Le salon géopolitique de Passion-Histoire

"Brader" ... S'ils le vendent à ce prix-là, c'est qu'ils y trouvent leur compte. Leurs réserves en devises fortes étant au maximum, ce n'est pas l'augmentation de cette réserve qu'ils visent.

En fait, il y a 2 solutions. La première soit que leurs réservoirs débordent, et donc ils auraient le choix entre le vendre au mieux disant ou cesser l'exploitation de leurs puits. Pendant la crise du Covid, il y a eu des prix négatifs, car les sociétés qui exploitaient les puits préféraient le vendre plutôt que de perdre de l'argent en cessant de produire. La seconde solution est que les russes vendent à prix d'amis à ceux qui ne leur ont pas tourné le dos... Mais, sûrement pas qu'ils "bradent pour obtenir des devises étrangères".

De plus, Poutine a déclaré qu'il voulait que l'industrie russe cesse de dépendre du cours du dollar. Du coup, les entreprises russes vont payer les investisseurs étrangers en rouble. Il faudrait savoir si les pétroliers russes acceptent d'être payés en dollar, en roupie indienne ou en rouble ...

Comme l'écrit Jean-Marc plus haut, il est possible que cela soit le signe de la fin du pétrodollar.
En laissant un front de pays émergents bienveillants à l'égard d'une Russie sanctionné par l'Occident, il est fort possible que ce front marque la fin de ce symbole de l'hégémonie financière américaine.
Il faudra observer les conséquences dans les semaines à venir, car il me semble bien là que les Occidentaux (les Européens les premiers) se soient tirés une belle balle dans le pied.
Je n'ose imaginer ce qu'il adviendrait en Europe si Poutine coupait les vannes de son gaz et de son pétrole.

Certains pays comme l'Allemagne, la Finlande; les états Baltes, la Hongrie et d'autres s'arrêteraient. Mais d'un autre côté, les Russes ont besoin de l'argent généré par ces ventes, du moins pour le moment.

Il n'y a pas que le gaz et le pétrole, des produits alimentaires risquent de manquer comme l'huile de tournesol, puisque la Russie et l'Ukraine produisent 80% des graines dans le monde. Le blé nous gênera moins, mais certains pays d'Afrique du Nord risquent d'être touchés avec la possibilité de révoltes violentes. Dans une économie mondialisée, il est difficile d'exclure totalement un pays gros fournisseur de matières premières comme la Russie. Des composants comme les faisceaux électriques de voiture sont produits en Ukraine, pays à bas coût de main d'oeuvre, les usines automobiles vont être à l'arrêt.

Tout ceci, et je n'ai fait qu'effleurer le sujet, risque d'entraîner une forte inflation et une récession.

Là nous tombons dans de la politique fiction dont nous sommes loin de maitriser tout les tenants. Sachant que nombre de variables nous sont inconnus (en 2019 qui aurait parié sur une crise sanitaire de l'ampleur du covid)

A.

Sauf qu'il y a déjà des entreprises qui s'arrêtent de produire, malgré un carnet de commande plein. Il y a 2 raisons à ces arrêts. La première, ce sont les entreprises qui n'arrivent plus à obtenir certaines matières premières, car elles étaient produites, soit en Russie, soit en Ukraine. La seconde raison est la volatibilité des prix de l'énergie et d'autres matières premières; ces entreprises voient leurs marges disparaitre. Elles ont donc le choix entre produire à perte ou perdre des clients en réajustant les prix. C'est quoi une "fiction" qui est en train de se dérouler dans le monde réel. Vous nommez cela comment ?

Les pays occidentaux peuvent "encaisser" une petite récession. C'est le prix à payer pour faire des sanctions.

Ce n'est pas l'Occident qui va souffrir.
En raison du blocage de productions agricoles en Ukraine et en Russie, et de la flambée des prix, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a estimé lundi 14 mars que la gu erre en Ukraine portait les germes d’« un ouragan de famines » dans de nombreux pays.

Au total, « 45 pays africains et pays les moins avancés importent au moins un tiers de leur blé d’Ukraine ou de Russie – 18 de ces pays en importent au moins 50 %. Cela comprend des pays comme le Burkina Faso, l’Egypte, la République démocratique du Congo, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen », a indiqué le chef de l’ONU, en réclamant à nouveau un arrêt au plus vite des hostilités.

Les sanctions ne vont pas empêcher l'armée russe de poursuivre les combats. Elles vont quand même provoquer une grande crise économique en Russie. Cette crise sera visible dans quelques mois.

La production agricole russe n'est pas bloquée, celle de l'Ukraine l'est. La Russie peut donc exporter son blé ou ses graines de tournesol, le problème est de se faire payer avec ses banques qui ne peuvent utiliser Swift. Il faut donc trouver un autre mode.

Mais avec les augmentations de prix, effectivement, ça risque de tanguer, et la Russie a peut être un coup à jouer en cassant les prix et s'attirer la reconnaissance de quelques régimes peu démocratiques.

Je ne sais pas ce que le gouvernement russe va essayer de faire. Ce qui est certain, c'est qu'il ne pourra pas empêcher une terrible crise économique avec une forte contraction du Pib et une dégringolade du rouble. Et probablement un défaut de paiement avant la fin de l'année.
Le risque d’un défaut de paiement russe, évoqué après l’imposition de lourdes sanctions occidentales à l’encontre du Kremlin, était évoqué la semaine dernière. Mais il n'a pas eu lieu.
La Russie avait jusqu’au 16 mars pour payer 117 millions de dollars liés à ses emprunts sur le marché obligataire. On craignait un défaut de paiement, mais la Russie a payé. Les prochaines échéances seront difficiles.
En Russie, la terrible crise de 1998 est dans toutes les mémoires.

C'est beaucoup moins certains pour le rouble. La Russie vient d'annoncer qu'elle n'accepterait que le rouble en paiement de ses exportations de gaz, faute de quoi celles-ci cesseraient. Cela a déjà fait remonter la monnaie, il faut des dollars et des euros pour acheter du rouble, et tout ce qui est rare est cher.

C'est astucieux et immanquable !

Je ne sais pas exactement ce qu'est le système Swift, mais si un pays comme la Chine s'entremet - ce qui pourrait se faire au nom de motifs humanitaires, tranquille... - elle pourrait faire transiter par chez elle le blé pour lequel certains pays africains crient famine. En prime ils lui en sauraient gré !

(Toute cette affaire ukrainienne est du pain béni pour les Chinois, dont je pense qu'ils achètent du pétrole russe et des matières premières russes à moindre prix. - Je me trompe, là-dessus ? En tous cas c'est ce que fait l'Inde.)