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Ce genre de sensiblerie légaliste, 1. qu'on n'oppose jamais aux tyrans, est 2. funeste. Elle en devient, à double titre au moins, illégitime et fallacieuse et relève toujours, au mieux, d'une escroquerie, au pire, d'une imposture intellectuelle, ayant pour origine le même pacifisme sincère ou manipulateur.
En effet, comme souligné plus haut, on exige absurdement des démocraties qu'elles traitent des gangsters politiques extrêmement dangereux avec gentillesse, respect et égards. Critères stricts dont les gangsters politiques eux, sont dispensés; ce faisant, on agit en allié objectif des dictateurs, et en ennemi des démocraties que l'on prive ainsi de tout moyen d'action efficace contre eux.
Des questions intéressantes se posent à propos de cette opération: comment les hélicos US ont ils pu opérer dans l'espace aérien pakistanais sans susciter de réaction?
Et si Ben Laden n'avait plus un grand rôle de décision à l'intérieur d'AQ, il était encore une icone révérée, une sorte de gourou auquel les membres d'AQ attribuaient une infaillibilité quasi divine, car dans leur vision, il était inspiré par Dieu pour défendre et propager l'islam.
BL avait beaucoup travaillé son image à cet effet, se faisant passer pour un combattant, alors qu'il n'a que fort peu combattu en Afghanistan, vivant une vie soi disant ascétique modelée sur celle du prophète, mettant à contribution son réseau de riches saudis pour financer AQ.
Il servait aussi de facteur d'unité à l'organisation, car arabe de l'Arabie qui a donné naissance au prophète, ce qui lui permettait d'être accepté par tous en tant que leader.
AQ, on n'en parle guère dans les medias, est travaillée par des divisions internes entre groupes ethno-nationaux: en particulier, il y a une forte rivalité entre les Egyptiens, comme al Zawahiri, qui occupent la majorité des postes dans la hiérarchie d'AQ, et les Saoudis, qui voient les Egyptiens comme devant leur être subordonnés et travailler pour eux -ce qu'ils font d'ailleurs en grand nombre en Arabie saoudite.
BL était vu comme pouvant tenir les Egyptiens à leur place, maintenant qu'il est mort, ces divisions devraient s'accentuer, à moins qu'un non égyptien, comme l'Américain yéménite al Aulaki prenne le pouvoir.
A première vue, le printemps arabe a porté un coup à AQ: il a montré que les dictateurs pouvaient être renversés par des moyens à peu près pacifiques, ce qui contredit la version propagée par AQ, que les dictateurs corrompus et à la solde des occidentaux ne pouvaient être renversés que par le fusil et le djihad. Comme le disait un journaliste saoudien nommé Kashoggi, pour renverser Ben Ali et Moubarak, "Facebook a été plus efficace que le Coran".
Et les arabo-musulmans ont pu constater que les occidentaux ne soutenaient pas toujours les dictateurs, infirmant davantage la version d'AQ.
Une des conséquences de la mort de BL pourrait être aussi une démondialisation/renationalisation du terrorisme: les réseaux plus ou moins affiliés à AQ vont reprendre encore davantage d'autonomie.