Tous ceux qui connaissent bien le Maghreb vous dirons que c'est un secret de polichinelle. AQMI est un résidu du GSPC algérien et n'a plus rien d'islamiste depuis bien longtemps.
Les regards des observateurs internationaux sont depuis quelques temps braqués sur la frontière algéro-malienne et se posent des questions légitimes sur des faits intrigants. Par exemple, on sait que l’Algérie dispose d’une base militaire où moins de trois cents soldats sont isolés dans le désert du Taoudeni près de la frontière du Mali, pourtant celle-ci n’a jamais été inquiétée par les terroristes d’Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) qui circulent librement dans ce périmètre. La société de prospection sismique E.NA.GEO, filiale de la société pétrolière algérienne Sonatrach, travaille également dans cette région très proche de la frontière malienne et dispose d’une base où ses employés n’ont jamais fait l’objet d’aucune attaque ou moindre tentative d’enlèvement alors qu’ils se ravitaillent régulièrement à partir de Tombouctou. Les véhicules de ravitaillement croisent d’ailleurs fréquemment ceux des terroristes de l’Aqmi sans jamais être inquiété le moins du monde. Etrange… Les émirs sanguinaires de l’Aqmi n’ont-ils plus aucun compte à régler avec le gouvernement algérien ?
La communauté internationale et les experts en terrorisme de la région considèrent désormais qu'AQMI et d’autres groupuscules terroristes dirigés par des chefs de nationalité algérienne sont très largement infiltrés par les services secrets algériens. A tel point que les rapports suspects de l’ex-GSPC, rebaptisé AQMI, avec les renseignements algériens sont aujourd’hui un secret de polichinelle. Il est clair qu’Al Qaida au Maghreb Islamique, qui, en dehors de son nom changé seulement en 2007, n’a aucun lien prouvé avec Al Qaida mère d’Ousma Ben Laden, est en réalité un outil aux mains d’éléments des renseignements militaires algériens et certains trafiquants. Nul n’ignore que l’Algérie a depuis quelques années abandonné ses frontières aux trafiquants et contrebandiers de toutes sortes les laissant ainsi déstabiliser les pays de la région et en particulier la Mauritanie tout en faisant profiter quelques militaires algériens d’un lucratif trafic de marchandises illicites.
Pourquoi donc constate-t-on ses jours-ci un manque de solidarité du gouvernement l’Algérie et un quasi-acharnement de sa presse nationale contre la Mauritanie qui ne fait pourtant que défendre sa sécurité et se prévaloir d’un droit de poursuite conféré par ses voisins maliens à l’encontre de terroristes venu attaquer ses militaires jusque dans leur casernes ? On est en droit de se poser de telles questions surtout lorsqu’on sait que la presse algérienne est loin d’être libre et nombre de ses quotidiens sont quasiment des officines des renseignements. Les journalistes algériens se plaignent toujours sous le sceau de la confidence à leurs collègues européens du fait que dès qu’un journal local entame la moindre enquête sur un sujet sensible, il est immédiatement et fermement découragé par les omniprésents agents de renseignements algériens. Même les journalistes étrangers tel l’espagnol Ignacio Cembrero du quotidien El Pais dont l’ordinateur a été récemment piraté ont fait les frais de la diligence toute stalinienne des services de renseignements algériens.
C’est cette mainmise sur la presse qui explique surement l’étrange silence des medias algériens sur l’absence de réactions des autorités algériennes après l’assassinat de 11 gendarmes algériens le 30 juin 2010 près de Tinzaoutine, à la frontière entre l'Algérie et le Mali. Une embuscade qui s’est avérée avoir été tendue à leur convoi par les terroristes de l’Aqmi. Ce n’est certainement pas le Mali qui aurait refusé aux algériens le droit de poursuivre les terroristes sur son territoire.
Les mauritaniens eux et contrairement aux algériens ont agit avec transparence. A la suite des opérations contre Aqmi, les autorités civiles et militaires ont diffusé des communiqués officiels. Les média d’état ont rapporté les informations relatives aux attaques mauritaniennes contre Aqmi et le ministre de la défense mauritanien est même allé présenter les condoléances de la nation reconnaissante aux familles des soldats morts en défendant la sécurité de leur pays.
Rien de tout cela en Algérie, au contraire, la presse algérienne s’est subitement jetée dans une série d’articles hostiles à la Mauritanie avec une mauvaise foi affligeante contre le droit d’un pays à défendre sa sécurité et sa souveraineté. Comme si les mauritaniens attendaient la permission de qui que se soit pour défendre leur pays…
Des éclairages nouveaux révèlent les paradoxes de l’Algérie qui, « officiellement » affirme vouloir lutter avec ses voisins et la communauté internationale contre le terrorisme, mais qui en réalité semble se réjouir de voir les pays de la sous-région subir à leur tour se que l’Algérie a subit pendant vingt années de terreur quotidienne. Comment penser autrement lorsqu’on entend un ministre algérien affirmer la semaine dernière à la presse que « L’Aqmi a les moyens de déstabiliser des régimes de la régions ». Dans son propos irresponsables, le ministre algérien semble évidement exclure l’Algérie de cette possibilité.
Pourtant des voix commencent à s’élever publiquement pour révéler à l’opinion internationale les dangereuses implications dans le terrorisme régional de certains services algériens. Parmi ces voix, celles de deux journalistes européens : Jeremy Keenan, spécialiste britannique de la zone du sahel et de l’espagnol Ignacio Cembrero du quotidien El Pais mentionné plus haut, qui tous deux semblent indiquer dans différents articles que la Sécurité militaire algérienne n’est pas étrangère aux opérations d’Aqmi contre les otages européens et l’armée mauritanienne. Ses graves accusations portées contre la Direction du renseignement et de la sécurité (DRS) d’Algérie s’ajoutent aux déclarations de certains responsables français qui avaient accusés Aqmi «d’avancer au gré des intérêts du pouvoir algérien ». Il est aujourd’hui communément admit que les services de sécurité français sont absolument convaincus depuis bien longtemps que les renseignements militaires algériens ont une main derrière les opérations de kidnapping d’AQMI qui ciblent en particulier des ressortissants français et que c’est à partir d’Alger que la solution sera trouvée à cette question. Ni les mauritaniens, ni les français ne s’y trompe, et c’est pour cela que les uns ont récemment dépêché en Algérie leur chef d’état major Ould Ghazouani et les autres le secrétaire général de l’Élysée Claude Guéant.
Quand aux autres services secrets occidentaux, américains et espagnols en particuliers, leurs rapports sur AQMI indiquent qu’au sein de ce groupe se sont des algériens qui commandent, des algériens qui recrutent et des algériens qui négocient et perçoivent les rançons et après chaque opération, les terroristes blessés sont carrément soignés dans la localité algérienne Bordj-Badji-Mokhtar située juste à la frontière malienne et ce, sous les regards bien veillant de autorités algériennes. Il s’agit bien là d’une organisation algéro-algérienne. Les terroristes des autres nationalités: mauritaniens, touaregs maliens, nigériens libyens, tunisiens, marocains et même somaliens ne sont en fait que de simples exécutants récemment recrutés parmi les jeunes délinquants et marginaux dans l’objectif de donner aux actions terroristes une couleur locale qui ne trompe que les observateurs non-avertis. En vérité, ce phénomène, de violence sur fond de propos pseudos-religieux teintés de salafisme, est bien étranger à la culture mauritanienne traditionnellement bien enracinée dans l’islam depuis des siècles. C’est bien simple, en Mauritanie, contrairement à l’Algérie du Front Islamique du Salut (FIS) par exemple, il n’y a jamais eu de phénomène intégriste de « retour à l’Islam » car celui-ci a toujours été et demeure omniprésents dans la vie des mauritaniens plus que dans tout autre pays maghrébin et africain.
Il est donc permis de douter des motivations pseudo-islamiques de la guerre d’Aqmi contre la Mauritanie. Quels sont donc les griefs de ces terroristes-kidnappeurs-trafiquants de drogues d’Aqmi contre la seule « République Islamique du Maghreb »? Jusqu’en aout 2005 ce fut l’emprisonnement de leaders religieux par le régime déchu d’Ould Taya, puis à la libération de ceux-ci par le nouveau régime du CMJD, le nouveau grief fut la présence à Nouakchott d’une ambassade israélienne. Lorsque le général Mohamed Abdel Aziz arriva au pouvoir en 2008 et se chargea de rompre les relations avec Israël, on aurait pu s’attendre à un répit. Bien au contraire le harcèlement terroriste contre la Mauritanie à continué avec encore plus de systématisme, s’en prenant désormais a son développement et son image internationale puisque se sont désormais également les étrangers qui sont ciblés. Ce n’est donc que justice qu’après 5 années d’agressions contre un état souverain et en particuliers contre ses militaires (17 morts Lemgheity en juin 2005, 3 morts décembre 2007 Al Ghalouiya et 11 soldats décapités à Tourine septembre 2008) et contre les humanitaires étrangers de passage sur son territoire, que celui-ci réagisse en organisant sa riposte légitime. On serait presque tenté de dire ; C’est la moindre des choses. Cette « hogra » n’a que trop duré.
Les observateurs internationaux et les mauritaniens qui ne sont pas dupes se posent donc depuis quelques temps des questions légitimes au sujet de l’attitude ambigüe de l’Algérie face à ce conflit avec l’Aqmi. S’agit-il encore une fois d’une dérive d’une partie du régime algérien ? Ce pays aux vieux démons jamais tout à fait endormis et qui fut le berceau du terrorisme islamiste au Maghreb est-il en train d’essayer d’exporter son terrorisme dans la région afin de venir tel un pompier pyromane éteindre le feu qu’il a lui-même allumé? Ni les pays de la région, ni les Etats Unis auquel cet appel du pied est grossièrement destiné ne sont vraiment dupe. S’agit-il d’une excroissance de cette singulière culture de violence et de la haine de soi-même qui caractérise les algériens et qui les conduit régulièrement à s’entretuer depuis des décennies? Le danger que représente pour lui-même et pour ses voisins un pays qui n’a jamais vraiment connu la paix civile peut-il continuer à être ignoré pendant encore longtemps ? Tel un enfant longtemps traumatisé, les algériens sont sujets à d’imprévisibles accès de violence. Peut-on alors compter sur eux pour dompter leur propres démons quand on sait le régime d’Alger en fin de règne, divisé, indécis, instable, dangereusement tiraillé et où les luttes de clans peuvent atteindre des paroxysmes de violence à n’importe quel moment, puisque même les plus haut responsables de la sécurité tel le Colonel Ali Tounsi sont assassinés dans leur propre pays ? Il est permis d’en douter.
|