En gros, la clique mafieuse s'entretue et se succède au pouvoir. Les Algériens en ont conscience mais sont prêts à tomber dans le panneau de la menace "étrangère" (les juifs, les Français, les Marocains, les Tunisiens, les Kabyles (!), les évangélistes américains, etc.) pour se souder derrière leurs
bourreaux.
Je crois que les immigrés chinois qui retapent le pays feront les prochains frais du chauvinisme frustré algérien. Et ce sera moche, comme d'habitude.
Ca m'évoque les quasi-prophéties du général de Gaulle :
Citation:
Conseil du 25 juillet 1962.
« Veut-on faire une révolution ? Pour cela, il faut des révolutionnaires. Il faut Robespierre, Lénine ou Mao. Où sont-ils ? Ou bien, veut-on bâtir un État ? Alors, il faut Charlemagne, Richelieu ou Washington. Or, on ne trouve rien de tout cela en Algérie. Seulement des grenouilleurs. Ça va durer encore. Peut-être aussi longtemps que l’Algérie elle-même.
Après le Conseil du 9 octobre 1963.
L’essentiel, c’est que ce sont les Algériens qui ont à faire face à la rébellion des Kabyles, au maintien de l’ordre, à la cohésion nationale. S’ils s’entretuent, ce n’est plus notre affaire. Nous en sommes dé-bar-ras-sés, vous m’entendez ? Les Arabes, les Kabyles, c’est une population fondamentalement anarchique, que personne ne contrôle et qui ne se contrôle pas elle-même. Au lieu de se rassembler pour nous faire la guerre, ils vont se faire la guerre entre eux.
Salon doré, 3 mars 1964.
La seule chose positive que les dirigeants algériens puissent mettre à leur bilan, c’est la coopération avec la France. Tout le reste est un fiasco. De tous les slogans, de toutes les promesses, au nom desquels ils se sont battus pendant huit ans, il ne demeure absolument rien ! Des mythes, du vent.
Samedi 19 juin 1965, 9 heures du matin, dans l’autorail présidentiel.
Il n’y pas d’opinion publique en Algérie. C’est un troupeau de malheureux, qu’on peut soulever par le fanatisme. Ils se sont révoltés contre nous par dignité, parce que nous les avions longtemps traités indignement. Avec la défaite de 40, et puis l’évolution du monde, ils n’ont plus supporté ce qui leur apparaissait auparavant comme une fatalité. C’est pourquoi la population, dans l’ensemble, était favorable à l’insurrection.
Conseil du mercredi 23 juin 1965.
Le pouvoir en Algérie, ce sera : chacun son tour. Et probablement pour longtemps. Le lien qu’avaient créé l’insurrection et la lutte a disparu. Il ne reste que les réalités : la misère, la bagarre. Ben Bella a couvert cela pendant quelque temps, parce qu’il était habile, parce qu’il jouissait du prestige que nous lui avions donné en le jetant en prison, et parce que nous l’avions du même coup écarté des intrigues du FLN qui se tramaient au Caire ou à tunis.
« Voilà Boumedienne et l’armée au pouvoir. Ça ne résout rien. Les bienfaits de la coopération commencent à apparaître.
« L’Algérie, c’était une pagaille avec une couverture, Ben Bella. Mainteant, c’est une pagaille sans couverture.
Salon doré, 22 mars 1966.
L’Algérie est fragile. Les Algériens n’ont encore pas trouvé d’autres moyens d’exister que de nous haïr. Ce n’est pas une solution sûre pour l’avenir.
Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle