kelk1 a écrit:
Après la sortie stupéfiante du chef de l'Etat français à l'encontre de son homologue turc, on ne peut moins diplomatique, la réponse ne s'est pas fait attendre, cuisante.
Elle est moins cuisante que doublement mensongère : les massacres coloniaux français ne sont pas des génocides et la France s'autoflagelle constamment sur ses violences passées.
kelk1 a écrit:
Ce verbiage singulier, certainement non dénué d'arrière-pensées électoralistes (500.000 franco-arméniens en France), risque fort de compliquer des relations qui n'étaient déjà pas au beau fixe.
Personnellement, à titre humaniste ou mémoriel, j'approuve quiconque, de quelque appartenance que ce soit, qui rappelle aux oublieux Turcs leurs violences passées. Qu'ils les revendiquent ou qu'ils en éprouvent de la honte, ça les regarde, mais on doit incessamment rappeler qu'ils les cachent. Et le fait qu'ils les cachent pour toutes les périodes passées comme présentes atteste leur mauvaise conscience collective.
Bon, ça, c'est ma moraline. Sarkozy a tendance à renouer avec une vision impériale de la France qui se mêle de tout dans le monde mais avec une virginité morale toilettée par cinquante ans de repentance et d'auto-examen. Qu'il le fasse électoralement ou non, je pense que ça coïncide avec ses opinions comme avec les secrètes espérance de nombreux Français.
Si l'évocation de Sarkozy est donc utile (y compris pour la Turquie), la réaction d'Erdogan est puérile. Sarkozy et la France ne représentent aucun danger objectif pour la Turquie.
Ce qu'Erdogan aboie avec le soutien probable de l'immense majorité des Turcs, c'est un nationalisme hideux.Ils desservent ainsi la Turquie. Si le Népal (ou tout autre pays indifférent à la Turquie) évoquait les génocides turcs des années 1910-1920, Erdogan insulterait encore.
kelk1 a écrit:
Et je ne peux m'empêcher de penser à voie haute: cela pourrait-il également à voir, même lointainement, avec la prise de position véritablement blasphématoire d'Ankara sur la question du nucléaire militaire israélien, il y a seulement deux jours (depuis l'Afrique du Sud en plus, ce qui n'arrange décidément rien) ?
Non, je pense plutôt qu'Erdogan a sur cette question réagi comme Sarkozy, en son âme et conscience, joignant son opinion sincère aux avis de son corps électoral.
La réaction d'Erdogan me fait rire : "on" a dû lui expliquer que son agitation diplomatique venait désormais de pointer les armes nucléaires israéliennes sur son éternelle Turquie. Outre l'humiliation nationaliste, j'y trouve aussi la déception de voir ses phantasmes de restauration de l'Empire ottoman à jamais contrariés.
Il va peut-être se rapprocher des chefs militaires turcs, qui comprenaient les limites du pays. Un pays qui pouvait se permettre pas mal d'exactions tant qu'il avait les Américains et les Israéliens dans la poche.
kelk1 a écrit:
Je dois sans doute m'égarer, ce ne doit être que pure coïncidence...
A mon avis, oui : les Américains ont dû le sermonner sur la réalité du Moyen Orient et de la Turquie.
Deux grosses déceptions concommittantes pour Erdogan.
Le camouflet de la petite Grèce contre la seconde flottille de Gaza doit également l'horripiler sans qu'il puisse même s'en servir politiquement ou stratégiquement.
Enfin, bref, Erdogan s'est mis le nez dans les problèmes tout seul, comme un enfant, alors que ses précédesseurs permettaient à la Turquie de se balader impunément à Chypre, en Irak et dans les détroits grecs.