Je ne me hasarderai pas à faire des prévision sur une invasion russe (ou non) en Ukraine.
Le dilemme russe pourrait être justement que si l'Ukraine adhère à l'OTAN, ce sera trop tard pour agir puisque dès lors l'OTAN se devra d'intervenir.
D'un autre côté il n'est pas impossible que, comme le disent certains commentateurs, les gesticulations des deux côtés visent à faire admettre un accord négocié.
Jean-Marc Labat a écrit:
Je dois avouer que je comprends mal la diplomatie occidentale
La raison en est simple : une telle chose n'existe pas.

...
Jean-Marc Labat a écrit:
qui, au lieu de faire de la Russie une ennemie, aurait pu profiter de la chute du communisme pour avoir une part privilégiée dans le développement et les échanges au lieu de les pousser inexorablement dans les bras des Chinois.
... et encore moins sur une durée de 30 ans comme vous semblez l'envisager (de 1990 à aujourd'hui).
Il n'est pas évident de refaire l'histoire... Au moment de la chute du communisme, "pousser les Russes dans les bras des Chinois" était une notion inimaginable, la Chine n'était pas considérée comme une grande puissance comme aujourd'hui. De plus, les pays de l'Est libérés du communisme (Pologne, Etats baltes, Roumanie, etc) considéraient la Russie au minimum comme un danger, avec quelques raisons. Est-ce qu'il était de bonne politique de refuser leur entrée dans l'OTAN et dans l'UE ? Etait-il possible de construire une défense européenne alors que ces pays ne juraient que par le protection américaine (et avec quelques motifs là aussi) ? Etait-il possible, dans les pays occidentaux, de passer outre les massacres en Tchétchénie pour faire ami-ami avec la Russie ?
Si je me souviens bien, de nombreuses entreprises occidentales se sont ruées en Russie dans les années 90, réalisant d'une certaine manière votre souhait d' "avoir une part privilégiée dans le développement" . Je ne sais pas pourquoi cela n'a pas débouché sur de bonnes relations géopolitiques, j'imagine qu'il y a eu un mélange entre la corruption endémique post-chute du communisme, une économie russe qui n'a pas décollé et a déçu les perspectives de croissance, une réaction nationaliste à partir de l'arrivée de Poutine visant à reprendre en main les industries stratégiques, et le fait qu'in fine la Russie exporte essentiellement des matières premières et notamment des hydrocarbures et en a fait une arme géopolitique.
Là où je vous rejoins, c'est sur la palinodie des années 2013-2014, où l'Union européenne (combien de divisions ?) est allée chatouiller les moustaches de l'ours russe en Ukraine. A mon sens, une provocation pour la Russie, perçue certainement comme celle de trop. Je me souviens qu'encore en 2016 certains commentateurs politiques particulièrement perspicaces s'étaient offusqués de "l'anti-européisme" des Néerlandais qui avaient refusé l'accord d'association UE-Ukraine. Comme si être européen c'était fatalement vouloir l'extension indéfinie de l'UE.
La "diplomatie occidentale" n'existe pas, aujourd'hui encore moins qu'il y a 30 ans. En réalité, il y a eu ces dernières années :
- une diplomatie américaine, qui se désengage de l'Europe à un rythme variable mais inexorable, sans renoncer à la traiter en vassale ;
- une diplomatie américano-britannique, visant à transformer l'UE en vaste zone de libre-échange jusqu'aux frontières iraniennes et russes
- une diplomatie britannique post-Brexit qui se veut splendidement indépendante des contingences continentales
- une diplomatie française qui se prenant pour De Gaulle aimerait bien parler haut et fort au nom de l'Europe mais qui est loin d'en avoir les moyens
- une diplomatie allemande, accro au gaz russe depuis sa sortie du nucléaire, qui baisse la tête en plaidant pour un arrangement
- une diplomatie polonaise ne jurant que par les USA et faisant des bras d'honneur à l'UE, et quoi doit se trouver actuellement un peu inquiète
- une diplomatie de l'UE, qui à force de se prétendre une puissance de 400 millions d'habitants - et bien qu'elle n'ait ni politique industrielle ni politique économique - a fini par le croire et se trouve toute dépourvue lorsque la réalité de son insigne faiblesse et de ses divisions insolubles apparaît au grand jour.
Avec tout ça il ne faut pas trop s'étonner si l'agitation diplomatique actuelle donne peu de résultats...