Désolé de répondre si tard, je n'avais pas eu le temps de finaliser ma réponse.
Geopolis a écrit:
Je parle bien des informations générales (JT occidentaux) servies par les grandes agences de presse. Elles sont, opportunément pour une fois, accompagnées par les douteuses officines djihadistes et contestées par les douteuses officines pro-syriennes (quelques faux-nez médiatiques syriens, iraniens et russes).
C'est justement là le problème, depuis le début de la crise nous privilégions les sources hostiles: OSDH ou reporters
embedded par l'ASL. Et surtout, comme en Libye, nous suivons la ligne éditoriale d'al-jazeera. Les officines "djihadistes", si elles sont anti-bashar trouveront toujours à s'exprimer dans nos médias, les pro-syriens, y compris des religieux qui ont plusieurs fois cherchés à donner une vision un peu moins unilatérale, sont systématiquement minorés.
Geopolis a écrit:
Si les officines djihadistes et pro-syriennes affirment quelque chose, on doit évidemment envisager le contraire. En l'occurrence, deux propagandes mensongères accusent mutuellement l'ennemi du massacre et l'une doit bien avoir raison pour une fois. Or qu'il s'agisse de loyalistes tuant des rebelles ou de rebelles tuant des rebelles pour accuser des milices loyalistes, il reste que ce sont des populations rebelles qui sont visées et qu'en France l'alignement des tueurs n'importe pas.
D'après le correspondant du Frankfurter Allgemeine, les victimes de massacres à Houla sont bien chiites. Dans cette affaire syrienne, il serait trop simple que les victimes civiles ne soient le fait que de l'armée et que la population soit rebelle par essence… De plus le récent rapport de l'ONU parle bien de responsabilités partagées, mais trop timoré, il a du mal à faire la part des choses entre les victimes de combats et les victimes de massacres. Les Russes s'en sont plaints, les Syriens ont quittés la salle...
Geopolis a écrit:
Si les sunnites syriens chassent le régime, ils seront débordés (comme en Iran ou en Afghanistan) par un totalitarisme nihiliste musulman.
Peut-être, et si ils arrivent à renverser le régime, ce sera grâce aux éléments les plus radicaux qui voudront appliquer un calque de la situation en Arabie Saoudite, les juteux dollars en moins... Mais pourquoi parler de "totalitarisme nihiliste musulman", je ne vois pas bien ce que vous cherchez à identifier, ce qui suivra c'est simplement le bordel avec des élections "démocratiques" et quelques ilots sécurisés qu'on élèvera en modèles de société.
Geopolis a écrit:
A 1.000 morts par mois, c'est déjà une sacré guerre civile, qui atteint le taux de létalité de la seconde guerre civile algérienne.
Le nombre de morts en Syrie est un chiffre loin d'être établi, j'attendrais un peu avant d'en avancer le moindre.
Geopolis a écrit:
Pas d'épuration ethnique puisqu'il s'agit d'Arabes tuant des Arabes (ou pour quelques ethnicistes pointilleux de Syriaques arabisés tuant des Syriaques arabisés). Ce qui est en jeu en cas de chute du régime est une épuration religieuse (suppression des Arabes syriens alaouites et chrétiens) et politique (suppression des progressistes laïcs loyalistes et libéraux rebelles).
Vous avez raison, mais êtes-vous aussi pointilleux lorsque le TPI condamne pour nettoyage ethnique?
Geopolis a écrit:
Personnellement, je pense qu'il vaut mieux pour la Syrie et le monde arabe que le gouvernement syrien tienne en brûlant une bonne partie de ses Arabes sunnites, il en a les moyens matériels et humains. Erdogan, les monarchies arabes et les USA préfèreraient que le régime tombe.
Nos tendresses démocratiques et libérales occidentales sont ici largement dépassées par les nécessités de l'affrontement entre chiites et sunnites.
La vérité est que d'après moi il ne doit même pas brûler une bonne partie de ses sunnites, puisque la plupart sont calmes. Si la contestation n'était ne fût-ce qu'un peu majoritaire (si elle animait disons 40% des sunnites) elle aurait déjà gagné. Bashar El-Assad a dans une interview récente fait la comparaison avec Moubarak et le Shah d'Iran, et remarque que tous les deux reposaient sur des systèmes militaro-policiers impressionnants, pourtant ils se sont écroulés rapidement. Je crois que la comparaison est assez juste, même si l'Algérie offre a priori un exemple contraire, mais qui illustre peut-être la distance entre un vote (pour le FIS) et une volonté de renverser les structures, la différence entre une aventure et l'aventure. Car ce sont bien certaines officines rebelles qui cherchent à faire de ce conflit un affrontement communautaire, en exagérant la mainmise alaouite et sans noter que cette communauté se caractérise surtout par sa tolérance religieuse (en fait les chiites sont presque autant que les sunnites réticents à les considérer comme musulmans).
Geopolis a écrit:
Mêmes matériels militaires, mêmes organigrammes des forces armées, mêmes couches des moyens armés de contrôle du pays, mêmes polices politiques. En fait, les officiers syriens sont tous formés dans les écoles militaires soviétiques puis russes.
Vous simplifiez, la Syrie n'est pas la RDA! Et de toute façon l'équipement militaire d'un pays ou la formation de ses officiers, c'est un peu court pour expliquer ses méthodes répressives, avec des raccourcis pareils le génocide rwandais devient l’application d’une méthode typiquement française!!!
Geopolis a écrit:
Si le régime avait osé le même politicide en 2011, il était débarrassé. Là, il suit plutôt une voie algérienne, à plus de 1.000 par mois sur plus de dix ans, avec le risque d'une ingérence étrangère mais la possibilité que les rebelles restent ensuite aussi tranquilles que les Algériens aujourd'hui.
Peut-être...
Geopolis a écrit:
Ou l'inverse, il s'est développé par admiration de la résistance communiste dans les pays occidentaux après la Seconde Guerre mondiale, avant de refluer par défiance envers le totalitarisme communiste.
Par admiration? Mais non; Voyez Ford, c'est par admiration pour le communisme qu'il payait mieux ses ouvriers que la concurrence?
Geopolis a écrit:
Mes grands-parents, issus du sous-prolétariat agricole et ouvrier, étaient révoltés par ce préjugé moderne. Ils sortaient de familles très pauvres qui ne supportaient pas le crime ou la délinquance. Mes parents d'élèves de ZEP partagent la même indigestion, indignation, intolérance réactionnaire.
Et que nos habitants les plus pauvres, ceux des villages ruraux, y sont les plus représentés ?
Non.
Préjugé moderne? Il y a bien là un des plus vieux qui soit: les pauvres sont dangereux. Ceci dit vous avez raison, nous sommes devenus un peu laxistes avec le braconnage et la sorcellerie. Mais je n’ai dit nulle part que les pauvres étaient moralement inférieurs, et la pauvreté n'est pas en soi le facteur déterminant d'un comportement social délinquant, mais l'écarter d'un revers de main en disant qu'un seul pauvre honnête suffit à le disqualifier me paraît un peu court.
Geopolis a écrit:
Je répondrais en lacanien que nos prisons sont remplies d'hommes immatures sans pères ni repères moraux et que la libéralisation de l'éducation en est responsable, ce qui ne fait pas de moi le plus grand libéral qui soit.
Le profil du prisonnier est donc psychologique. Je vous suis un peu, mais est-ce vraiment la faute de l'éducation? Une sorte de complot de mai 68 avec l'éducation nationale truffée de sous-marins communistes qui n'ont eu de cesse de faire passer leurs idées pernicieuses? Tant qu'à simplifier à outrance, je préfère y voir l’œuvre de tous ces anciens maos (mais combien l'était en réalité) devenus des fils de pub et qui ont mis leur impertinence et leur provocation aseptisées au service du produit. Les marques aujourd'hui ont beaucoup plus de prestige auprès de l'élève "moyen" (toutes classes confondues) que la parole enseignée (bien que mon vécu personnel trouve cette dernière affirmation un peu exagéré, ça dépend de l'enseignant. Mais bon je simplifie à outrance...).
Geopolis a écrit:
J'exprime une opinion dominante dans le monde libre durant la guerre froide. C'est au nom de cette liberté que l'Europe de l'Ouest consentait à un coûteux réarmement contre l'URSS ou que des Afghans s'alliaient à des djihadistes arabes et turco-indiens pour chasser les communistes d'Afghanistan. Bien sûr que c'est simpliste, mais ne dit-on pas que les grandes choses sont simples ?
Ce réarmement couteux procurait plein d'emplois et boostait la recherche, cette idée de monde libre c'est une sottise propagandiste. En quoi un Salvadorien était-il plus libre de son choix qu'un Polonais, un Éthiopien, d'un Nigérian? Nous étions quelques pays a être plus libres que tout ce qui se trouvait à l'Est, étions-nous pour autant un monde? Vous trouverez ma corrélation abusive, mais j'ai du mal à ne pas en voir une entre cette liberté et l'abondance et le contrôle des ressources.
Geopolis a écrit:
Regardez la Syrie, c'est simple : il s'agit de savoir si l'on préfère le pouvoir aux mains des sunnites ou des chiites. Il n'y aura pas de cohabitation ni d'amour interconfessionnel possible.
C'est là où vous vous trompez, liquidez quelques extrémistes, limitez habilement leur "liberté" d'expression, ayez les moyens d'installer une économie qui permettent une certaine redistribution, faites communier votre population dans le mystère de la consommation de masse, vous verrez, il n'en faut pas plus pour créer une société d'amour.
Geopolis a écrit:
Ce qui est compliqué au sujet de la Syrie, c'est la couverture médiatique. Les officines pro-rebelles ou pro-loyalistes sont malhonnêtes et biaiseuses et se livrent à la désinformation, masquant leurs souhaits véritables en ce qu'elles les savent machiavéliques et immoraux. Les journalistes occidentaux sont sincères mais superficiels et trompés par leurs lunettes multiculturalistes qui leur font considérer les Syriens comme des journalistes occidentaux arabophones avec des passeports syriens. Pour eux, un enfant syrien qui pleure à l'écran n'est pas un compagnon ou un ennemi qui s'armera dans dix ans.
Nos journalistes ont l'habitude d'être aux ordres, 40 ans de guerre froide, ça forme le caractère. Pas besoin de lunettes (même si ils en ont plusieurs paires), juste un job à conserver.
Geopolis a écrit:
Alors, pro-sunnite ou pro-chiite ? Je suis pour un rééquilibrage au profit des chiites parce que les sunnites se laissent corrompre par la propagande djihadiste. Je suis favorable à un monstre, le régime syrien, contre un autre, le djihadisme sunnite international. L'Orient est un monceau d'égoïsmes emboîtés les uns dans les autres. Les grandes choses sont simples et l'Orient compliqué - pour les Occidentaux - est une grande chose.
Mais que voulez-vous, nous avons décidé que les sunnites seraient les hérauts du libéralisme...