pierma a écrit:
On a rappelé plus haut que les statuts de l'OTAN lui interdisent d'intégrer un pays qui a un conflit frontalier ouvert
C'est bien pour cela qu'il n'avait justement pas à craindre une entrée à court terme, avec la guerre au Donbass déjà en cours.
pierma a écrit:
Vous parlez de la Pologne, mais elle est déjà dans l'OTAN et Poutine n'attaquera pas l'OTAN, ce serait une guerre totale en Europe centrale. Poutine est gourmand mais il n'est pas fou.
Précisément. On n'est sûr de rien. Il n'est pas fou, mais sa logique est différente de celle des pays occidentaux. Plus il se rapprochera de l'Ouest de l'Ukraine, plus un engagement avec l'OTAN est une possibilité, notamment un clash dans un des espaces aériens frontaliers. L'aviation russe d'un côté de la frontière ukrainienne, les aviations occidentales de l'autre (dont les avions français en Pologne).
Sur la logique de Poutine, il n'est pas inutile de lire ou relire sa
dissertation de l'an dernier, annonçant sa vision d'une unité des peuples "ethniquement russes" (sic... la pensée tribale est définitivement imperméable à la logique de notre république), qui n'est pas sans rappeler une certaine vision de l'unité des peuples ethniquement allemands):
https://france.mid.ru/fr/presse/russes_ukrainiens/Dupleix a écrit:
Ce qui me semble le plus mystérieux c'est la nature du calcul fait par Poutine.
A-t-il tablé sur une désunion / reculade / lenteur de réaction des puissances occidentales
C'est là la question. Il imaginait une entrée en libérateur, accueilli par une population ukrainienne russophile conquise et avide d'avoir le passeport russe. Dans cette vision, il était inimaginable que Kharkiv résiste à ce point, cette ville si proche de la frontière.
Duc de Raguse a écrit:
la stratégie de Poutine d'attaquer l'Ukraine se révèle pour le moment totalement contre-productive. Non seulement les Ukrainiens ne capitulent pas - comment espérer qu'un peuple agressé par son voisin puisse se rendre sans combattre ?
Totalement d'accord avec vous. Il espérait une sorte d'Anschluss après une victoire en 48h renversant Zelensky. Les Ukrainiens ont montré leur attachement à leur identité propre (on a parlé des noms de ville, ce sont les Ukrainiens qui ont mis un point d'honnneur à ce que l'orthographe ukrainienne soit respectée). La stratégie de Poutine est contre-productive à plus d'un titre:
- non seulement Poutine ne sera pas le grand unificateur de la grande Russie qu'il voulait être pour la postérité, mais il est vu désormais comme un monstre par le peuple ukrainien, à juste titre (bombardement d'hôpitaux, d'habitations civiles, etc)
- son image est ternie en Russie, malgré la propagande. Le conflit qui se prolonge, les premiers cercueils de soldats russes retournant à la mère patrie, ce n'était pas prévu, et cela va s'intensifier
- les sanctions économiques sont très pénalisantes pour l'économie, qui n'allait déjà pas bien. Le rouble a dégringolé, etc.
La petite armée ukrainienne ne peut pas terrasser la marée russe, mais la tactique de résistance, de guérilla, chère aux cosaques d'Ukraine, a montré en maints théâtres, dont l'Afghanistan, le coût qu'une telle guerre peut avoir pour la Russie.