Tonr a écrit:
L'argument ayant le plus de poids contre la théorie de l'article étant tout de même: la plupart des pays pétroliers en question (et la Chine) ont de très importantes réserves en $; il ne sont pas assez ineptes pour se tirer une balle dans le pied et torpiller le $.
C'est juste. Mais comme vous l'avez dit les groupes de pression néoconservateurs ont aussi pu pousser à agir suite à des considérations forts irrationnelles. Et comme il a été dit, c'est toujours une conjonctions de facteurs qui surdétermine les événements.
Relisons ainsi en cette période troublée annonciatrice de désastres futures, John Mearsheimer et Stephen Walt, auteurs du livre
Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, et ce qu'ils écrivent précisément dans un chapitre consacré à l’Irak:
« (…) au cours de la période qui précéda la guerre, les Etats-Unis étaient à la fois puissants, confiants dans leur supériorité militaire, et profondément inquiets au sujet de leur sécurité – un cocktail dangereux.
Ces différents éléments forment le contexte stratégique de la décision d’entrer en guerre, et nous aident à comprendre ce qui a sous-tendu et facilité ce choix. Mais l’équation comportait aussi une autre variable, sans laquelle la guerre n’aurait jamais eu lieu. Cet élément est le lobby pro-israélien, et notamment un groupe de politiciens et de leaders d’opinion néoconservateurs qui pressaient les Etats-Unis d’attaquer l’Irak depuis bien avant le 11 septembre. La faction pro-guerre pensait que le renversement de Saddam améliorerait la position stratégique des Etats-Unis et d’Israël, et inaugurerait un processus de transformation régionale dont profiteraient les deux nations.
(…) Les pressions exercées par l’Etat hébreu et le lobby pro-israélien n’expliquent pas à elles seules la décision prise par l’administration Bush d’attaquer l’Irak en mars 2003, mais elles en constituaient un élément déterminant.
(…) nous affirmons que la guerre était largement motivée par le désir de renforcer la sécurité d’Israël. Il s’agissait déjà d’une affirmation controversée avant que la guerre ne débute, mais elle l’est plus encore maintenant que l’Irak est un devenu un désastre stratégique.
(…) Affirmer cela ne revient pas à dire qu’Israël ou le lobby « contrôlent » la politique étrangère des Etats-Unis. Cela veut tout simplement dire qu’ils ont appelé avec succès à la mise en œuvre de certaines politiques, et que, dans un contexte spécifique, ils ont atteint cet objectif. Si les circonstances avaient été différentes, ils n’y seraient pas parvenus. Mais sans leurs efforts, l’Amérique ne serait probablement pas en Irak aujourd’hui.
(…) Tout au long des mois précédant l’entrée en guerre, les dirigeants israéliens craignaient en effet que Bush décide finalement de ne pas y aller, et ils firent tout ce qui était en leur pouvoir pour s’assurer qu’il ne change pas d’avis à la dernière minute. »