Tonr a écrit:
Vous ne croyez qu'Obama n'est pas au courant, ou qu'il l'est?
Comment pourrais-je le savoir. Peut-être est-il victime des réminiscences psycho-pathologiques de son paternel, dans une sorte de retour du refoulé, et qu'il déni à présent la réalité ?
Tonr a écrit:
Corrélativement, vous persistez à poser que les hommes et les mouvances terroristes de l'an 2010 n'ont pas changé depuis 9/11. Superbe manifestation de cette vieille manie française qui consiste à toujours préparer l'avant dernière guerre, ce qu'on peut appeler le syndrome Ligne Maginot.
De la part d'un partisan d'une nation qui depuis un demi siècle a fait le lit des extrémismes les plus divers, en étouffant si besoin par la force toute volonté d'émancipation démocratique à travers le monde afin de servir exclusivement ses intérêts mercantiles (pensez-donc également au parti nazi financé par les banquiers anglo-américains pour défaire la menace communiste à l'Est, pour
ne pas faire de lien avec votre référence à la ligne Maginot), quel hommage du vice à la vertu. Il est vrai qu'il est toujours tentant et confortable intellectuellement de s'attaquer aux conséquences plutôt qu'aux causes. Mais relisons donc l'analyse Alain Chouet:
"De fait, partout où la violence jihadiste s’exprime, donc évidement dans les zones les plus fragilisées du monde musulman et de ses communautés immigrées, sa genèse repose toujours sur la même logique ternaire. Le premier élément est une surenchère idéologique et financière du régime saoudien et de ses opposants locaux ou de ses rivaux. Le deuxième élément est une forte implantation locale de l’Association des Frères Musulmans ou de son émanation, les Jamaâ Islamiya, qui profitent des surenchères et qui surfent habilement sur toutes les contradictions politiques, économiques et sociales pour dresser les masses contre les pouvoirs locaux et pour dissuader l’Occident de se porter à leur secours ou d’intervenir. Pour être tranquille chez soi, il faut rendre le monde musulman haineux et haïssable. Le troisième élément de cette logique ternaire, parce qu’il faut battre un peu notre coulpe, est le regrettable penchant de la diplomatie et des services occidentaux, américains en tête, ainsi que de leurs alliés locaux, à soutenir dans le monde entier, souvent militairement, les mouvements politiques les plus réactionnaires et les plus intégristes sur le plan religieux, comme des remparts contre l’Union Soviétique jusque dans les années 1990 et dans le cadre de la politique de containment de l’Iran depuis les années 1980."
Et oui, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Il en coûte toujours très cher de jouer à l'apprenti-sorcier de pacotille.
Tonr a écrit:
Les milieux terroristes sont en mutation constante, et s'obstiner à analyser ces phénomènes au travers de parti-pris idéologiques ou de concepts datant d'une décennie est un risque que ne peut pas prendre l'occident.
Voyez notre différence est là aussi. L'occident est un concept fourre-tout commode mais qui porte en germe ses propres limites. Je serais plutôt porté à raisonner en terme d'intérêts nationaux, dont on sait qu'ils peuvent parfois, sinon souvent, diverger au sein d'une même supposée "famille". Pour quelle bonnes raisons devrait-on sacrifier nos hommes et nos capacités opérationnelles au profit d'une puissance largement capable de se défendre par elle-même dans le cas où elle serait attaquée. Accréditer l'idée d'un choc des civilisations ? Après tout, les américains n'hésitèrent pas lorsque nous nous dépêtrions dans le bourbier algérien de donner des gages à nos ennemis d'alors. La politique étrangère est loin d'être un long fleuve tranquille. Mais nous vivons encore dans le récit du débarquement. Devrions-nous leur rappeler La Fayette comme gage de notre ultime reconnaissance ?
Tonr a écrit:
la prépondérance saoudienne certes existe toujours au niveau du financement--ne serait-ce que parce que personne dans le monde arabe n'a leur puissance économique . Mais les saoudiens laissent largement la partie " travail manuel " du terrorisme aux musulmans pauvres, comme ils laissent les travaux manuels à leurs domestiques philippins ou autres en Arabie saoudite
, ce qui est logique.
Ce n'est pourtant pas le profil majoritaire des terroristes qui agissent en Europe. La plupart des actions démontrent qu'elles furent le fait d'individus parfaitement intégrés professionnellement, qui avaient gardé pour certains de forts liens familiaux, et qui n'étaient pas en rupture de ban contrairement à un mythe tenace. Mis à part ça, il n'y a que moi qui userait de schémas d'un autre temps...
Tonr a écrit:
Vous pouvez m'expliquer, si comme vous semblez le croire, les positions de BO sont totalement déterminées par son adhésion à de sombres desseins du (réel) complexe militaro industriel américain, pourquoi le président a toujours été contre la guerre d'Irak, pays où les enjeux pour ledit complexe militaro -industriel américain sont beaucoup plus importants qu'en Afghanistan, alors qu'il est depuis le début pour la guerre en Afghanistan?
Dans la logique extrémement schématique que vous lui prêtez, s'il était pour l'une de ces guerres, il aurait du automatiquement être pour l'autre.
Mais parce que vous me prêtez des calculs qui ne sont purement que les vôtres. Où aurais-je dis qu'Obama n'agissait que pour satisfaire tel ou tel complexe ou lobby ?! Mais lorsque l'on veux tuer son chien, on l'accuse bien évidemment de la rage. Je dis et je répète que du point de vue américain, et même occidental (je le concède sans gêne) il est tout à fait normal d'avoir entrepris le démantèlement des installations qui avaient alors permis - entre autre - les attaques terribles qui défigurèrent New York. Mais ce n'est pas seulement ce qui s'est passé - et surtout pas ce qui était prévu nominalement - puisqu'après avoir renversé les talibans les coalisés sont restés sur place depuis près de dix longues années, et ce alors qu'ils auraient dû partir, en usant jusqu'à la corde de chimères démocratiques et d'un humanisme dont les principaux intéressés se contrefoutent royalement. Ce qui donne à présent une situation sur le terrain qui empire chaque jour un peu plus, des pertes qui ne cessent de s'accumuler, et qui préfigure une défaite probable à la manière du Vietnam dans les mois où les années qui viennent. C'est cela que vous refusez de voir, et qui pourtant devrait commander de partir avant qu'elle ne se transforme en véritable humiliation. Et en quoi serait-elle préférable à un départ anticipé, et moins dommageable à notre réputation sur la scène internationale ? C'est incohérent.
Et non seulement nous ne sommes pas partis d'Afghanistan, mais l'esprit de justice que commandait un tel acte ignominieux s'est vite confronté aux intérêts des américains dans la région du golfe persique. Encore une fois, cette guerre n'est d'évidence pas la nôtre.