Un article du Nouvel Obs sur le sujet :
http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20120716.OBS7382/mali-comment-la-france-peut-elle-intervenir.html?xtor=RSS-17Citation:
MALI. Comment la France peut-elle intervenir ?
Si l'idée d'une intervention au Mali fait son chemin, un ex-directeur du collège Interarmées de la défense estime que la marge de manœuvre française est réduite.
...
La diplomatie française est en première ligne sur le dossier du Mali, mais reste prudente. La France peut-elle intervenir militairement ?
- Tout dépend du projet stratégique. S'il s'agit de tenir l'ensemble du Mali, il faudrait projeter un contingent important au vu de l'étendue du pays. Difficile de dire combien d'hommes seraient nécessaires, mais il me paraît impossible pour la France d'intervenir. Nos troupes sont réduites du fait qu'elles sont déjà engagées sur d'autres théâtres d'opérations, en Afghanistan notamment.
Quelle est la particularité d'un terrain comme le Sahel ?
- Le premier problème que pose le Nord-Mali est la distance : elles sont gigantesques. Ce qui pose des problèmes en matière logistique car il faut des moyens de transports importants. Nous avons de nombreux hélicoptères mais ils sont limités car engagés ailleurs.
Ensuite, il y a l'extrême dureté du climat, surtout en ce moment, qui rend toute intervention sur le terrain très pénible.
...
Quelles sont les autres solutions ?
- Il n'y a que deux catégories d'actions qui me paraissent possible : soit une intervention directe des forces spéciales. Il y en a déjà sur le terrain qui aident les troupes légalistes de Bamako. Elles agiraient de manière très ponctuelle sur des objectifs d'opportunités qui viendraient à être dévoilés. Et cela, on sait le faire. Nous avons un dispositif de surveillance qui le permet. Nous avons tous les satellites d'observation avec des résolutions suffisamment fines qui peuvent nous aider à trouver des colonnes ou des PC intéressants à frapper grâce à des raids aériens. En revanche, cela me paraît compliqué de frapper dans les villes.
Soit une intervention indirecte qui pourrait passer par une livraison d'armes à l'armée malienne pour qu'elle puisse défendre Bamako et toute la région du sud.
Et comment peut-on s'y prendre pour chasser les islamistes qui occupent tout le Nord ?
- C'est une opération qui peut se mettre en place mais elle serait de longue haleine et ne pourrait se jouer que sur la durée. L'exemple du Tchad nous l'a enseigné. Tout est politique après. Notre gouvernement, alors qu'il se désengage d'Afghanistan, va-t-il s'engager dans une affaire longue et lourde ? Nous avons déjà plusieurs fers au feu : la Syrie, le Liban… On ne peut pas tout faire, d'autant que la crise économique réduit nos capacités d'action.
Et puis, le gouvernement actuel a reproché au précédent d'être trop interventionniste. Va-t-on de nouveau se laisser happer par cet appel permanent de l'intervention ? Cela reste à savoir.
...
Reste la solution de la sous-traitance du conflit aux pays voisins du Mali, comme semble l'envisager le gouvernement…
- La seule solution internationale, c'est l'Union africaine, C'est la voie la plus rapide et la mieux organisée, mais à condition de les aider. Et ce ne sont pas les Américains qui le feraient.
Nous avons encore des bases à Dakar, à Djibouti, mais surtout dans le golfe de Guinée et au Tchad. Après on relaie et on s'organise. Les conclusions du dernier Livre blanc de la Défense ont entraîné la diminution de notre présence en Afrique. Or on voit bien que nous y avons encore des intérêts et notamment d'ordre sécuritaire.