Herodoute a écrit:
- Je réaffirme mon opinion concernant l'alliance Israël/USA et le risque d'escalade y compris en période électorale. Aucun chef d'Etat américain ne peut se permettre de ne pas soutenir Israël en cas de conflit contre l'Iran. Ce n'est que mon avis.
Et je rappelle tous les contre-exemples montrant que les USA omettent systématiquement de s'associer à quelque action armée israélienne que ce soit depuis leur alliance contractée dans les années 1970 :
- engagement au Liban (1982-2000) ;
- Intifadas (1987-88 et 2000-02), guerres de Gaza (2006 et 2008-2009) et invasion du Liban (2006) ;
- bombardement de l'Irak (1982) et de la Syrie.
Herodoute a écrit:
si la Turquie reste pro-occidentale (malgré la gifle reçue concernant une éventuelle entrée dans l'UE... entrée qu'elle souhaite depuis plusieurs décennies)
Les kémalistes sont pro-occidentaux. Erdogan est anti-kémaliste et son projet impérial heurte directement l'emprise libérale du camp pro-occidental sur la planète.
Herodoute a écrit:
elle se cherche un rôle dans la région (conséquence du refus officieux de l'UE ou de son développement économique ? ou de son alternance politique des dernières années ?).
Le projet d'Erdogan n'est que l'expression d'un rejet populaire profond de la majorité des Turcs contre l'UE et la révolution libérale, qui date des premiers rapprochements turcs avec la CEE. Je signifie que le rejet est aussi réciproque que profond et
simultané.
Herodoute a écrit:
=> Dès lors, tout risque de conflit entre des "voisins" iraniens et israéliens va la concerner => et n'oublions pas que les relations entre la Turquie et Israël sont tendues en ce moment.
Erdogan se préoccupe de toute l'aire impériale de l'ancien Empire ottoman. Ses troupes occupent Chypre et le nord de l'Irak. Elles sont engagées en Bosnie et, désormais, en Somalie.
Herodoute a écrit:
=> Concernant l'action politique d'Erdogan soulevée par Géopolis : ce n'est une tendance lourde de la politique internationale de la Turquie pour le moment et j'avoue être sceptique concernant une éventuelle intention de refonder un Empire, cela me semble impossible. (peux-tu développer ton argument stp Géopolis ?).
1. Action politique anti-kémaliste : revenir sur le pluri-ethnicisme en révisant le pantouranisme absolutiste (qui prétend que tous les individus de la Turquie sont ethniquement turcs ou des Turcs qui s'ignorent), allusions et regrets envers les génocides et les exactions anti-minorités vers le début du XXe siècle, actions anti-modernistes contre l'Occident, l'UE, Israël, la laïcité, tartufferie anti-kaffirs, etc.
2. Discours suivant sa réélection, entériné par sa curieuse intervention en Somalie, promettant de protéger les musulmans
"de Sarajevo à Jérusalem" (je passe les villes arabes citées), à l'encontre directe des interventions kémalistes qui ne se préoccupaient que de Turcs ou de turcophones.
En fait, mes argument sont mal exposés. Il me faudrait remplir un tableau sur quatre colonnes dont trois concerneraient, respectivement, l'Empire ottoman, la Turquie kémaliste et celle d'Erdogan. On verrait que les diverses actions politiques d'Erdogan se rapprochent de celles des Ottomans, les deux restant antagonistes avec les actions kémalistes (ou de leurs prédécesseurs, les Jeunes Turcs).
Herodoute a écrit:
- Géopolis préfère le terme "guerre de l'ombre" => Quand je dis que la guerre a déjà commencé, je parle bien de cela et non pas d'une guerre conventionnelle. Ceci dit, ne trouvez-vous pas étonnant de voir autant de publicité faite autour des différents évènements tels que les assassinats et les virus informatiques ? => Peut-on alors parler réellement de "guerre de l'ombre" quand les faits sont dévoilés si rapidement ? Je pense plus à une guerre d'un type nouveau et qui ne dit pas son nom.
Vous pouvez alors vous documenter sur les plus anciennes rivalités politiques sur l'ensemble de la planète.
Notez d'ailleurs que ces guerres de l'ombre préviennent (évitent) généralement les guerres, celles qui se passent d'adjectifs et qui tuent 10 à 100.000 fois plus de gens. Une guerre de l'ombre, une révolution de palais tuent entre 0 et quelques centaines de personnes. Une guerre aurait déjà tué des milliers d'Iraniens et quelques dizaines d'étrangers.
Herodoute a écrit:
D'autant que, si Chinois et Russes sont officiellement contre toute intervention classique, il est probable qu'ils tolèrent ces actions de "l'ombre" : les condamnent-ils avec force ? le peuvent-ils ? quels seraient leurs intérêts de le faire ?
1. Ils sont loin et beaucoup plus impuissants que le prétendent les médias occidentaux.
2. Ils ne négligent pas l'intérêt de protéger le pétrole arabe, aux côtés du camp pro-occidental (monarchies arabes, démocraties libérales...). Ainsi, ils sont davantage opposés que favorables aux desseins nucléaires d'Ahmadinejad.
3. Ils monnaient leur soutien à Ahmadinejad dans le cadre de négociations internationales qui les concernent plus directement (par exemple, une neutralité pro-occidentale envers leurs propres opposants politiques ou à leurs frontières).
Herodoute a écrit:
- Concernant un des acteurs : les peuples du Moyen-Orient => je parle d'une partie de la population de chaque pays : celle qui vit dans la pauvreté et qui est capable de réactions violentes envers leurs dirigeants souvent pro-occidentaux.
Vous avez une vision marxiste de la société orientale. La loyauté des pauvres d'Orient ne va pas aux pauvres mais à leurs chefs de famille, puis à leurs chefs de clan, puis à leurs chefs de tribu, puis à leurs ethnies (Grecs, Turcs, Arméniens, Kurdes, Arabes, Persans, etc.), leurs partis politiques ou leurs partis religieux (les diverses sectes chrétiennes, musulmanes, juives et autres).
Quand des reproches sont adressés à leurs dirigeants (Khadafi, Saleh et Assad ne sont d'ailleurs guère pro-occidentaux), ils le sont sur la base de conflits féodaux recoupant les clivages de loyautés évoquées ci-dessus.
Herodoute a écrit:
De quel côté les peuples du Moyen-Orient se rangeront-ils en cas de conflit entre une coalition occidentale et l'Iran ?
Il est probable que les Arabes voisins (Irakiens, pétromonarchies du Golfe) préfèreront leur ethnie (arabe) à des proximités religieuses (chiismes) ou politiques.
Chez les Arabes éloignés, des allégeances religieuses (le Hezbollah libanais et le gouvernement syrien) et politiques (le Hamas sunnite) trahissent pour l'instant la solidarité ethnique en luttant contre les autres Arabes aux côtés de l'Iran. La guerre civile syrienne, les guerres civiles palestiniennes et la rivalité entre le Hezbollah et le reste du Liban se jouent d'ailleurs dans le cadre de cette trahison ethnique.
La rue arabe, éloignée de l'Iran du Caire à nos banlieues, oscille entre trois propagandes, les mêmes qui s'affrontent au Moyen Orient : 1) celle des extrémistes sunnites (anti-occidentale et anti-chiite, donc anti-iranienne), qui devrait plaider pour un conflit entre l'Iran et l'Occident en dénonçant les participations arabo-sunnites ; 2) celle de l'internationale chiite (Iran + Syrie + Hezbollah + Hamas, anti-occidentale), qui devrait plaider contre l'Occident et l'indifférence des "frères" arabo-sunnites ; et 3) celle de la révolution libérale (démocraties libérales, révolutions arabes) qui relance la mode des démocraties occidentales aux dépens du totalitarisme iranien. La rue arabe serait donc ballotée, baladée et recrutée par ses trois propagandes en fonction de la mode et de leur puissance du moment.
Herodoute a écrit:
N'oublions pas que pour une frange de la population des pays du Moyen-Orient : tout semble possible après les récentes "révolutions" en Afrique du Nord par exemple.
Ou pas : ces révolutions ne semblent aboutir que sur intervention occidentale (armée en Libye, amicale en Tunisie et en Egypte) ou suivant la bonhommie du despote (Tunisie, Egypte, Yémen).
La rue arabe est quand même atteinte par cette réalité qu'elle ne règne chez elle que sur faveurs occidentales.
Herodoute a écrit:
Bien évidemment, les peuples du Moyen-Orient sont tous différents mais la plupart ont un ciment commun légitime : l'Islam.
D'abord, c'est inexact, les Libanais et les divers kaffirs (chrétiens d'Orient, juifs, baha'i...) sont payés pour le savoir.
Ensuite, l'islam (l'oumma) est une illusion commode occultant la fanatique haine qui oppose les tribus sunnites aux tribus chiites.
Enfin, les haines inter-ethniques (Arabes/Persans, Arabes/Kurdes, Kurdes/Turcs, Afghans/Turco-Indiens...) y surpassent comme ailleurs toutes les identités religieuses.