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Autant de questions qui sous entendent que l'Etat-nation France n'est pas forcément une évidence mais le produit d'un fort dirigisme et du sang versé. Je ne pense pas refaire l'histoire en disant cela. Mais c'est sur que dans un pays de déracinés (pour plagier Barrès), c'est beaucoup plus simple de s'identifier à une République universelle et laïque que dans un pays où subsisterait des identités régionales (ou autre) fortes.
Si les identités régionales ou la religion ne signifient plus grand chose en France, c'est clairement parce que la politique menée sous le IIIe République a été, je lâche le mot, violente.
Analyse pertinente
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il suffit de voir les Etats-Unis où se sont les grands électeurs qui décident, où ils sont peu nombreux (100 sénateurs par exemple), où seuls deux partis sont représentés... Sans oublier la professionnalisation de la "politique"...
Le nombre des grands électeurs du college electoral est de 538, la majorité requise au collège pour être élu est de 270. Le college électoral, système d'élection du président au suffrage indirect, pose des problèmes du point de vue démocratique, mais pas parce qu'il favorise une oligarchie.
En effet, le nombre d'électeurs représentant chaque état au college est calculé sur la base suivante: nombre d'électeurs = nombre de sénateurs (2 pour chaque état) + nombre de représentants à la Chambre des Représentants. Ce nombre de représentants à la Chambre des Représentants est calculé en fonction du chiffre de la population de l'état (établi tous les 10 ans par un recensement).
Ceci parce que, dans la Constitution, le Sénat représente les états, tandis que la Chambre représente les citoyens.
Donc concrètement, la Californie , état urbain, l'état le plus peuplé des US, 36,5 millions d'habitants, a 55 électeurs (2 sénateurs + 53 Représentants à la Chambre).
L'Iowa, état rural nettement moins peuplé (3 millions) a 7 électeurs (2 sénateurs + 5 Représentants).
Si l'on calculait le nombre d'électeurs par état sur la seule base de la population, la Californie devrait avoir 10 fois plus d'électeurs que l'Iowa, puisque sa population est plus de 10 fois celle de l'Iowa. Soit Iowa = 7 électeurs x 10 = 70 électeurs pour la Californie.
Ce système favorise donc non pas les oligarchies mais les petits états, souvent ruraux. Qui généralement votent conservateur, c'est à dire républicain.
Le poids de l'oligarchie se fait sentir d'une autre façon aux EU: tout simplement, et évidemment, par le poids de l'argent déversé par les milliardaires, corporations et groupes de pression divers dans les campagnes électorales.
Poids qui va en augmentant, surtout depuis une malencontreuse--certains disent inique--décision de la Cour suprême de 2010 qui, vidant de leur contenu des lois précédentes (loi FECA de 1971, loi McCain/Feingold de 2002) qui tentaient de contrôler le flot d'argent d'intérêts spéciaux (soft money) noyant les campagnes électorales.
Cet arrêt de la Cour suprême, nommé "Citizens United", donne aux corporations et entités collectives les mêmes droits de Free Speech reconnus aux personnes par le 1er Amendement.
Concrètement, cela veut dire que les corporations, les associations, les syndicats peuvent investir des sommes d'argent illimitées dans la production et la diffusion de matériel de propagande durant les campagnes électorales, notamment ces "negative ads" (video clips diffusés en matraquage sur toutes les chaînes télé attaquant férocement, voire calomniant un candidat) qui sont devenus dominantes dans les campagnes actuelles.
Et qu'il est parfois très difficile de déterminer qui se cache derrière les groupes "ad hoc"constitués pour faire ces basses besognes à la place de l'équipe de campagne officielle du candidat, et de son parti, qui n'ont néanmoins officiellement aucun lien avec ces groupes, nommés PACs (Political Action Committees).
Ces PACs sont des écrans de fumée, des "hommes de paille ", utilisés aussi pour récolter les fonds utilisés pour ces campagnes de propagande.
Le système est devenu tel qu'on peut considérer, à de rares exceptions près , que le candidat qui a récolté le plus de fonds de campagne aura la nomination de son parti. Et sera aussi élu président: en 2008, Obama a largement dépassé McCain pour les contributions électorales, tant pour les petits donateurs (personnes privées), que pour les grosses donations de corporations ou de riches mécènes.