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Autrement dit la politique étrangère des Etats-Unis, et même quand elle est portée de façon cyclique à l'isolationnisme, est sous-tendue par une volonté hégémonique (ce que l'on nomme usuellement: impérialisme) qui serait inscrite, en quelque sorte, au coeur même de son code génétique ? Figurez-vous que c'est exactement ce à quoi tout individu attaché à la notion de souveraineté (et d'abord de la sienne, comprise en tant qu'entité collective au périmètre politique défini) est conduit logiquement à le leur reprocher.
De nombreuses nations ont eu leur période impérialiste--quand leur puissance et la faiblesse relative des autres peuples leur en donnaient les moyens. C'est pourquoi il est légèrement absurde de reprocher aux Américains ce que nous (Français) avons fait avant eux, notre vertu anti-impérialiste présente étant surtout la conséquence de notre déclin en tant que puissance.
De même, il est exagéré d'évoquer (sauf comme figure de style à la rigueur) un "code génétique" américain dans lequel serait inscrit une spécifique volonté hégémonique et messianique.
Certes, c'est assez vrai depuis quasiment la naissance de ce pays mais cela donne à ce qui n'est que le résultat d'un rapport de force et de données culturelles parfaitement (quoique lentement) modifiables une dimension essentialiste qui relève plus de la biologie, ou de la métaphysique, que du débat politique.
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Et encore n'aborde-t-on pas la question première de l'irrationalité manifeste sur laquelle se fonde l'idée même de messianisme, et qui pourtant devrait choquer jusqu'à nos bonnes âmes occidentales, mêmes celles qui applaudissent à la "vassalisation" des nations auxquelles ils appartiennent, ou pire, appellent à leur radicale désagrégation. Mais est-on bien sûr, au-delà des oripeaux humanistes ressassés inlassablement pour amuser la galerie et d'un libéralisme qui prétendrait à la scientificité, d'être en régime laïc ?! Hum, hum...
Abordons là, justement. Certes, une justification religieuse est souvent donnée (cf Romney) aux ambitions impérialistes américaines. Certes, les candidats républicains--depuis Bush fils--sont de plus en plus explicitement religieux et introduisent de plus en plus une dimension religieuse dans leurs "analyses" et pratiques politiques. Mais cette tendance concerne pratiquement exclusivement le GOP d'une part, et d'autre part, sondages après sondages mettent en évidence que l'affiliation religieuse (la catégorie religieuse dans laquelle les sondés se classent) qui progresse le plus aux US, c'est...l'athéisme.
J'aurais donc tendance à voir cette gesticulation religieuse de plus en plus présente dans la droite républicaine comme une sorte de "contre-laicisation" (comme il y a eu une contre-révolution), une réaction "stressée" de la droite religieuse à un processus lent mais régulier et instoppable de laicisation de la société US. Un peu comme je vois l'islamisme comme une réaction contre l'occidentalisation lente mais irrésistible à terme des sociétés arabes.
Cela ne rend pas ces deux mouvements religieux/réactionnaires moins dangereux.Mais si la droite passe en 2012 contre Obama, cela ne sera pas nécessairement parce la majorité de la population US adhère à la vision ultra-religieuse d'un Romney ou d'un Perry, mais essentiellement parce que'Obama, qui portait les espoirs (certes démesurés)des classes moyennes, est vu maintenant comme ayant fait la politique des corporations à peu près au même titre que son prédécesseur.
Le vote à droite sera alors ce qu'est souvent en France le vote Marine Le Pen: une réaction désespérée d'électeurs qui ne savent plus à quel saint se vouer et qui recourent à un vote extrémiste dans l'espoir d'être enfin entendus.