Citation:
Pour ce qui concerne la première, je ne vois pas le rapport avec ce qui vient d'être dit. Dire que le modèle anglo-saxon favorise le communautarisme n'a rien d'outrageant
Ce que j'essaie d'expliquer, kelk, sans doute pas assez clairement, c'est que ce communautarisme n'existe que lié à l'autre volet que je viens de mentionner: adhésion forte ou inconditionnelle à une plate-forme commune (supracommunautaire) de valeurs et de comportements, disons à un contrat social coincidant grosso modo et faute de meilleure expression qui me vienne à l'esprit, avec l'American Way of Life.
Or l'adhésion à ce contrat commun implique des exigences plus grandes que celles auxquelles sont confrontés les immigrants arrivant en France, exigences qu'on peut juger étouffantes: il y a un conformisme social parfois pesant aux US , avec la présence d'un "peer pressure" (pression du groupe) plus lourd qu'en France pour contraindre l'individu à se mettre aux normes dudit groupe.
Quelques exemples: au moment du début de la guerre en Irak, il était presque dangereux de se dire contre; des rubans jaunes et des drapeaux américains fleurissaient partout sur les maisons. Si vous habitiez une grande ville, et si vous étiez immigrant, il était à la rigueur possible de ne pas vous mettre à l'unisson et de refuser de pavoiser aussi. Si vous habitiez le Midwest ou un Etat du Sud, vous vous exposiez à de forts risques d'être harcelé d'une façon ou d'une autre par vos voisins si vous ne le faisiez pas.
Si vous habitez certains états et si vous conduisez une voiture étrangère, vous êtes mal vu, à fortiori si vous êtes immigrant--moins maintenant, vu le triomphe de Toyota. Dans ces etats, j'ai remarqué aussi que les ''dress codes'' professionnels étaient plus rigoureux qu'en France; de même, il est préférable si l'on veut y être accepté, de faire partie d'une dénomination religieuse, peu importe laquelle et de participer à ses diverses activités, tant religieuses que sociales etc. Je pourrais multiplier ces exemples.
pratiquement, vous êtes libre de conserver certains de vos particularismes ethno-culturels à condition de renoncer à d'autres, et surtout d'adhérer à ce qui est considéré comme le "noyau dur" de la citoyenneté américaine: on attend de l'immigrant qu'il fasse preuve d'un patriotisme affiché et d'une adhésion enthousiaste à cette partie non-négociable de l'Américanité. Car il y en a une, et elle est moins négociable que l'équivalent français, car le patriotisme en France est devenu quasiment ringard et les Français en moyenne semblent défendre leurs valeurs avec moins de conviction que les Américains .
C'est donc du donnant-donnant: les exigences de formatage culturel imposées aux immigrants récents sont moindres dans certains domaines (religieux car pas de laicité, etc) mais plus grandes dans d'autres, et c'est ce qu'on ne voit pas en France, du fait de cette notion de communautarisme inconditionnel qui fait partie du stock de clichés sur les pays anglo-saxons en vigueur ici.