Le salon géopolitique de Passion-Histoire

C'est ce que les économistes appellent le « keynesiannisme » de guerre.

Samedi 7 Mai 2022, vous avez écrit qu'il fallait s'attendre à ce que l'économie russe soit « drastiquement touchée par les retombées des sanctions occidentales ».

C'est quoi au juste le but de ce message ?
De revenir le 31 janvier 2024 sur une polémique que vous construisiez déjà en septembre 2022 ?
Si vous ne saisissez pas la différence entre des effets [négatifs] "significatifs" et une "cessation de paiement", je ne peux rien pour vous...
Déjà que vous passiez votre temps à citer des articles qui enterraient la Russie économiquement - pour appuyer votre idée -, on ne peut pas dire que vous étiez très perspicace à cette époque.

Maintenant, il me semblait que depuis trois pages déjà (et plusieurs mois) nous échangions sur la situation actuelle, c'est-à-dire de l'hiver 2023/2024.
Tâchons de nous y tenir.

Je n'accorde qu'une confiance limitée aux auteurs russophiles comme Emmanuel Todd ou Jacques Sapir mais im faut reconnaître qu'on ne voit aucun indice d'un effondrement de l'économie russe depuis deux ans...

On voit plutôt l'intensification des échanges avec la Chine et l'Inde...

Et on voit aussi une capacité inattendue des industriels russes à répondre aux besoins des militaires...y compris dans les secteurs technologiques.

J'en déduis que les dirigeants occidentaux ont commis deux erreurs : sous-estimer la résilience russe...et ignorer le fait que la Russie n'est pas du tout isolée. Cela interroge sur les capacités d'évaluation des administrations de Paris, Bruxelles ou Washington...

En revanche je prévois deux problèmes pour les Russes :
Dépendance extrême à l'égard des chinois et des indiens
Problèmes futurs de reconversion de son industrie qui comme à l'époque soviétique est dominée par le complexe militaro industriel..

Les dirigeants occidentaux font quelquefois des erreurs mais il n'ont pas fait l'erreur de rester les bras croisés. Ils ont pris des initiatives. Ils ont immédiatement annoncé des sanctions après le 24 février 2022. On peut discuter de l'efficacité des sanctions, mais les sanctions étaient nécessaires pour montrer la désapprobation de l'Occident.
Jacques Sapir et d'autres analystes affirment que l'industrie d'armement fonctionne bien malgré les sanctions. Cela est indéniable mais la quantité et surtout la qualité des armes et munitions seraient sans doute meilleures sans les sanctions.
Vladimir Poutine, a reconnu mercredi 29 mars que les sanctions internationales visant Moscou pour son offensive en Ukraine "peuvent" avoir des conséquences "négatives" à "moyen terme" sur l'économie russe, après avoir pourtant vanté durant des mois l'adaptation de la Russie face à cette nouvelle conjoncture.
La Russie a enregistré une croissance de 3,6 % en 2023. « Il faut relativiser ce succès » affirme l'économiste Vladislav Inozemtsev. L'économie russe bénéficie des très larges dépenses de l'Etat, à hauteur de 8.300 milliards de roubles (90 milliards d'euros), soit 4,85 % du PIB. Cet argent est tiré des fonds de réserve et des exportations pétrolières.




En ce qui concerne la "technologie", la résilience de la Russie est incertaine. Les effets des sanctions ne doivent pas être sous-estimées (cf. Agathe Demarais).




Le principal danger pour l'économie porte un nom : Poutine. C'est lui qui a décidé l'opération Z dont les conséquences économiques sont considérables. La pénurie de main d'œuvre est le principal problème. Les hommes ne peuvent pas être au four et au moulin. Les effectifs de l'armée ont fortement augmenté, ce qui est inévitable dans un contexte de guerre longue. On approche du 800ème jour de guerre.
La hausse des taux d'intérêt est un autre problème plus ou moins grave. Elle est nécessaire pour enrayer la baisse du rouble. Cette baisse est une conséquence de la guerre et des sanctions économiques. La hausse des taux d'intérêt n'encourage pas les investissements dans le secteur privé.

Je ne suis pas certain qu'un autre dirigeant russe agirait différemment...et puis quel est l'intérêt de stigmatiser un seul homme ? A ce petit jeu on pourrait reprocher à Biden de ne pas avoir été capable de faire passer un.m message clair à Moscou avant la guerre et de laisser tomber les Ukrainiens aujourd'hui...

Plus sérieusement la certitude que les sanctions allaient faire plier les Russes était une erreur grave d'analyse reposant sur une évaluation très fautive des réalités économiques.

Sans oublier l'impact négatif des sanctions sur les économies ouest européenne- impact réel à court terme ( je pense aux prix de l'énergie en 2022).

Un article dirigé contre notre pays mais qui révèle de façon intéressante les limites des sanctions ...en l'occurrence il s'agit là de gaz...

https://www.courrierinternational.com/a ... -en-europe


Et ici d'uranium :

https://www.latribune.fr/climat/energie ... 94123.html

C'est tout le noeud du problème.
Les Etats-Unis, dont l'économie ne dépend pas des hydrocarbures russes, peuvent avoir des actes conformes (plus ou moins) à leurs discours de politique étrangère.
La France et l'Allemagne dans la situation actuelle non. Ou alors c'est du suicide organisé - la stagnation des économies allemande et française n'est d'ailleurs pas étrangère à ce choix funeste.

C'est du suicide organisé. L'industrie n'est que de l'énergie transformée. Nous refusons de rechercher du gaz de schiste sur notre territoire et de l'exploiter. Nous mettons tous les bâtons dans les roues dès qu'une usine parle de s'implanter qualque part au nom du principe NIMBY, nous les poussons gentiment ailleurs, comme cette usine Le Duff qui a préféré aller au Portugal plutôt que rester en Bretagne devant l'avalanche de procès qui se succédaient. Il y en a d'autres, comme cette entreprise de transport qui est désormais en Pologne où les contraintes administratives sont moindres.

Dieu merci, nos rois ont eu le goût de la bâtisse, ce qui promeut le tourisme. Vous verrez que le béret et la baguette sous le bras seront obligatoires (je plaisante)

https://france3-regions.francetvinfo.fr ... 83426.html

En fait, la première sanction économique (et démographique) de la Russie n'est-elle pas directement l'usure de cette guerre d'Ukraine ?