Geopolis a écrit:
1. Celui qui existe met en balance la destruction d'Israël et celle du Moyen Orient.
Peu importe les protagonistes: vous reconnaissez que le principe fonctionne. Dans cette perspective chaque belligérant réprouve justement à engager les hostilités en premier au motif qu'il est assuré de se voir lui-même durement impacté en retour (politique du faible au fort de la France vis à vis de l'Urss par exemple). A fortiori, il la réprouvera d'autant plus si la destruction est possiblement la plus totale. L'argument donc, tombe.
Sauf à démontrer bien évidemment, et nous devrions alors l'admettre, que les dirigeants iraniens seraient devenus absolument irresponsables - autrement dit: aliénés - et s'affranchiraient par conséquent d'un principe élémentaire de réalité dont TOUS les dirigeants (hormis et c'est notable, ceux américains vis à vis de l'Empire japonais), même au pire de la guerre froide (Cuba) ou de tensions inter-frontalières (Cachemire), ont fait la démonstration de leur sage retenue.
Geopolis a écrit:
2. Ceux qui existèrent et auquels vous faites référence mettaient en balance une auto-destruction automatique. Même détruit jusqu'au dernier centimètre carré, il restait assez de puissance aux USA, URSS, Grande-Bretagne et France pour anéantir l'adversaire et inverser tout bénéfice de l'attaque.
La situation est exactement semblable pour Israel, de part sa capacité désormais démontrée de frappe en second. L'iran, si tant est qu'elle soit à l'avenir une puissance nucléaire, n'aura jamais l'assurance - ou plus exactement sera quasi-certaine - si jamais l'idée lui venait de déclencher une frappe non-conventionelle, d'être rayée de la carte (pour reprendre une expression à la mode attribuée faussement à Ahmadinejad) dans la demi-heure qui suit. Là encore l'argument ne tient pas.
Geopolis a écrit:
3. Celui que vous envisagez est jugé peu viable. a) Si l'Iran a la bombe nucléaire et s'il l'emploie en premier, il a de grandes chances d'échapper à la destruction. Idem si Israël vitrifie l'Iran en premier. Escomptant échapper à la destruction, les deux puissances sont tentées de bombarder en premier.
Vous inversez le sens, pourtant fondé historiquement, de la notion de dissuasion. Si deux Etats, quels qu'ils soient, aux intérêts supposés antagonistes, disposent d'un armement nucléaire au vue de dissuader l'autre à agir, aucun n'a d'intérêt de frapper l'autre en premier. Strictement.
A moins que l'un des protagonistes dispose d'une capacité de contrer une éventuelle agression avec un fort taux de probabilité (rupture de l'équilibre). Ce qui peut être le cas d'Israel en effet (nous avons vu ses capacités en ce domaine) mais elle n'en sera jamais tout à fait sûr. Or, à la différence de l'Iran, Israel n'a pas de profondeur stratégique. Une seule ogive qui franchirait son rideau de défense entrainerait inévitablement un cataclysme tel qui serait rapidement intolérable pour elle. D'une certaine manière cette spécificité liée à la géographie d'Israel minimise le risque d'un "déséquilibre de la terreur" qui rendrait possible une éventuelle frappe préventive côté Israélien.
En tout état de cause, l'obsession israélienne sur la question de l'obtention d'un armement nucléaire militaire par l'Iran ne revêt pas exactement ce que le discours officiel israélien, et celui de ses acolytes, s'acharne à façonner sur la scène mondiale. Je soutiens pour ma part qu'Israel s'y refuse afin d'avoir les mains libres pour pouvoir mener à terme plus ou moins tranquillement (condamnations à l'Onu, admonestations de ses alliés et adversaires, protestation des différentes opinions publiques) ses ambitions non-avouées mais sans jamais qu'elles ne deviennent inaccessibles. Sous prétexte précisément, en plus du soutien inconditionnel de son allié américain (et de son précieux véto au Conseil de sécurité), qu'elle serait la seule force nucléaire partie prenante de la région.
Geopolis a écrit:
b) Ahmadinejad a fait publiquement part de ses aspirations de fin du monde.
Vous feignez d'ignorer qu'il y a dans ses déclarations rapportées - souvent tronquées par les officines, parfois carrément mensongères - une dimension de politique interne à la société iranienne. Je pourrais citer certaines de ses déclarations, notamment à la tribune de l'Onu, empruntent de réalisme et aux arguments tout à fait recevables. Mais si l'on va par là, doit-on vous rappelez les déclarations pour le moins teintées de manichéisme d'un G. Bush achromate sur l'Axe du mal et autres billevesées ? J'aurai aussi à votre disposition des citations de très hauts dirigeants israélien et cadres de l'armée qui marquent clairement une volonté raciste, suprémaciste, voire génocidaire vis à vis du peuple palestinien. Il n'est pas sain de prendre les citations qui appuient seules votre point de vue, il faut prendre toutes les citations d'un côté comme de l'autre pour se faire à l'idée. Et croyez-moi, le fanatisme n'est alors pas forcément là où on le croit de prime abord.
Geopolis a écrit:
Israël se fiche des armes indiennes, chinoises, nord-coréennes ou sud-africaines.
Ces pays dont vous faites mention sont d'un avis plus ou moins neutre sur la question du conflit israélo-palestinien. Ce qui n'est pas le cas de l'Iran, à la fois par proximité culturelle et opportunisme géopolitique. Et d'autre part il parait normal qu'Israel limite ses considérations (notamment défense de ses intérêts vitaux) à son étranger proche.
Geopolis a écrit:
Comme disait de Gaulle, l'important est d'être majoritaire quelque part. Beaucoup de populations ont été anéanties pour l'ignorer.
Rassurez-vous personne ici, en tout cas pas moi, ne cherche à déligitimer le droit d'Israel à exister. La notion d'Etat juif en revanche pose problème pour tout esprit rationnel (que dire alors des "universalistes", mais bizarrement que l'on entend jamais sur cette question. Trop dangereux sans doute). Même Juppé récemment s'en était offusqué, avant de devoir se rengorger prestement sur injonction de certains groupes de pression aux intérêts convergents...
Geopolis a écrit:
Pas faux. Comme quoi, la dissuasion nucléaire et l'équilibre de la terreur ne sont ni crédibles ni crus au Moyen Orient et l'Iran doit s'en tenir au statu quo.
Vous semblez négliger la peur obsidionale de la population israélienne (ce qui n'est certainement pas un gage de raison, et vous ne me démentirez pas), comme l'instrumentalisation d'un catastrophisme ambiant - voire l'hystérisation du débat - afin de servir le discours belliqueux et la propagande de guerre des dirigeants israéliens, et donc de facto leurs intérêts par la perpétuation de leur mainmise géopolitique sur la région.