Les évenements en Lybie mettent en lumière les relation intimes qu'entretient le pouvoir avec la psychopathie, voire avec la démence pure et simple.
Dans plusieurs discours incohérents et vaticinatoires, le guide suprême de la Lybie repousse les bornes, pourtant déjà très lointaines, de l'insanité en politique.
Provocation ou inconscience? Il est allé jusqu'à présenter ses condoléances aux familles des Lybiens massacrés par ses partisans durant les récentes émeutes. L'assassin présentant ses condoléances aux familles de ses victimes, c'est nouveau, c'est hardi, c'est un concept d'avenir.
Je ne sais plus qui a dit: "l'homme ne peut pas supporter un trop grand degré de réalité". Les dictateurs, eux, ont une allergie intégrale à la réalité: la plus petite intrusion du réel dans la version propagandiste par laquelle ils entendent le remplacer, la plus petite éraflure aux "villages Potemkines" réels ou symboliques qui bétonnent leur régime font sur eux l'effet du chiffon rouge agité sous le nez d'un taureau.
Confronté à une manifestation massive de rejet de son pouvoir, Khadafi désigne une kyrielle de coupables: ces émeutes étaient organisées par Al Quaida, les émeutiers étaient drogués, fous, payés par l'Amérique, manipulés par des exilés lybiens opposants politiques.
Fous, venant du mégalo en chef, ça ne manque pas de sel. Mais c'est classique, un bel exemple du processus de projection bien connu des psys.
Mais surtout, Khadafi, préservant ainsi son ego, donne toutes les explications possibles, sauf une, la bonne: que les Lybiens en ont ras le bol de lui et veulent le virer.
Un tel niveau exacerbé de déni de réalité fait penser à cette psychose nommé érotomanie par les psychiatres. Un érotomane pense que si l'objet de son amour l'ignore, ne sait même pas qu'il existe, ou au contraire l'évite comme la peste, lui dit de disparaitre de sa vie et de cesser de le harceler, ce sont autant de preuves manifestes que cette personne éprouve pour lui une passion violente.
Les élucubrations de Khadafi pour ne pas voir que les Lybiens ne peuvent plus le voir en peinture (c'est le cas de le dire, vu l'omniprésence des photos du guide suprême dans ce pays) pourraient relever du même type de processus psychopathologique.