Geopolis a écrit:
c'est le désengagement de ce gouvernement ukrainien pro-russe pour l'intégration dans l'UE qui a soulevé les foules ukrainiennes conduisant à son renversement en 2014, ce qui a déclenché une opération militaire non assumée par la Russie, à l'origine de la guerre actuelle.
C'est juste si on s'en tient à des informations du type de celles qui sont transmises par les agences de presse - sans trop d'explications - et que nous fassions débuter cette histoire en 2013-2014.
En nuançant un peu, on peut se rendre compte que depuis le milieu des années 2000 les élites ukrainiennes sont "retournées" soit par Moscou, soit par Washington. Le tout est de savoir qui est le meilleur protecteur pour elles ; élément qui change au gré des circonstances, d'autant plus qu'elles sont gangrénées par la corruption.
Aussi, "les foules" soulevées en 2014 à Kiev ne me semblent pas plus nombreuses que celles, à l'Est, qui demandèrent le rattachement à la Russie. Dans le temps, on aurait parlé "d'agents provocateurs" (je précise des deux côtés).
Ce qui est certain c'est que les événements de Kiev du printemps 2014 signifiaient pour la Russie la confirmation que cet Etat allait lui échapper et que la majorité de ses élites n'acceptaient plus la vassalisation (du moins en politique étrangère), qui était de mise depuis l'indépendance, donc il était indispensable pour Moscou d'intervenir. Ce qui a été fait de manière relativement modérée.
En réalité, il n'y avait pas d'identité "ukrainienne" à cette époque - du moins à l'Est du pays -, la réaction démesurée de Poutine en 2022 (nous saurons un jour, peut-être, pourquoi le calendrier a été accéléré dans cette mesure, voire si la réaction de Moscou n'a pas été trop tardive : si les Russes n'avaient pas accepté les négociations aussi rapidement en 2014, que ce serait-il passé ?) en permet désormais l'élaboration, par le sang versé pour se défendre.