carlo68 a écrit:
Geopolis a écrit:
Néanmoins, les informations laissent plutôt accroire que les loyalistes ont commis le massacre, ce qui invalide votre démonstration.
Vos informations, parce que sur Houla, rien de tangible ne permets d'affirmer cela et l'expérience de la désinformation qui accompagne les campagnes militaires nous obligent au contraire à la plus grande prudence. Mais bon...
Je parle bien des informations générales (JT occidentaux) servies par les grandes agences de presse. Elles sont, opportunément pour une fois, accompagnées par les douteuses officines djihadistes et contestées par les douteuses officines pro-syriennes (quelques faux-nez médiatiques syriens, iraniens et russes).
Si les officines djihadistes et pro-syriennes affirment quelque chose, on doit évidemment envisager le contraire. En l'occurrence, deux propagandes mensongères accusent mutuellement l'ennemi du massacre et l'une doit bien avoir raison pour une fois. Or qu'il s'agisse de loyalistes tuant des rebelles ou de rebelles tuant des rebelles pour accuser des milices loyalistes, il reste que ce sont des populations rebelles qui sont visées et qu'en France l'alignement des tueurs n'importe pas.
carlo68 a écrit:
Un changement de régime ne serait ni libéral ni "totalitariste" (qu'est-que cette chose?)
Si les sunnites syriens chassent le régime, ils seront débordés (comme en Iran ou en Afghanistan) par un totalitarisme nihiliste musulman.
carlo68 a écrit:
ce serait surtout le risque d'une porte ouverte au chaos, à la guerre civile
A 1.000 morts par mois, c'est déjà une sacré guerre civile, qui atteint le taux de létalité de la seconde guerre civile algérienne.
carlo68 a écrit:
à l'épuration ethnique et que sais-je encore?
Pas d'épuration ethnique puisqu'il s'agit d'Arabes tuant des Arabes (ou pour quelques ethnicistes pointilleux de Syriaques arabisés tuant des Syriaques arabisés). Ce qui est en jeu en cas de chute du régime est une épuration religieuse (suppression des Arabes syriens alaouites et chrétiens) et politique (suppression des progressistes laïcs loyalistes et libéraux rebelles).
carlo68 a écrit:
Situation à côté de laquelle l'actuelle nous paraîtrait tranquille.
Personnellement, je pense qu'il vaut mieux pour la Syrie et le monde arabe que le gouvernement syrien tienne en brûlant une bonne partie de ses Arabes sunnites, il en a les moyens matériels et humains. Erdogan, les monarchies arabes et les USA préfèreraient que le régime tombe.
Nos tendresses démocratiques et libérales occidentales sont ici largement dépassées par les nécessités de l'affrontement entre chiites et sunnites.
carlo68 a écrit:
Une école soviétique! Il ferait mieux de suivre l'école occidentale, nettement plus efficace (bien que la déportation massive, dont le modèle soviétique est relativement spécifique, ait démontrée une certaine efficacité sur le long terme). Blague à part, il n'y a pas de spécificités soviétiques qu'on puissent retrouver dans les méthodes syriennes.
Mêmes matériels militaires, mêmes organigrammes des forces armées, mêmes couches des moyens armés de contrôle du pays, mêmes polices politiques. En fait, les officiers syriens sont tous formés dans les écoles militaires soviétiques puis russes.
La seule différence est qu'au contraire de son père l'actuel président syrien est un tendron occidentalisé par ses études et sa première carrière et qu'il n'a osé étouffé la contestation sunnite avec la même efficacité que son père en 1982. Ce dernier avait écrasé en quelques semaines un foyer de contestation extrémiste sunnite et les 15.000 à 30.000 cadavres retirés des décombres avaient dissuadé les autres sunnites de développer une quelconque rébellion pendant presque trente ans.
Si le régime avait osé le même politicide en 2011, il était débarrassé. Là, il suit plutôt une voie algérienne, à plus de 1.000 par mois sur plus de dix ans, avec le risque d'une ingérence étrangère mais la possibilité que les rebelles restent ensuite aussi tranquilles que les Algériens aujourd'hui.
carlo68 a écrit:
Dans ces régions cela fait des siècles qu'on mate des rebellions pas besoin d'école soviétique...
En cela, Bachar est effectivement mauvais élève. Comme vous le dites, les rébellions d'Orient ne sont matées efficacement que par d'importants démocides revendiqués et assumés. C'est aussi la tragédie israélo-arabe, où l'envahisseur vainqueur ne parvient pas à suivre la logique régionale de domination.
carlo68 a écrit:
Mais c'est bien le welfare state qui a durablement anesthésié l'influence soviétique dans nos pays.
Ou l'inverse, il s'est développé par admiration de la résistance communiste dans les pays occidentaux après la Seconde Guerre mondiale, avant de refluer par défiance envers le totalitarisme communiste.
carlo68 a écrit:
Le libéralisme a seulement été le moyen de mieux équilibrer et utiliser les budgets, en particulier celui de la défense qui a été un moteur économique majeur.
Pas seulement, quand même : face aux réalités révélées dans les régimes communistes, nos libertés devenaient plus qu'un moyen mais une fin en soi.
carlo68 a écrit:
Vous pensez choisir vos maîtres? Outre l'oxymore, on peut en effet se poser la question de la naïveté.
Pour un déterministe comme moi, toute liberté est une illusion. Je dois faire comme si, sinon la romantique responsabilité n'est plus. Ma naïveté est ici volontaire et consciente mais poétique.
carlo68 a écrit:
Certains seraient prédestinés à cette bassesse morale qui n'aurait aucune corrélation sociale et ce trouverait également répartie dans les diverses couches de la société? Pourquoi pas, reste qu'il me semble que l'on s'exprime différemment dans le crime selon son origine.
Mes grands-parents, issus du sous-prolétariat agricole et ouvrier, étaient révoltés par ce préjugé moderne. Ils sortaient de familles très pauvres qui ne supportaient pas le crime ou la délinquance. Mes parents d'élèves de ZEP partagent la même indigestion, indignation, intolérance réactionnaire.
carlo68 a écrit:
Cela signifierait que comme nos prisons sont l'exact reflet social de nos sociétés, que la classe moyenne par exemple y est aussi présente dedans que dehors?
Et que nos habitants les plus pauvres, ceux des villages ruraux, y sont les plus représentés ?
Non.
Je répondrais en lacanien que nos prisons sont remplies d'hommes immatures sans pères ni repères moraux et que la libéralisation de l'éducation en est responsable, ce qui ne fait pas de moi le plus grand libéral qui soit.
carlo68 a écrit:
Geopolis a écrit:
La libre détermination des Etats. Notre alliance s'est contractée au temps du combat de monde libre (des Etats libres) contre le totalitarisme communiste qui inféodait les nations aux caprices soviétiques.
Votre vocabulaire est indéniablement fleuri, mais il manque tant de neutralité! Comme il serait bon que les choses aient été si simples.
J'exprime une opinion dominante dans le monde libre durant la guerre froide. C'est au nom de cette liberté que l'Europe de l'Ouest consentait à un coûteux réarmement contre l'URSS ou que des Afghans s'alliaient à des djihadistes arabes et turco-indiens pour chasser les communistes d'Afghanistan. Bien sûr que c'est simpliste, mais ne dit-on pas que les grandes choses sont simples ?
Regardez la Syrie, c'est simple : il s'agit de savoir si l'on préfère le pouvoir aux mains des sunnites ou des chiites. Il n'y aura pas de cohabitation ni d'amour interconfessionnel possible.
Ce qui est compliqué au sujet de la Syrie, c'est la couverture médiatique. Les officines pro-rebelles ou pro-loyalistes sont malhonnêtes et biaiseuses et se livrent à la désinformation, masquant leurs souhaits véritables en ce qu'elles les savent machiavéliques et immoraux. Les journalistes occidentaux sont sincères mais superficiels et trompés par leurs lunettes multiculturalistes qui leur font considérer les Syriens comme des journalistes occidentaux arabophones avec des passeports syriens. Pour eux, un enfant syrien qui pleure à l'écran n'est pas un compagnon ou un ennemi qui s'armera dans dix ans.
Alors, pro-sunnite ou pro-chiite ? Je suis pour un rééquilibrage au profit des chiites parce que les sunnites se laissent corrompre par la propagande djihadiste. Je suis favorable à un monstre, le régime syrien, contre un autre, le djihadisme sunnite international. L'Orient est un monceau d'égoïsmes emboîtés les uns dans les autres. Les grandes choses sont simples et l'Orient compliqué - pour les Occidentaux - est une grande chose.