À mon avis, il est encore très tôt pour se prononcer, puisque la démocratie parlementaire est encore une nouveauté à l'échelle de l'histoire. Le fait qu'elle se soit implantée en France, État légitimiste s'il en est (le même régime et la même dynastie quasiment pendant 900 ans) et perdure, avec plus ou moins de vicissitudes, depuis 1870, est pourtant de très bon augure.
On reproche souvent à la démocratie d'être soumise à une cacophonie de partis, alors que les coteries, courants et réseaux de clientèle existent dans tous les types de régimes. La démocratie est le seul régime où l'on essaie de moraliser et de tempérer le favoritisme.
Bien sûr, la démocratie n'a rien d'infaillible : c'est une organisation humaine après tout
. La critique de Platon, qui n'avait rien d'un démocrate, dans
la République, est toujours d'actualité. Mais les autres régimes, autocratiques comme en Tunisie, ou communistes, dévoilent aussi régulièrement leurs faiblesses : si le leader ou le parti peut, en accédant au pouvoir, prendre une bonne direction quelques temps, ils se coupent vite de la réalité et deviennent rapidement un fardeau nuisible pour le pays.
Quant aux lois du marché, les récentes crises démontrent que les marchés ne se gouvernent pas tous seuls et que les pouvoirs politiques ont des marges d'action considérables (on l'a vu quand il s'est agi de renflouer les banques ou d'empêcher le défaut de la Grèce). D'un autre côté, l'économie n'est pas une science expérimentale, et elle n'est pas exempte non plus des querelles de chapelles. Elle n'a pas pu accoucher d'une méthodologie infaillible pour générer de la croissance, atteindre le plein emploi, contenir l'inflation...
En fait, on peut surtout s'interroger sur les moyens d'améliorer le fonctionnement des systèmes démocratiques, sachant que l'idéal n'existe pas et que les systèmes sont dynamiques, constamment tiraillés entre des forces internes et externes, et qu'il faudra sans cesse des rafistolages en tout genre.
Il faut :
- Éviter autant qu'il est possible les carrières politiques, c'est-à-dire que des gens puissent passer toute leur vie en allant d'un mandat à un autre, sans connaître autre chose et en empêchant des gens moins experts dans la pêche aux voix de tenter leur chance. Cela implique une limitation stricte du cumul des mandats.
- Une pluralité de parties pour qu'une grande palette d'opinions soient représentées, mais des institutions évitant la paralysie si le consensus ne peut être atteint. Le bipartisme conduit les partis à avoir un discours trop semblable.
- Des élections assez éloignées dans le temps, pour éviter que les élus ne sacrifient le long terme (comme des politiques économiques structurelles) au court terme (des politiques conjoncturelles parfois nocives) et permettre de bien apprécier les effets des différentes politiques publiques.
Pour finir sur une note d'humour, voici une
petite allocution d'un spécialiste en démocratie : Mouammar Kadhafi.
C'est en arabe, mais en gros, il explique à partir de 0:40 que le mot "démocratie" vient de l'arabe libyen "demo-karassi", littéralement "une chaise pour tout le monde".
À 0:48, il arrive à faire sourire le présentateur, pourtant connu sur Al Jezihra pour sa mine austère.