Nikesfeld a écrit:
Morsi ne devrait il pas avoir une proximité avec ces "terroristes bédoins" ?
Egypte et Sinaï s'entendent, disons, comme Israël et Palestine.
Nikesfeld a écrit:
S'il était typiquement islamiste pourquoi ne serait il pas plus belliqueux avec Israél ?
Parce qu'il aurait compris qu'il vaut mieux vivre à côté d'Israël (qui peut détruire l'Egypte en une ou plusieurs frappes nucléaires sur le barrage d'Assouan) que détruire le monde arabe et les lieux saints de l'islam en effrayant Israël.
Nikesfeld a écrit:
Par exemple Morsi condamne le régime syrien il s'inscrit dans ce qui est l'origine de son propre régime de fait il affiche un rapprochement avec l'Iran.
Au contraire il affiche, plus fort que le régime militaire précédant, son antagonisme religieux avec l'Internationale chiite, à l'instar de la Turquie d'Erdogan et en concurrence avec elle.
Je développe.
1. Morsi est un sunnite intégriste, ou extrémiste refoulé/modéré par les nécessités politiques imposées par la gestion de l'Egypte (son pays est économiquement dépendant du bloc pro-occidental et peut être anéanti par Israël si ce pays panique). Son sunnisme implique une haine inexpiable du chiisme. Or l'Iran et le régime syrien sont chiites (ou apparentés selon les versions théologiques).
2. Morsi est arabe, à la tête du plus grand pays du monde arabe, son centre démographique, intellectuel et moral. L'Iran, qui tient la Syrie arabe par l'intermédiaire de la tribu arabe d'el-Assad, est persane. Morsi participe aux luttes d'influences qui déchirent le Moyen Orient entre les Arabes, les Persans et les Turcs principalement, les autres ethnies locales ne comptant pour rien d'important. A ce titre, il conteste les dominations iranienne (persane) ou turque sur la Syrie.
3. L'Egypte domina par maintes fois la Syrie et peut présenter une volonté spontannée d'en reprendre le contrôle. Elle y affronta maintes fois les Turcs et il ne serait pas étonnant de voir ces deux puissances régionales lutter de nouveau pour dominer la Syrie, y évinçant une Perse (l'Iran) qui a plus de difficultés à s'y maintenir durablement.
4. Si Erdogan aide et prétend armer les rebelles syriens dans la mesure ou ces derniers, extrémistes sunnites ou non, plaident le retour d'une tutelle turque néo-ottomane sur la Syrie, Morsi est un Frère musulman, mouvement directement affilié aux Frères musulmans syriens qui tentèrent une révolte contre le père el-Assad (1982). Dans la mesure où les rebelles syriens victorieux seraient toujours excités par les Frères musulmans syriens, Morsi aurait la possibilité de renouer avec les grandes alliances entre Egypte et Syrie.
Par contre, si les rebelles syriens sont excités ou dépassés par des salafistes (extrémistes sunnites concurrents des Frères musulmans), la rébellion syrienne pourrait échapper aux contrôles de Morsi et d'Erdogan.
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Pour moi, Morsi semble renouer avec la politique impériale des pachas, activant ses alliances avec les Frères musulmans de Syrie. Dans tous les cas, il tente en Syrie de déjouer les convoitises d'Erdogan et la domination iranienne. Dans tous les cas, il œuvre en Syrie contre el-Assad et ses alliés iraniens.
"L'Orient compliqué" n'est qu'un jeu de stratégie à multiples joueurs et d'infinies grilles d'alliances.
Nikesfeld a écrit:
Disons qu'à mon avis le prisme renvoyé par les dépéches actuelles nous cache la réalité des rapports de force réels en Egypte.
Ca n'est dû qu'à la superficialité des journalistes occidentaux.
Nikesfeld a écrit:
Je pense qu'il y a d'autres lignes de fracture dont on ne se rend pas compte qui font qu'on accepte là bas que Morsi soit le président.
La mode intégriste sunnite, les suffrages législatifs, une myopie américano-saoudienne (enfin, "myopie" est condescendant de ma part, le couple affermissant bon an mal an sa domination depuis 1945).
Alain.g a écrit:
A mon avis, Morsi montre trop qu'il est en négociation avec les EU.
Signifiez-vous : "vis-à-vis de ses électeurs" ?