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 Sujet du message: Re: L'étonnante Afrique du Sud.
MessagePosté: Lun 6 Juin 2011 21:42 
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Marocain a écrit:
sinon pour l'Algérie, je ne serais pas aussi pessimiste, l'Algérie aurait été différente sans l'exode et l'expulsion des pieds noirs, mais l'Algérie est depuis 10 ans maintenant sur une phase ascendante avec l'augmentation des revenus du pétrole, la politique de réconciliation de Bouteflika et la transition démographique. Il suffirait d'une démocratisation du pays pour voir revenir une diaspora qualifiée et diplomée qui pourrait accèlerer le développement du pays, encore faut il que les conditions politiques soient réunies: le spectre islamiste est toujours présent. (quand je parle de diaspora qualifiée et diplomée, je ne parle pas des beurs de nos banlieues, mais des centaines de milliers d'algériens qui sont parti étudier en France, au Canada, aux USA et qui sont restés dans ces pays)

L'Algérie reste sans élites après l'élimination des cadres du MNA, des pieds-noirs, des harkis et des plus audacieux des émigrés partis dès la première heure. Elle demeure la proie d'une oligarchie mafieuse directement inspirée du régime soviétique. Dépourvus d'élites bienveillantes, chaque Algérien opte entre trois destins :

- un destin de bétail entretenu et confiné par ses dirigeants (entendu : "Ils sont gentils, ils nous nourrissent..." !) ;

- un destin libéral à travers l'émigration, la sécession contre Alger (Kabylie, Oran) ou une révolte statistiquement suicidaire ;

- un destin ultra-réactionnaire flirtant avec les pires conservatismes nationalistes, xénophobes, racistes, phalocrates, homophobes et religieux.

***

Pour l'Afrique du Sud, quatre affres caffres en vu :

- une population frustre très majoritaire et desservie par un système éducatif apparemment déficient ;

- la criminalité anti-blancs et l'émigration des soi-disant blancs qui ruinerait le pays comme elle dévasta le Zimbabwe ;

- le communautarisme haineux qui oppose plusieurs groupes ethniques et tribaux aux autres (Afrikaners, Zoulous) ;

- le sida.


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 Sujet du message: Re: L'étonnante Afrique du Sud.
MessagePosté: Dim 12 Juin 2011 17:24 
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Les mêmes causes déclenchant les mêmes désastres, l'extrême droite raciste d'Afrique du Sud ne pèse pas les anciennes leçons d'Europe.

Mille sept cents fermiers afrikaners gratuitement assassinés entre 1994 et 2006 (2006, Le Point 1755, 63-66), 300 à 1.300 de plus entre 2006 et 2010 (2010, Le Point 1969, 56).

Etat des lieux en 2006 :
Citation:
La veille, deux hommes armés ont pénétré dans la ferme des voisins. Il n’y a pas eu de victime. Mais Rina n’a pas fermé l’œil de la nuit et Neels, ancien capitaine dans l’armée sud-africaine, a dormi la main posée sur son pistolet.

Tous deux ont débarqué ici, dans la province du Limpopo, il y a un mois, dans l’espoir d’acheter une ferme. Or les voilà plongés au cœur de la violence. Celle des campagnes sud-africaines. Avec une cible désignée : le fermier blanc. Désormais pillé, torturé ou tué. Depuis la fin de l’apartheid, il y a douze ans, plus de 9 000 attaques ont eu lieu dans le pays. Et 1 700 fermiers ont été assassinés parmi les 43 000 en activité. Quatre d’entre eux ont encore péri la semaine dernière, dont un de 35 ans. Une hécatombe sans précédent. Même le Zimbabwe voisin, pourtant engagé dans une redoutable politique antiblanc, ne recense qu’une dizaine de meurtres. Au point que les fermiers sud-africains détiennent un triste record. Ils courent dix fois plus de risques de succomber de mort violente que leurs concitoyens. Des anglophones, issus de la vague de colons du début du XIXe siècle, font partie des victimes. Mais ce sont surtout les afrikaners qui paient le plus lourd tribut. Venus de Hollande, d’Allemagne et de France au milieu du XVIIe siècle, ils ont conquis le bush avec leurs chariots bâchés tirés par quatre paires de bœufs. Et leurs descendants se prétendent aujourd’hui aussi africains que les Zoulous ou les Xhosas. « On a construit ce pays avec notre sang et notre âme », dit le fermier Nico Koenig, 37 ans, en short beige et entouré de ses trois enfants, blonds comme les blés. Il n’empêche. Leur décor ressemble désormais à un Far West austral bien loin des idéaux de paix de Nelson Mandela.

Ce matin, l’angoisse est montée d’un cran. Rina et Neels ont découvert ce qu’ils redoutent le plus : les indices d’une attaque planifiée. Des objets déposés autour de leur maison. Des branches entrecroisées, un bout de ficelle rouge, un bouchon de bouteille et un lambeau de sac plastique accroché à la clôture. Des repères connus des seules tribus alentour et destinés à fixer la nature de l’assaut.

Neels scrute le sol. « Surtout, ne les déplacez pas ! Il faut qu’on puisse les décrypter. Au début, je ne voulais pas y croire, mais c’est un langage qui leur permet de programmer une attaque jusqu’à six semaines à l’avance. » L’ancien officier serre les dents. « Je n’ai pas peur. Qu’ils viennent ! » Puis, n’y tenant plus, il se rend à la ferme voisine. Ann McGaffin, 38 ans, est là devant une jolie maison blanche fleurie, entourée de cultures d’avocats et de litchis. Prête à accompagner ses deux enfants à l’école. Et encore sous le choc de son agression de la veille. « Ils sont venus à 1 heure de l’après-midi. Ils ont voulu emmener mes deux enfants. Je les ai suppliés de me prendre à leur place », dit-elle. Neels examine la clôture. Il découvre un bâton posé en travers et recouvert d’une substance brune à son extrémité. « Ça veut dire qu’ils avaient prévu de la violer », murmure-t-il.

« À chaque nouvelle réclamation de terres, les attaques se multiplient », soupire Fritz Ahrens, le responsable local du syndicat agricole du Transvaal (TAU). Pour lui, pas de doute. Le chaos a une seule explication : la réforme agraire lancée par le gouvernement en 1994. Une mesure légitime dans son principe mais désastreuse dans son application. L’idée ? Rendre aux Noirs les terres détenues à 82 % par la minorité blanche. Et permettre ainsi aux 3,5 millions de Noirs chassés de chez eux entre 1960 et 1983, au nom de l’apartheid, d’exploiter à nouveau leur lopin. Le gouvernement a même fixé un objectif : redistribuer 30 % des terres arables d’ici à 2014. Seul problème, on en est loin. À ce jour, seuls 4 % des terres ont changé de mains. La faute à qui ? À toutes les parties. À l’administration, incapable de gérer la liste des 71 000 demandes de restitution. Aux Blancs, majoritairement prêts à céder leur bien mais à condition d’en tirer le meilleur prix. Enfin, aux Noirs, pressés de jeter leur dévolu sur le premier hectare venu et peu soucieux de prouver leur réclamation. Résultat ? L’exaspération est à son comble. De chaque côté. « Si encore les Noirs cultivaient la terre qu’on leur rend, s’insurge Michael Holford, le leader provincial de l’Alliance démocratique, le parti d’opposition. Mais ils s’y installent à plusieurs centaines et la laissent péricliter. Pas loin d’ici, ils ont mangé les 160 vaches laitières de la ferme ! » « C’est notre droit d’occuper la terre selon nos traditions », rétorque Constance Mogale, du Mouvement d’accession à la terre, une association chargée d’aider les communautés noires. « Si ça continue, il y aura une guerre d’ici à deux ou trois ans », prévient Steven Hoffman, propriétaire de 50 hectares de noyers depuis 1935.

Pour l’heure, la peur habite les fermiers blancs. Car les bandes armées battent la campagne. Alimentées par les vagues d’immigrants clandestins des pays voisins (4 millions) et par des cohortes de jeunes désœuvrés (40 % de taux de chômage). Des bandes dotées du meilleur équipement. Un fusil d’assaut AK-47 s’achète 20 euros au marché noir. Alors les raids sont sans pitié.

Comme le 7 février. Ce jour-là, Charles Botha, 71 ans, travaille aux champs. Sa femme, Joey, 70 ans, se repose à la maison. Tous deux possèdent depuis vingt ans une ferme de 900 hectares et 200 têtes de bétail près de Mokopane, dans le Limpopo. « Il était 5 heures de l’après-midi. Ils devaient être deux ou trois, raconte froidement Kallie, l’un des quatre fils de la famille. Ils ont commencé par sectionner les chevilles de mon père à coups de bêche, sans doute pour l’empêcher de fuir. Avec le même outil, ils lui ont entaillé le dos et arraché la moitié du visage. Ils ont ensuite fracassé la tête de ma mère à l’aide d’une brique. On a retrouvé des morceaux de cerveau sur les rideaux. Elle avait un oreiller dans ses bras pour se protéger… Ils les ont achevés comme des bêtes. » Le mobile ? Un mystère. Rien n’a été subtilisé. Ni l’argent ni les armes. Les meurtriers ont même pris soin de refermer toutes les portes. Les suspects ? « On n’a jamais revu le gardien que mes parents avaient embauché deux mois auparavant… Il n’y avait jamais d’altercation avec lui », dit Kallie. Un crime gratuit destiné à installer la terreur. Et à accélérer les départs.

Ça marche. En une décennie, la moitié des fermiers du pays ont plié bagage. Ce sera bientôt le cas de Celia Guillaume, décidée à émigrer à Los Angeles. Cette femme à la carrure impressionnante, première de son sexe à avoir obtenu un permis de chasse en Afrique du Sud, a pourtant toujours vécu ici, à 15 kilomètres de Makhado, sur la propriété de son père. […] « Tous les soirs, j’ai peur », dit-elle.

Elle n’a rien oublié de l’agression dont elle a été victime vingt mois plus tôt. L’arrivée, un matin, de quatre hommes qui la frappent, la lient, la bâillonnent, la traînent jusque dans la salle de bains. « On l’égorge et on la balance dans la baignoire », entend-elle. L’un d’eux ouvre le robinet. Des allées et venues pendant deux heures, trois heures. « J’essayais de trouver un petit espace pour respirer entre mon sang et le foulard. » Et puis plus rien. Des voisins la secourent. Sa télévision, sa chaîne hi-fi, son pick-up, tout a disparu. « Je m’apprêtais à partir en voyage. Ils savaient que j’avais de l’argent sur moi. On les a informés », dit Celia. Les agresseurs sont finalement retrouvés et écopent d’une amende de 500 rands (75 euros). « Il n’y a plus de loi dans ce pays ! Et aujourd’hui les mêmes criminels m’appellent au téléphone pour me dire : fais attention, on sait que tu n’as pas d’armes ! »

Celia part. Mais d’autres s’accrochent. Comme Werner et Brigitte Wiedeck, rencontrés sur le marché de Makhado. « On a investi trop d’argent ici. Où voulez-vous qu’on aille ? » dit Brigitte, 57 ans, en déchargeant des palettes d’œufs de son camion. Elle a pourtant perdu un œil et subi quatre opérations de la boîte crânienne à la suite d’une attaque survenue il y a un an. La seconde en trois ans. « Ils m’ont frappée avec une barre de fer. J’ai fini par arrêter de crier. Ils m’ont crue morte et sont partis. »

Le Limpopo n’est pas un cas isolé. Toutes les provinces du pays charrient leurs atrocités. Le 7 avril, dans le Kwazulu-Natal, Koos van Wyk, 82 ans, a été torturé et plongé dans l’eau bouillante de sa baignoire. Il a survécu mais doit subir plusieurs greffes de peau.

Et nul besoin de s’enfoncer dans l’arrière-pays. Dans la première ceinture verte de Johannesburg, la situation est explosive. Comme à Krugersdorp, à une centaine de kilomètres à l’ouest de la capitale. « On totalise 43 attaques de fermes depuis le début de l’année, raconte Ian Pienaar, d’une agence privée de sécurité. Mais ici on a besoin des terres des Blancs, non pas pour les redistribuer mais pour construire une ville nouvelle. » Et là encore pas de quartier. Le 7 janvier, Tracey a ainsi perdu son mari de 32 ans. Il était au volant de sa voiture. Une bande l’a arrêté et lui a logé une balle dans la tête sous les yeux de ses deux filles, assises à l’arrière et maculées du sang de leur père. « Face au nombre d’enfants traumatisés, on est obligé de faire venir des psychologues dans les quatre écoles du district », explique Shannon, une voisine.

Se barricader ? Inutile. « Ils vous attendent à la porte ou provoquent un court-circuit et franchissent votre clôture électrique », dit Sandi Manick, 35 ans, victime d’une agression l’an passé. « Le fournisseur de caméras de surveillance de la ville a même été abattu chez lui il y a un mois », ajoute machinalement son père.

La police ? Elle ne montre guère de zèle. « Elle arrive deux heures après tout le monde, se trouve toujours en manque de véhicules de service et ne procède à aucun relevé d’empreintes. » Lesley Hay peine à contenir sa colère. John et Sylvia Hart, ses deux parents, installés dans la région depuis 1949, ont été tués le 18 novembre 2005, à l’heure du déjeuner, dans leur ferme au toit de chaume. Il aimait briquer ses deux Jaguar de collection, rouge et bleu. Elle aimait peindre des aquarelles et entretenir ses roses. Deux jeunes ont frappé le mari, lui ont placé un sac plastique autour de la tête et lui ont enfoncé la poitrine en le piétinant. Ils se sont ensuite acharnés sur la femme avec un club de golf. « La police ne s’est pas intéressée à l’affaire. C’est un fonctionnaire blanc qui nous a aidés à retrouver les deux types », raconte Lesley.

Face à la passivité des forces de l’ordre, les haines montent. À Swartruggens, à 350 kilomètres à l’ouest de Pretoria, Whilhem Rocher, 43 ans, connaît l’assassin de son père. Il est toujours en liberté. « Je l’ai croisé un jour en ville. “Profite de tous tes Noël, car tu ne sais pas quel sera le dernier”, lui ai-je lancé ! » Mais il se reprend. « S’attaquer à un Noir ici, c’est s’attirer de très gros ennuis… J’ai une famille. »

Piet Potgieter, 73 ans, lui, n’est plus qu’un veillard décharné, rongé de douleur. Il a vu ses deux fils tomber sous les balles à cinq ans d’intervalle. La seconde fois, en 2001, il a même échangé des coups de feu avec les assaillants. Ses deux enfants reposent dans des tombeaux de marbre gris, au milieu des herbes hautes de la ferme familiale. « Je veux une guerre ! s’étrangle-t-il. Pour qu’ils tombent tous comme des pigeons ! »

En attendant, les fermiers s’organisent. Dans le Limpopo, des patrouilles et des stages d’autodéfense se mettent en place. À Krugersdorp, un centre de radiocommunications relie entre eux plusieurs dizaines de propriétaires. Des mesures qui rassurent… Jusqu’au drame suivant.

Sur la route N1, près de Pietersburg, en direction du Zimbabwe, le regard porte loin dans la savane. Puis il s’arrête soudain sur une immense croix blanche dessinée à flanc de colline. Elle-même constituée de centaines de petites croix blanches. Ici, les afrikaners ont érigé un cimetière géant surmonté d’une inscription en africaans, « Plaasmorde » (« fermiers assassinés »). L’endroit rassemble 1 150 croix. C’est beaucoup moins que les morts recensés. Mais les fermiers blancs du Limpopo n’ont pas pris le temps d’en planter de nouvelles.

2006, Le Point 1755, 63-66

Agravation politique en 2010 :
Citation:
Il a 29 ans mais c’est déjà la terreur de la minorité blanche. Julius Malema, le puissant chef de la Ligue des jeunes de l’ANC, a désormais un modèle : Robert Mugabe, le vieux dictateur du Zimbabwe, auquel il a rendu visite. Son programme ? La nationalisation des mines et l’expulsion des fermiers blancs. « Kill the Boer, kill the farmer! » (tuez le Boer, tuez le fermier !) se plaît-il à entonner. […] Il dirige quatre sociétés et sa fortune s’établirait à 20 millions d’euros.

2010, Le Point 1969, 54


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