Déjà faisons remarquer qu'il y a des paramètres internes à la Chine qui ont permis son développement qui sans lesquelles manifestement elle n'aurait pu être, ou alors pas de cette ampleur. De ce point de vue sa démographie galopante est sans nul doute l'un de ces paramètres fondamentaux. Mais il ne peut être réduis à cela puisque d'autre pays ont aussi connu un accroissement considérable de leur population sur la même période (en Afrique par exemple) sans connaître un tel développement. La démographie ne suffit donc pas à expliquer le phénomène observé. il faut naturellement y rajouter des considérations d'ordre culturel, tel qu'une philosophie portée indéniablement vers un certain rationalisme, et aussi surtout, les deux intimement intriqués, le relatif haut niveau de son système éducatif (du moins dans et aux alentours de ses centres urbains, ce qui est déjà considérable pour un pays de cette importance) et de son degré d'alphabétisation (révolution culturelle oblige, et qui se vérifie n'en déplaise à certains dans quasiment tous les anciens pays du bloc communiste). Il y également le produit d'un ressentiment profond, et de véritable revanche sur l'occident et son voisin nippon, qui plonge ses racines dans les humiliations et exactions perpétrées sur son sol tout au long des différentes colonisations qu'elle eu à subir au cours des siècles précédents.
Maintenant, chose également tout à fait fondamentale que beaucoup omettent par intérêt ou convenance personnelle et/ou idéologique, rien (ou si peu) n'aurait été rendue possible sans la volonté déterminée des classes dirigeantes occidentales, politiques et économiques, à ouvrir méticuleusement leurs frontières à la Chine (et à tant d'autres), par l'abaissement voire la suppression des tarifs douaniers. Cela en prévision d'un deal qui se révélera parfaitement inique et en réalité, nous le savons maintenant, totalement illusoire.
En effet, l'implicite de la mondialisation est que tout le monde est en mesure de concevoir/réalisé/produire la même chose partout.
Moyennant quoi les pays occidentaux en particulier - mis au pied du mur volontaire du fait d'une concurrence déloyale autant qu'elle se révélera impitoyable, et que des pans entiers de secteurs économiques dans lesquelles ils officiaient jusqu'alors devenaient par conséquent nécessairement improductifs, et pour cause - avaient fixé en contrepartie des délocalisations de nos industries (et bientôt de nos services) comme objectif prioritaire mais ô combien naïf de se spécialiser dans les productions à très hautes valeurs ajoutées, en en tirant l'essentiel grâce à nos processus avancés de recherche et de conception générateur d'innovation et donc de croissance économique.
Il est d'ailleurs maintenant tout à fait évident que nous ne sommes dors et déjà absolument pas concurrencés dans cesdits secteurs. Comme suffit à le démontrer le camouflet de l'appel d'offre émiratis sur les centrales nucléaires (supposément le coeur de notre recherche et industries de pointe pour lesquels rappelons-le nous nous serions béatement sacrifiés) remportés par un consortium sud-coréen. Demandons-donc également si nos ingénieurs informatiques ne sont pas déjà concurrencés par une armada en provenance de pépinières d'Inde ou du sud-ouest asiatique ? En vérité, quelle insulte à l'intelligence eu été de croire que nous serions les seuls à nous spécialiser et que les autres, bien naturellement, étaient seulement voués à réaliser les basses oeuvres de ce monde.
C'est pourtant ce calcul, je le rappelle à toute fin utile, au nom duquel on nous a précipité - en le légitimant par la même avec toute la force d'impact médiatique de l'intelligentsia - dans la globalisation économique. Et il y a deux lectures à cette erreur historique des classes dirigeantes occidentales: la première est de considérer que nous avons été bêtement victime de notre background culturel, fortement teinté d'un suprémacisme encore prégnant malgré la décolonisation ; la seconde est de penser raisonnablement que ce processus servait des intérêts de court terme au sein même de la sphère d'influence occidentale - contre les intérêts d'une majorité: ceux de l'actionnariat capitaliste et bientôt de la superclasse qui l'accompagna.
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