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 Sujet du message: Où va l'Egypte?
MessagePosté: Sam 5 Fév 2011 11:57 
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Inscription: Jeu 8 Juil 2010 20:43
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Les frères musulmans prennent une place croissante dans le mouvement et posent leurs conditions:

http://www.lefigaro.fr/international/20 ... egypte.php

Comme on l'a déjà dit, ils sont et de loin la force politique la plus puissante et la plus structurée en Egypte; d'une façon ou d'une autre, ils sortiront gagnants de cette révolution.
Leur stratégie est claire, c'est celle qu'avait adopté l'AKP en Turquie et qui a si bien marché pour eux: apparaître comme un mouvement islamiste modéré, rassurer les occidentaux, se constituer en système de protection sociale de la société égyptienne grâce à un maillage serré d' associations de type caritatif et d'entr'aide, avancer à petits pas vers le pouvoir. Stratégie islamique classique de la nécessaire dissimulation (takkya) lorsque des circonstances extérieures difficiles l'imposent, ont dit certains; en fait, stratégie universelle de ruse, de sage lenteur et de prudence lorsque le rapport de force n'est pas clairement en votre faveur qui met en évidence l'intelligence politique des Frères.
Mais comme le souligne l'article, si l'image de modération règne dans les Relations publiques du mouvement, sa hiérarchie est toujours aux mains d'islamistes radicaux.

http://www.lefigaro.fr/international/20 ... egypte.php


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 Sujet du message: Re: Où va l'Egypte?
MessagePosté: Sam 5 Fév 2011 12:23 
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Inscription: Dim 26 Déc 2004 21:46
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Pour l'instant, l'Egypte restera comme elle est pendant la prochaine décennie au moins.

Ca laisse du temps pour les progrès intellectuels et moraux des Egyptiens.


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 Sujet du message: Re: Où va l'Egypte?
MessagePosté: Sam 5 Fév 2011 13:45 
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Inscription: Jeu 8 Juil 2010 20:43
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Citation:
Pour l'instant, l'Egypte restera comme elle est pendant la prochaine décennie au moins.

Ca laisse du temps pour les progrès intellectuels et moraux des Egyptiens.


Ca n'est pas sûr. Moubarak laisse pourrir la situation mais il n'est pas garanti qu'il puisse , lui et/ou les éléments qui le soutiennent, continuer à la contrôler.
Les anti-Moubarak ont proposé une liste de 20 personnalités qui ont leur soutien pour négocier avec Omar Suleiman en vue de constituer un nouveau gouvernement.
Parmi elles figurent Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Zuwai, égyptien-américain, prix Nobel et conseiller d'Obama, Mohamed Selim al Awa, professeur d'études islamiques et proches des Frères, Nagib Suez, magnat dutéléphone mobile dans le pays , Nabil al Arabi, représentant de l'Egypte à l'ONU, un chirurgien du coeur connu, Majdi Yacoub et le président du parti Wafd, Said al Bachir.
Notablement absent de cette liste est Mohamed al Baradei.
C'est la première tentative que font les anti-Moubarak pour transformer les manifestations de rue en démarche politique.
Il n'y a pas de représentants officiels des Frères dans cette liste; les Frères ont fait savoir qu'ils ne participeraient à aucune négociation tant que Moubarak restera au pouvoir. Mais la présence de proches du mouvement dans ce comité, comme Selim al Awa, Ahmed Kamel ou Abu Majd, leur y assure néanmoins une représentation.

http://www.independent.co.uk/opinion/co ... 05079.html


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 Sujet du message: Re: Où va l'Egypte?
MessagePosté: Sam 5 Fév 2011 17:23 
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Inscription: Jeu 8 Juil 2010 20:43
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Les élites égyptiennes abandonnent-elles Moubarak?
Il semble qu'il soit devenu un boulet aussi pour les classes qui le soutenaient et qui pensent qu'on ne pourra sortir de la crise, tout en préservant l'ordre--et leurs intérêts--, que si le président accepte de partir.
Un comité d "hommes sages" membres de l'establishment égyptien et distincts du mouvement de rue, propose une solution pour sortir de l'impasse:
- Moubarak délégue tous ses pouvoirs à Suleiman, il ne reste président que de nom, par respect pour sa dignité
- l'assemblée est dissoute
- fin de la loi martiale

http://www.huffingtonpost.com/2011/02/0 ... 19060.html


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 Sujet du message: Re: Où va l'Egypte?
MessagePosté: Sam 5 Fév 2011 21:25 
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Inscription: Dim 26 Déc 2004 21:46
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Dans ma boule de cristal, je vois les manifestations interrompues vers le 15 février. Moubarak pourrait abandonner la présidence en mars. Il y aurait un gouvernement d'ouverture pour initier les opposants à la politique et à la Realpolitik de la région. :D


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 Sujet du message: Re: Où va l'Egypte?
MessagePosté: Sam 5 Fév 2011 22:04 
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Inscription: Lun 20 Déc 2010 20:47
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Bonjour,
Un historien tentant d’intellectualiser le débat.
Voici un article paru déjà il y a plusieurs jours dans le Nouvel Observateur, mais, réfléchissant sur le long terme, on peut toujours en discuter :
http://lumieresdusiecle.blogs.nouvelobs.com/
je suis globalement d’accord bien qu’il ne faille attendre un peu pour se faire une idée valable. Qu’est-ce que vous en pensez ?
À vous et bien à vous.


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 Sujet du message: Re: Où va l'Egypte?
MessagePosté: Dim 6 Fév 2011 00:06 
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Inscription: Dim 26 Déc 2004 21:46
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Yongle a écrit:
Un historien tentant d’intellectualiser le débat.
Voici un article paru déjà il y a plusieurs jours dans le Nouvel Observateur, mais, réfléchissant sur le long terme, on peut toujours en discuter :
http://lumieresdusiecle.blogs.nouvelobs.com/
je suis globalement d’accord bien qu’il ne faille attendre un peu pour se faire une idée valable. Qu’est-ce que vous en pensez ?

D'accord.

:arrow: En Egypte, l'armée est composée des officiers supérieurs et du gros de la troupe.

On peut supposer qu'en raison du service militaire, prolongé avec la faiblesse du niveau d'étude (1 an pour les diplômes supérieurs, 2 ans pour les diplômes secondaires et 3 ans pour les autres), le gros de la troupe (officiers subalternes, sous-officiers et hommes du rangs) partage les préoccupations de la société égyptienne.

L'armée est dirigée par les officiers supérieurs, qui contrôlent également le pays, dont les dirigeants sont spécialement représentés par les officiers de l'armée de l'air (auteurs de tous les coups d'Etat militaires dans les pays arabes). Même si leur corruption les rend antipathiques à la rue égyptienne, ces officiers restent soucieux de deux priorités nationales (la libre-circulation dans le canal de Suez et la quiétude israélienne). Pour garantir ces priorités, ils se sont, vers 1977, adossés au gouvernement américain qui les en remercie par les aides (parce que ces priorités comptent parmi les siennes) parmi les plus importantes que les USA octroient à des Etats étrangers.

Aujourd'hui, l'armée égyptienne, sous-entendu ses officiers supérieurs qui dirigent le pays, honore toujours son contrat d'amitié avec les USA. Ce faisant, elle sanctuarise le canal et la frontière israélienne, en particulier contre les factions ultranationalistes, ultra-réactionnaires et anti-occidentales du peuple égyptien. Il y va de la souveraineté et même de la survie de l'Etat égyptien.

Néanmoins, comme il est difficile de tenir un Etat contre son peuple et comme la rue égyptienne a toujours su s'émanciper des souverainetés indésirables, les USA et l'armée égyptienne partagent le même souci de rester en place pour contrôler une rue égyptienne considérée comme capricieuse et désormais séditieuse.

Comme les révoltés égyptiens réclament le départ de Moubarak, l'armée égyptienne et les USA aimeraient le leur offrir pour rester en place.

Moubarak a d'abord souhaité rester, je pense pour des raisons d'honneur viril. Quand les USA ont manifesté leur souhait de le voir partir, l'armée égyptienne se trouve scindée en deux partis que je qualifierai de pro-américain et de pro-Moubarak :
- le parti pro-américain (ainsi que les USA) aimerait que Moubarak parte pour satisfaire les révoltés et que l'armée reste au pouvoir, mais conserve des égards pour Moubarak par amitié et au cas où il resterait au pouvoir ;
- le parti pro-Moubarak aimerait que Moubarak reste par dédain pour les révoltés, mais conserve des égards pour les USA par intérêt commun bien compris, celui des deux Etats et celui de leurs comptes en banque.

Nous en sommes donc au stade où Moubarak propose de partir quand les révoltés seront partis, proposition à l'adresse des USA et du parti pro-américain de l'armée égyptienne.

Pendant ce temps, la rue égyptienne est fortement divisée en plusieurs factions adverses :
1. les libéraux, bourgeois, commerçants et intellectuels aisés, sunnites, plus instruits, ont initié la révolte dans les grandes villes ;
2. ils sont soutenus par les Coptes (20 % de la population), pour les mêmes raisons (instructions, aspirations libérales) mais pas trop par crainte des éléments ultraconservateurs de la société égyptienne qui pourraient les dénoncer comme collaborateurs d'une conspiration "étrangère" ;
3. des éléments de l'extrême droite religieuse soutiennent la révolte par opportunisme politique ;
4. le reste de la société égyptienne, très pauvre, peu éduqué, réactionnaire, conservateur et nationaliste, se partage entre pauvres gens qui râlent contre le régime et ;
5. pauvres gens qui râlent contre la révolte parce qu'ils viennent de perdre leur ressource alimentaire, le tourisme.

A terme, cette foule disparate et antagoniste devrait se disperser d'elle-même, plus d'ailleurs parce qu'elle est en train de réaliser la catastrophe économique qui s'abat sur le pays avec la disparition des touristes et des expatriés que par crainte des bastonnades.

L'armée, ses deux partis pro-américains et pro-Moubarak opposés mais liés, s'adossera sur la population hostile à la révolte pour rester en place.

Une pression américaine devrait l'inviter à libéraliser un peu plus le pays en ouvrant le régime à des opposants politiques.

Cette libéralisation mesurée s'effectuera dans la limite où l'armée égyptienne et ses soutiens internationaux (USA en tête) se sentira capable d'assurer ses deux priorités nationales (sécurité du canal et quiétude israélienne).

:arrow: En Tunisie, Ben Ali sortait des rangs de la police. Il a largement gâté la police, dont il a démultiplié les effectifs, les moyens et les privilèges pour garantir ses propres abus. Le favoritisme accordé à la police irritait l'armée tunisienne. (C'est là un point commun entre la situation iranienne et tunisienne.) Après quelques jours de confrontation entre la police acquise à Ben Ali et la rue tunisienne, qui initiait une révolution libérale et bourgeoise, l'armée tunisienne a réglé ses comptes avec Ben Ali et la police.

:arrow: En France, en 1789, je crois me souvenir que c'est l'intervention de soldats étrangers du roi qui a indisposé ses troupes françaises. Dans chaque révolution, le nationalisme est prépondérant. Tout soutien perçu comme étranger délégitimise celui qui le reçoit (ici, l'autorité royale) et indispose le peuple, y compris celui qui est enrôlé dans l'armée.

Les despotes arabes (de Ben Ali à el-Assad en passant par Moubarak) et les insurgés qui les défient ne s'y trompent pas, qui s'accusent mutuellement d'être soutenus par des étrangers.

:arrow: Dans tous les cas, les révoltes populaires désarmées sont presque immanquablement vouées à échouer en cas de combat. En 1789 ou en Tunisie, des militaires ont transformé la révolte en révolution. En Egypte, cette opportunité reste très maigre :
1. les officiers supérieurs sont convaincus d'avoir raison de rester au pouvoir en s'adossant aux USA pour sauver l'Egypte ;
2. le gros des troupes vient des classes les plus pauvres, c'est-à-dire les plus partagées et les plus enclines ou les plus indifférentes au régime et au statu quo ;
3. le régime a montré qu'il est apte à écraser très rapidement toute mutinerie (par exemple, celle de 17.000 paramilitaires au Caire en février 1986) ;
4. la population égyptienne est désarmée, la détention d'armes étant interdite pour les particuliers.


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 Sujet du message: Re: Où va l'Egypte?
MessagePosté: Dim 6 Fév 2011 00:30 
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Citation:
Comme les révoltés égyptiens réclament le départ de Moubarak, l'armée égyptienne et les USA aimeraient le leur offrir pour rester en place.


Les US, d'après la déclarations récentes d'envoyés du gouvernement en Egypte, considèrent que Moubarak n'est pas "sauvable" qu'il a passé le point de non retour, et qu'il doit partir pour sauvegarder la stabilité et l'ordre social du pays.


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 Sujet du message: Re: Où va l'Egypte?
MessagePosté: Dim 6 Fév 2011 00:35 
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Citation:
Comme les révoltés égyptiens réclament le départ de Moubarak, l'armée égyptienne et les USA aimeraient le leur offrir pour rester en place.


Les US, d'après la déclarations récentes d'envoyés du gouvernement en Egypte (Wisner), considèrent que Moubarak n'est pas "sauvable" qu'il a passé le point de non retour, et qu'il doit partir pour sauvegarder la stabilité et l'ordre social du pays.
mais que ce changement devrait être progressif, exactement pour les mêmes raisons. Dans ce plan, Moubarak pourrait rester donc au pouvoir nommément, comme plus haut, et en déléguer la réalité à Suleiman.

http://www.nytimes.com/2011/02/06/world ... pt.html?hp

"The status quo is simply not sustainable." a déclaré Hillary Clinton.


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 Sujet du message: Re: Où va l'Egypte?
MessagePosté: Dim 6 Fév 2011 07:50 
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Tout à fait.

Et Moubarak, qui avait auparavant assuré qu'il irait au bout de son mandat (en septembre 2011), a ensuite annoncé qu'il souhaitait partir mais à condition que la révolte soit terminée. J'entends qu'il est prêt à avancer la date de son départ mais en fonction de la fin de la révolte.

(D'où les pronostics de ma boule de cristal ! ;) )


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