Aigle a écrit:
Je ne sais pas si les États-Unis sont aussi machiavéliques que vous le supposez.
Lorsqu'une grande puissance étend son aire d'influence sur des territoires qui étaient sous l'influence d'une autre puissance, elle doit nécessairement se poser la question d'une stratégie globale.
Nous avons donc deux options :
- Washington en avait une précise directement, ressemblant à la théorie des dominos, qui était de faire tomber toutes les anciennes républiques socialistes soviétiques dans son giron. Elle a donc anticipé tous les types de réactions possibles du côté de la Russie et adopté les contre-mesures adéquates.
- Washington s'est retrouvée "par hasard" obligée d'accueillir ces anciens territoires russes, dont les dirigeants fuient un impérialisme russe exacerbé, dans son système d'organisation diplomatique et politique européen. Elle a donc réagi de manière empirique et pragmatique, pratiquement au fil de l'eau.
Il existe une 3ème option, mais qui soulignerait l'actuelle détérioration des éléments de puissance des E.-U. et de ses alliés, à la grande satisfaction d'un "sud global" : Washington avait bien l'intention d'intégrer dans son escarcelle ces anciens territoires russes, mais a pensé qu'elle pouvait y parvenir sans trop s'investir, avec une économie de moyens patente et se fondant sur une "chair à canon" locale, qui plus est en sous-estimant totalement la capacité de la Russie à éviter la défaite, ainsi que les 2/3 de l'Humanité de lui signifier qu'ils avaient compris la manoeuvre et qu'ils ne cautionneraient plus sa politique expansionniste.
Je ne sais trop si Machiavel a quelque chose à voir là-dedans, mais convenons que l'extension de l'OTAN en Europe centrale et orientale depuis 1999 - sous le prétexte de quelle menace ? - n'est pas étrangère à tout ceci.
D'ailleurs Kissinger le reconnaissait déjà après le début de cette guerre fratricide en 2014 et appelait à la raison les "occidentaux".
Quant au reste, la réponse est au-dessus. Kiev peine à trouver des soldats et à les armer, il parait délicat de mener des offensives tous azimuts et ainsi risquer l'ouverture de nouveaux fronts alors que le principal est déjà difficile à tenir. Envoyer des drones et/ou des missiles sur des zones peuplées ou sur des infrastructures énergétiques est beaucoup moins cher et moins risqué, qui plus est cela peut contribuer à saper le moral de la population adverse. Les Russes le leur ont appris depuis l'automne 2022, le régime de Kiev fait de même désormais.