Je post ici car cela a à voir avec le sujet de la présente discussion.
Peut-être pourrait-on revenir aux récentes déclarations de politique étrangère du chef de l'Etat à l'occasion de la Conférence des ambassadeurs. Propos qu'il renouvellera à l'occasion d'une cérémonie d'hommage au 21è RIMA de Fréjus, à la suite du décès au combat de deux militaires français lundi dernier:
"Le souvenir des disparus en Afghanistan «renforce en nous la détermination à poursuivre notre engagement» dans ce pays, a souligné Nicolas Sarkozy. «La France restera en Afghanistan aussi longtemps que nécessaire», a-t-il réaffirmé. «
Je sais combien cette mission est difficile mais la France ne doit pas se dérober aux impératifs desa sécurité». «
Nous ne pouvons laisser le champ libre aux fanatiques, aux barbares et aux terroristes quibafouent les valeurs universelles de l'humanité», a martelé Nicolas Sarkozy. «
Notre sécurité icien France repose aussi sur notre engagement là-bas»."
http://www.lefigaro.fr/international/20 ... nistan.phpAinsi donc selon le chef de l'Etat et sans la moindre ambiguïté, il est clairement établi un rapport entre d'une part la sécurité des français et la sauvegarde de l'intégrité du territoire national, et d'autre part l'engagement de nos forces en Afghanistan au sein d'une coalition emmenée par les Etats-unis. Remarquons deux choses qui ressortent de son argumentaire:
1/ Il assimile absolument les combattants afghans à, je cite, des "fanatiques, barbares, et terroristes" (les mots ont un poids ici), sans faire de nuance aucune entre ceux, majoritairement étrangers, qui se revendiqueraient d'un véritable djihad mondial au sein de la mouvance que l'on nomme usuellement Al Qaïda ; et tous les autres, appartenant au peuple pachtoune majoritaire et dominant de façon multiséculaire sur cet espace géographique, et qui combattent à présent pour ce qu'ils perçoivent comme une armée d'occupation qui n'a plus de raison valable de s'y maintenir depuis maintenant près de dix ans, avec le nombre incalculable de bavures sanglantes qui ont accompagné leur présence depuis le début de leur intervention. Ces derniers pourraient d'ailleurs tout à fait légitimement recouvrer le qualificatif de "résistant", en fonction bien évidemment du logiciel idéologique que l'on emploie, et des intérêts particuliers que l'on défend, et du camp dans lequel on se trouve.
2/ Il s'appuie principalement lui aussi - comme G.W. Bush en son temps (a qui on a pourtant suffisamment reproché un discours politique déraisonné, fortement teinté d'un manichéisme réducteur et indigne d'une saine géopolitique) - sur une rhétorique mêlant universalisme et droit-de-l'hommisme pour justifier des actions entreprises. Sans analyse sérieuse, circonstanciée et subtile que le contexte géopolitique de la plus haute complexité devrait imposer pourtant aux différents protagonistes.
Ce faisant, il disqualifie à la conjonction près toute approche relativiste, et donc
réaliste des événements. Il n'est plus à démontrer en effet que ces hautes valeurs morales dans lesquels se drapent continûment certains dirigeants occidentaux sont employées de manière non pas indistinctes, mais bien sélectives en fonction des intérêts stratégiques à défendre du cartel occidental. N'est-ce pas Bourdieu qui a démontré que le discours universaliste est en réalité le refuge éperdu des dominants au vue d'assurer, de pérenniser, et de légitimer le cas échéant, leur volonté de domination ? Ne serait-il pas plus sage, et même vis à vis de nos possibles adversaires, d'abandonner ces chimères idéologiques pour revenir au critère qui a balisé depuis tout temps les relations entre puissances ayant des intérêts antagonistes, à savoir les rapports de force politique puis militaire (sachant que la guerre se trouve être "la continuation de la politique par d'autres moyens") ?
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