Il est archi connu que depuis Pierre le Grand, la Russie a pour souci d'acquérir des ports qui évitent son isolement maritime, car en dehors de Mourmansk et de Vladivostok, les ports de la Mer noire sont tributaires des Dardanelles et Kronstadt sur la Baltique est tributaire des détroits danois. Quelques souvenirs me rappellent que le Tsar Nicolas II espérait à l'issue d'une première guerre mondiale victorieuse récupérer au moins Constantinople, sinon la Turquie d'Europe. Londres n'était pas tellement d'accord, de toutes manières la révolution de 1917 a chamboulé le programme. Du temps de l'Union soviétique, les dirigeants ont eu le même souci géopolitique. Cuba fut bien sûr une bénédiction de part sa position géographique. A l'issue de la guerre du Vietnam, l'immense base de Da Nang (le Tourane de la colonisation française) aménagée par les Américains était bien tentante, mais au bout de quelques années, les Vietnamiens ont apparemment repris leur souveraineté. Même la guerre d'Afghanistan n'avait pas pour but de conquérir ce pays où il ne pousse que du pavot et du cannabis, mais une fois implanté à Kaboul, l'URSS pouvait se servir de l'irrédentisme Pachtou pour créer une scission du Pakistan et arriver à Karachi sur le golfe d'Oman. Il y a des endroits où des actions en sous-main n'étaient pas impossibles. Des camarades anglais du renseignement m'avait dit avoir évoqué l'hypothèse que derrière certaines fractions de l'IRA, Moscou pouvait être présent. Des facilités portuaires auprès d'une nation amie au Nord Ouest de l'Europe , quel coup de maître ! Quand les relations soviéto-algériennes étaient chaleureuses, un soutien aux revendications du Polisario pro-algérien pouvait en cas de succès contre le Maroc offrir de facilités portuaires dans l'ancien Rio de Oro espagnol. Enfin, en Méditerranée, la Flotte soviétique, détachée de Mourmansk qui y croisait, avait pour seule possibilité d'escale le port de Tartous en Syrie. A la chute de l'Union soviétique, les nouveaux dirgeants n'ont pas "fait du passé table rase". Les relations avec la Syrie ont été très chaleureuses et le port de Tartous a été aménagé et agrandi de façon à pouvoir soutenir et au besoin réparer la flotte russe de Méditerranée. Je n'irai pas jusqu'à dire que le soutien actuel de Poutine à Hassad a pour unique raison cet avantage géopolitique, mais quand on envisage cette question syrienne, il faut y penser accessoirement.
_________________ " Jeune homme, la France se meurt, ne troublez pas son agonie " (Renan à Déroulède)
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