Aigle a écrit:
Macron si j'ai bien compris essaye de bâtir une stratégie grandiose.
Je ne sais pas si c’est grandiose mais il y a manifestement intention d’agir en cohérence avec les déclarations de principe de condamnation de l’agression russe et d’aide à l’Ukraine.
J’ai retenu :
- La Russie doit perdre la guerre ;
- Il faut s’adapter à une économie de guerre ;
- Il faut aider l’Ukraine à frapper le Russie en profondeur ;
- Rien n’est exclu.
La Russie doit perdre la guerre.
Il faut tout d’abord éviter que l’Ukraine ne soit vaincue et contrainte à demander un cessez-le-feu à des conditions imposées par la Russie qui viseraient à la perte de souveraineté de l’Ukraine. Il faut donc donner les moyens à l’Ukraine de poursuivre son effort de guerre jusqu’à ce que la Russie décide d’arrêter.
Economie de guerre.
Le terme est impropre. Les pays européens ne font pas directement la guerre à la Russie. La nécessité n’est pas d’entrer en économie de guerre comme pendant les deux guerres mondiales mais de faire monter en puissance des capacités industrielles. C’est complexe parce que cela implique de créer des chaînes de production de munitions d’une capacité suffisante pour la durée d’une guerre qu’on espère relativement courte (moins de dix ans), donc de décider des industriels de lancer des investissements lourds qu’ils ne sont pas certains d’amortir.
La difficulté majeure pour l’Ukraine est le manque de munitions. Selon des déclarations récentes du président Zelinski, l’Ukraine n’est capable de consommer qu’une munition pour sept consommées par la Russie. Le rapport s’améliore toutefois. Auparavant il était d'un pour douze.
Frapper en profondeur.
La position initiale de ne pas donner à l’Ukraine les moyens de frapper la Russie en profondeur a été progressivement abandonnée. Cela se concrétise notamment par la fourniture de missiles de croisière SCALP -EG (ou STORM SHADOW). Il était illusoire de ne pas permettre à l’Ukraine de frapper les bases logistiques russes, comme celles situées à Belgorod, alors que la Russie a tout loisir de frapper partout en Ukraine, non seulement des objectifs militaire mais aussi des zones d’habitation en Ukraine, ce qu’elle fait quotidiennement.
Rien n'est n’exclu.
Les inhibitions initiales sont donc levées. Le plus notable est la mention d’éventuelles troupes occidentales en Ukraine. Ce n’est exclu mais c’est tout de même très loin d’être décidé. En réalité, l’envoi d’unités de combat sur le front n’est pas sérieusement envisagé. Il s’agit surtout d’exprimer une détermination. Des militaires occidentaux ont d’ailleurs été envoyés depuis longtemps pour assurer des formations et des appuis logistiques. La présence de quelques membres de forces spéciales agissant dans la plus grande discrétion ne fait pas de doute non plus.
En matière nucléaire, si bras de fer il y a, c’est la dialectique de la dissuasion. Le pouvoir russe, malgré des rodomontades ahurissantes de Medvedev et d’autres, sait très bien qu’il y a une limite à ne pas franchir. L’emploi d’armes nucléaires, même tactiques, donnerait lieu à une riposte sévère. On a parlé de la destruction de la base de Mourmansk par des moyens non nucléaires. C’est dans les moyens des forces américaines, Poutine le sait et le « don’t » du président Biden, qui n’est pas une parole en l’air, a été entendu.
La politique adoptée par l’administration américaine après les élections présidentielles n’est pas connue. Une limitation drastique des moyens financiers d’aide à l’Ukraine comme le demande la faction républicaine est redoutée. Si l’objectif est que la Russie perde la guerre, il faudra alors que l’Europe compense autant qu’il est possible. Les agissements européens feront effet de levier sur les agissements américains. Si les pays européens baissent les bras, les Etats-Unis baisseront aussi les bras. A l’inverse, si les efforts des pays européens sont à la hauteur des intentions affichées, les Etats-Unis seront incités à poursuivre. Ce qu’ils veulent surtout est ne pas être les seuls à agir.