charité matérialisée par les aides sociales, le dégoût de l'argent, la bienveillance vis-à-vis des étrangers), mais tout en rejetant massivement le fait religieux.
Citation:
A titre personnel je trouve gênants ses propos sur l’altérité radicale de l’islam. C’est exactement la même rengaine que l’on servait sur les Juifs et leur Talmud qui guide chacun de leurs pas (cf l’ouvrage magistral de Ralph Schor sur l’antisémitisme).
Avez-vous la citation exacte ? Parler d'altérité me semblerait plutôt une réaction contre la tendance ancienne à considérer, pour les chrétiens, l'islam comme une variante du christianisme - d'où l'incompréhension devant l'imbrication du sacré et du profane - et pour les musulmans, le christianisme comme un islam raté - d'où un désintérêt pour les avancées sociales et morales qu'il a permis et les Droits de l'Homme qui en sont issus.