Derfla2 a écrit:
A quel point les problèmes politiques (mafia, manque de démocratie "occidentale", problèmes au frontières ect...) influent sur l'évolution de l'économie du pays?
1. D'après la théorie libérale, le manque de liberté d'entreprise (au sens le plus large du terme) et de libre-échange (échange éclairé et librement consenti) est contraire à l'intérêt général et limite très sensiblement les possibilités d'enrichissement matériel, intellectuel et moral du pays.
2. Une critique antilibérale pourrait tempérer le point précédent en avançant qu'une mise en place du libéralisme doit être lente, débuter dans le secteur entrepreneurial pour aboutir au libéralisme politique (et non l'inverse, comme les révolutions ratées en France en 1789 et en Russie en février 1917 sembleraient le démontrer) et se limiter à quelques secteurs d'activités humaines (par exemple dans le commerce) ; qu'en somme l'antilibéralisme des régimes de Poutine serait nécessaire pour accompagner en douceur la révolution libérale russe et contrer l'antilibéralisme néfaste des mafias, criminels et délinquants.
Derfla2 a écrit:
ne font t-ils que "passer en parallèle" (plutot improbable) ou influent-ils activement sur son fonctionnement?
Comme écrit précédemment, il me semble que les régimes de Poutine sont délibérément antilibéraux pour contrer ou parer des effets secondaires de la révolution libérale, à tort ou à raison d'ailleurs.
Les activités pénalement criminelles profitent des libertés laissés par les expérimentations ou les absences de l'Etat russe avec pour seule fin de parasiter et d'entraver le développement du pays.
Parfois, l'Etat russe tolère et protège ce genre de criminalité (le tyran tchétchène) dans le but de contrer des problèmes qui lui semblent plus dangereux encore (la sécession des ethnies et nations non russes constituant physiquement la Russie).
Par ailleurs, l'Etat russe me semble atteint, à son insu cette fois, d'un nationalisme exacerbé (l'intégrisme orthodoxe et la nostalgie de l'Empire soviétique en procèdent) que tous les observateurs ne jugent pas positivement pour le développement russe.
Derfla2 a écrit:
Si c'est le cas, cette situation existait-elle avant l'éclatement de l'URSS ou est-ce une situation typiquement russe?
La Russie a précocément conçue, dans sa littérature, le paradis sur Terre. Je ne pense pas qu'elle accuse éternellement le retard de sa révolution libérale par rapport à d'autres pays (la Corée du Sud ou Singapour ne semblent pas souffrir de ce retard).
En revanche, elle a ratée sa révolution libérale parce que ses libéraux ont fait, à mon avis, la même erreur qu'en France, débuter par une libéralisation politique (libertés individuelles, démocratie) avant la libéralisation économique (le libre échange et la libre entreprise démultiplient les productivités individuelles, dégageant, d'une part, des richesses matérielles permettant un développement éducatif - ce dernier renforçant la productivité -, d'autre part la nécessité de faire participer politiquement l'ensemble de la population devenue si productive).
La France et la Russie ont ainsi perdu quelques décennies (peut-être 1793-1830 et 1917-1989 respectivement) pour mener ouvertement, consciemment et délibérément leurs révolutions libérales. Ces deux pays ont en commun d'être inutilement distants et méfiants vis-à-vis du libéralisme, inutilement parce qu'ils le critiquent à bon escient (le système a des limites que les démocraties éprouvent aujourd'hui) mais, à mon avis, pas au bon endroit (le libéralisme économique est critiqué en lieu et place du libéralisme politique). De par cet échec historique commun peut-être, ces deux nations restent sensibles aux sirènes antilibérales, or ancun antilibéralisme n'est aussi performant qu'un libéralisme bien appliqué.
Par contre, les flottements de la révolution libérale russe ne sont pas aussi prononcés qu'en Chine ou que dans les mondes arabe et turcophone, par exemple, sans parler des scléroses birmanes, iraniennes, cubaines et nord-coréennes.