Le Point d'aujourd'hui confirme que les relations BO-Sarkozy ne sont pas exactement cordiales, que les deux chefs d'Etat auraient eu des échanges assez vifs, entre autres sur la question du voile.
A ce sujet, j'ai vu sur un site progressiste américain le commentaire suivant: "Obama negociated women's rights for economic and political alliances with Islam" (Obama a négocié les droits des femmes en échange d'alliances économiques et politiques avec l'Islam).
Le président semble avoir une agaçante tendance à dire aux gens ce qu'ils doivent faire sur des questions au sujet desquelles il n'a aucune légitimité à trancher: aux Européens, qu'ils doivent admettre la Turquie dans l'UE, aux femmes musulmanes, qu'elles doivent accepter de porter le voile tant qu'on ne leur refuse pas l'accès à l'éducation; s'il ne veut pas écorner substantiellement son capital de sympathie, il serait souhaitable qu'il cesse de se poser en donneur de leçons et laisse les Européens et les femmes arabes décider eux-mêmes de ce qui les regarde.
Ce qui est gênant dans ce discours, c'est qu'il y confirme explicitement le postulat fondamentaliste, à savoir que la religion doit être au centre de la société. Cette omniprésence de la religion dans la vision qu'exprime son discours est véritablement étouffante; on en comprend bien la raison dans un texte pensé pour complaire aux musulmans, mais à certains moments, on croirait entendre résonner des échos de Pétain: "humanity's common goal is to love our families, our community, our God" (le but commun de l'humanité est d'aimer nos familles, notre communauté, notre Dieu).
Ce n'est pas le mien en tout cas, et beaucoup d'américains ne se reconnaitront pas dans cette définition réductrice. Non, tous les individus ne se définissent pas essentiellement par leur famille, leur tribu et leur religion, et c'est heureux qu'une partie de l'humanité se soit dégagée de ce fonctionnement quasi-néanderthalien (un peu postérieur peut être)
.
De plus, il est curieux que BO célèbre la paix dans le monde sans reconnaître le lien existant entre communautarisme, théopolitique et guerres. Il est également curieux qu'il encourage les progrès vers la démocratie tout en encourageant l'obscurantisme religieux.
Il est encore plus déroutant qu'il prétende combattre le feu par le feu, le fondamentalisme terroriste par l'islamisme, sans voir le lien de consubstantialité qui existe entre les deux: les pays qui produisent le plus de terroristes semblent être ceux, justement, où la religion occupe tout l'espace.
Et il parait ignorer les conséquences désastreuses de cette stratégie déjà mise en oeuvre en Afghanistan, lorsque les US ont lancé des extrémistes musulmans contre les occupants Soviétiques, oubliant que l'islamisme est semblable au proverbial dentifrice qu'on ne peut faire rentrer dans le tube, ou pour utiliser une métaphore plus appropriée, au djinn qu'on ne peut faire rentrer dans la bouteille.