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Il y avait eu un précédent en Iran il me semble avec la création d'un République kurde éphémère.
C'est exact, la république de Mahabad avait vu le jour au lendemain de la Seconde GM dans la région du lac d'Urmiyeh. Elle ne couvrait en fait qu'une petite moitié des territoires kurdes d'Iran.
La naissance de cette petite république avait été rendue possible par la montée des tensions entre Américains et Soviétiques. A la même époque, une république sécessionniste s'était également formée à Tabriz, appuyée par Staline et la présence de l'armée rouge.
Les Soviétiques qui occupaient militairement ces régions essayaient de provoquer l'éclatement de l'Iran en de multiples petits États qu'ils pourraient par la suite aspirer et soutirer à l'influence anglo-américaine. Ces manœuvres étaient hautement stratégiques puisque l'Azerbaïdjan du Sud et le Kurdistan rapprochaient les russes du golfe persique et de son pétrole (ainsi que du Nord de l'Irak) tout en assurant leur mainmise sur la mer Caspienne, elle aussi richement pourvue en hydrocarbures.
La république de Mahabad s'est formée dans la foulée de la république azéri de Tabriz. L'acteur principal de cette sécession avait été le KJK, un groupe parrainé par Moscou à sa création au début de l'occupation russe du Nord de l'Iran. Qazi Mohammad, le chef de ce mouvement, avait pour programme la création d'une entité kurde qui se gérerait de façon autonome, aurait le kurde comme langue officielle et ne dépendrait de Téhéran que pour sa politique extérieure.
En réalité les ambitions de Qazi Mohammad étaient toutes autres. Une république indépendante a été proclamée. Et des combattants kurdes en provenances d'Irak sont venus former l'ossature de son bras armé.
A ce moment là, on n'excluait pas le principe de l'absorption de la république de Mahabad dans l'URSS au Foreign Office... En effet, les Anglais étaient eux mêmes confrontées à des grèves d'ouvriers des concessions pétrolières de l'AIOC dans le Khouzestan. Ces protestations étaient l'œuvre du parti Toudeh (parti communiste iranien), alors les Britanniques pensaient qu'en donnant satisfaction aux Russes au Kurdistan et en Azerbaïdjan, ils auraient la paix dans le Sud de l'Iran.
Ce sont donc surtout les Américains et le nouveau gouvernement iranien qui ont fait pression sur Moscou. Sans son soutien russe, l'État kurde est vite tombé aux mains de l'armée de Téhéran.
L'héritier politique de ce KJK n'est autre que le Parti Démocratique du Kurdistan Iranien. La sécession ne semble plus faire partie de la ligne politique de ce parti qui réclame essentiellement la formation d'une république fédérale voire d'une confédération en Iran. Ce PDKI s'oppose au recours à la lutte armée, ce qui n'est pas le cas de toutes les formations politiques kurdes en Iran. Malgré la modération du PDKI les autorités de Téhéran n'ont pas réellement cherché à adopter une démarche conciliante.
Parmi ces groupes plus violents, on compte le PJAK qui a d'ailleurs fait parler de lui récemment. Ce mouvement semble entretenir des relations étroites avec les autres organisations de lutte armée kurdes. En tout cas, des forces importantes de l'armée sont mobilisées par Téhéran pour lui faire face. Les bases arrières du PJAK sont situées dans le nord de l'Irak. Les militaires iraniens ont d'ailleurs effectuées quelques intrusions remarquées en territoire irakien pour poursuivre les Kurdes.
http://www.lemonde.fr/proche-orient/art ... _3218.htmlLa situation des kurdes en Iran, l'état de leurs revendications ainsi que l'expérience autonomiste kurde en Iran sont donc relativement complexes. Mahabad et Sanandaj sont restés des centres importants de protestation contre Téhéran même après la révolution de 1979.
Pour ce qui est de la politique iranienne à l'égard de l'irrédentisme kurde, on peut rappeler que Téhéran s'était abstenu de soutenir les révoltes chiite et kurde en Irak à l'issue de la guerre de 1991. La perspective d'une implosion du voisin irakien faisant craindre un retour en force du thème sécessionniste dans le discours des mouvements autonomistes kurdes d'Iran.
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Mais il existe tellement de diversités religieuses, linguistiques et culturelles et de rivalités inter claniques, sans parler de la diaspora que je vois mal même si c'était possible un grand Kurdistan (et surtout dans quel pays ?). En Irak ou la région à majorité kurde est assez riche en ressources naturelles, le "gazage" de Halabja semble avoir calmé les ardeurs velléitaires et les Kurdes préfèrent une autonomie.
En effet, le Kurdistan compte une myriade de groupes différents. D'ailleurs la langue kurde elle-même compte deux grands dialectes qui ne sont pas toujours mutuellement intelligibles. La plupart des Kurdes de Turquie et de Syrie parlent le Kurmanci, de même que les Kurdes de la pointe nord du Kurdistan iranien (Urmiyeh) et irakien. Au contraire, la majorité des Kurdes d'Irak (Kirkouk, Soleymanieh, Halabja) et d'Iran (Mahabad, Kermanshah, Sanandaj) parlent Sorani.
Et on oublie souvent que le Nord-est de l'Iran compte lui aussi une minorité kurde non négligeable ! Ces Kurdes vivent dans la région de Mashhad, à quelques encablures de la frontière avec le Turkménistan et de sa capitale Achgabat. On en trouve même quelques uns en Afghanistan. Ils avaient été déportés dans le Khorassan par les Safavides pour défendre la frontière contre les incursion des Ouzbeks, leur fidélité au roi de Perse étant mise en cause lors des guerres contres les Ottomans.