Jeremy76 a écrit:
D'un côté, avec Poutine, l'URSS à virtuellement ressuscité, pas sur le plan politique (le communisme), mais sur le plan international. La Russie possède encore un champ d'influence, serte réduit, mais encore assez efficace pour essayer de structurer une opposition aux États-Unis.
Je ne partage pas cet avis. L'URSS était une super-puissance bipolarisant la planète avec les USA. La Russie n'est qu'une grande puissance. Il n'est même pas certain qu'elle puisse agir militairement à l'échelle d'un continent ou au-delà des pays frontaliers. Ses fragilités géostratégiques sont immenses, à commencer par sa démographie lamentable pour gérer une superficie immense. Politiquement, elle ne parvient pas à considérer et embrasser les avantages du libéralisme par simple dépit de ce qu'elle assimile à l'Occident. Intellectuellement, elle reste sous-développée et mal instruite comparée aux démocraties libérales. Moralement, elle est décomposée entre haine de soi et nationalisme imbécile.
Jeremy76 a écrit:
On trouve le BRICS, mais beaucoup d'autres États clés sont sous influence russe.
Comme disent les Américains, citez-m'en cinq. Si vous en trouviez autant, vous les auriez tous. L'URSS disposait de dizaines de régimes fantoches et clients à travers la planète, sans compter les différentes "Républiques socialistes soviétiques" directement asservies.
Jeremy76 a écrit:
La nature des relations a changée, on n'a plus l'URSS et ses satellites, ou des États clientèles, et l’État russe n'est plus le leader naturel de cet ensemble hétérogène. S'il semble être un leader, c'est surtout en lien à la personnalité de Poutine, et que ce passera-t-il quand il disparaitra du monde politique? Aussi dans son propre camp, la Russie à comme dauphin la Chine qui est fortement émancipée. L'alliance Russie-Chine est très importante, elle s'est renforcée ces dernières années, mais il est difficile qui est "supérieur" à l'autre (même si on pourrait tirer des conclusions lié aux apparences, mais que je trouverais fortement hâtif).
Les deux Etats sont profondément ennemis et antagonistes.
Jeremy76 a écrit:
Une partie de l'Europe est dépendante du gaz Russe, et en a fait les frais lors de plusieurs hivers.
Je n'ai rien senti, sûrement parce que la Russie a encore plus besoin de nos devises que nous de son gaz.
Jeremy76 a écrit:
La Russie essaiera aussi de jouer l'atout que sera le contrôle du Pôle Nord lorsque la banquise aura totalement fondue: c'est une région riche en pétrole, et nous entrevoyons déjà les âpres luttes que cela engendre, notamment avec le Canada et les États-Unis.
Qui, de la population russe ou de la banquise arctique, fondra la première ou la plus rapidement, telle est la question.
Jeremy76 a écrit:
Poutine reste dans la politique soviétique en se faisant le chevalier voulant battre le "dragon américain", sauvant ainsi le Monde des flammes du reptile diabolique. Sur ce point la Russie à déjà frappé du poing en "éliminant" un pays allié au Monde Occidental, sur l'échiquier géopolitique, la Géorgie; et ceci n'était qu'un avertissement.
Un avertissement après avoir perdu l'Europe centrale, les Pays baltes, le sud du Caucase, l'Asie centrale et un réseau d'alliance planétaire. C'est un bon troc pour l'Occident, d'autant que les Etats caucasiens créés aux dépens de la Géorgie à cette occasion n'en sortiront rien de positif.
Jeremy76 a écrit:
La question de la Pologne reste aussi un immense enjeu, avec la politique militaire d'installation de missiles défensifs dans ce pays.
D'après moi et tant que l'OTAN tient (et les USA ont toujours honoré leurs alliances), la Pologne n'est plus un enjeu mais est bien redevenue cette puissance en germe qui concurrence l'existence même de la Russie en Europe orientale.
Jeremy76 a écrit:
La Russie est avec les États-Unis pour la question de l'islamisme? Oui et non: Poutine et Bush contre Ben Laden ressemble plus à une image d’Épinal, immortalisant l'apparente restauration d'une hypothétique concorde entre les États-Unis et la Russie. La Russie combat les islamistes en Tchétchénie, mais ménage bien son allié, la République islamique d’Iran!
Les deux Etats ne sont pas alliés ; leurs intérêts, et pas toujours des mieux compris, se confondent parfois.
A l'inverse, les USA sont étroitement alliés aux régimes musulmans conservateurs.
Jeremy76 a écrit:
La question religieuse n'est qu'une simple façade pour des enjeux plus terre à terre.
L'objectif russe est nationaliste : permettre la domination des Russes sur la plus grande étendue nationale et frontalière possible.
L'objectif américain est énergétique : accéder prioritairement au pétrole en tant qu'énergie dominante et, pour cela, s'unir étroitement aux forces politiques dominant le pétrole du Moyen Orient.
Jeremy76 a écrit:
Et le conflit Syriens montre encore des inquiétants signes de retour à une Guerre Froide
Pas du tout : en temps de guerre froide, soit le régime syrien aurait déclenché une hécatombe immédiate et médiatiquement occultée pour écraser les rebelles, comme en 1982, soit l'URSS aurait supprimé le dirigeant syrien trop mou pour le faire et l'aurait remplacé par un boucher plus efficace, comme en Afghanistan et en Ethiopie en 1978-1979. Le camp pro-occidental aurait protesté pour la forme et ses intellectuels moralisateurs et progressistes, presque tous pudiquement détourné leurs regards vers quelques vices occidentaux bien moindres.
Le conflit syrien me paraît bien au contraire suivre une retribalisation de la planète, en tout cas du Moyen Orient, avec l'éternelle Perse lorgnant sur les éternelles Arabie et Syrie, en concurrence avec les éternels héritiers de la Grèce que représentent l'Occident et les Turcs.
Jeremy76 a écrit:
mais sachant que la Russie ait une en Syrie, je suis sûr qu'il n'y aura aucune intervention directe d'occidentaux, et ce malgré les multiples escarmouches entre turcs et syriens.
C'est en partie lié à la problématique nucléaire iranienne, aux capacités géostratégiques d'Erdogan (qui paraissent bien ternes comparés à ce que put la Turquie post-kémaliste avant son avènement, la faute aux purges politiques dans l'armée ?), à l'agonie djihadiste sunnite, à Ahmadinejad, bref aux chichis inter-tribaux du Moyen Orient.
Là-dedans, les Russes et les pro-Occidentaux font la même chose que les indigènes : ce qu'ils peuvent.