Oui, il s'agit principalement d'aménagements sur l'Euphrate. Les Turcs ont d'ailleurs beau jeu de dire qu'ils "laissent" le Tigre (d'ailleurs plus abondant que l'Euphrate, 48 km3 contre 31,5), celui-ci naissant dans les monts Zagros aux roches salées du Trias et traversant d'importantes structures gypseuses, il se charge en nitrate, ce qui rend l'eau peu proprice à l'irrigation...
Pendant longtemps, les Turcs n'ont pas accordé d'importance à l'Euphrate, car utiliser l'eau pour l'agriculture ne les intéressaient pas et la région kurde était une zone plus ou moins abandonnée pour le pouvoir turc. Lors du traité de Lausanne (1923), la Turquie laissait passer 500 m3/s à la frontière vers l'Irak et la Syrie. A partir de là, 14 km3 sont pour la Syrie, 18 km3 à l'Irak. Mais en 1989 les Turcs ont lancé brutalement le projet GAP de barrages et de réservoirs sur l'Euphrate (capacité totale 60km3, production de 30 milliards de KW/h). Il y a notamment le barrage Atatürk, qu'il a d'ailleurs fallu remplir, et durant ce laps de temps (1 an et demi!), très peu, voire pas du tout d'eau n'est passé, faisant de l'Euphrate un fleuve mort. Ce projet mobilise 14 km3, ce qui remit donc en cause les quotas cités plus haut... en plus, outre le volume, c'est aussi le rythme saisonnier d'utilisation qui diffère (les Turcs veulent exploiter les eaux des barrages en fonction de la demande énergétique, alors qu'Irakiens et Syriens demandent l'eau au Printemps et au début de l'Eté pour l'agriculture). L'Irak est néanmoins plus touché que la Syrie, celle-ci possédant le réservoir de Tabqa.
Jusqu'à la seconde guerre du Golfe, le contexte géopolitique régional (bases américaines, Irak et Syrie "Etats bandits", ...)faisait que la Turquie faisait ce qu'elle voulait. Mais je n'ai pas d'informations sur les évolutions depuis quelques années.
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