Quelques critiques libérales du libéralisme.
1. La fin (finalité ou écueil) de l'Histoire
Francis Fukuyama aurait théorisé que les histoires du monde convergeraient vers la libéralisation des sociétés. Cette libéralisation serait pas dépassée car elle constituerait le point d'orgue du développement des sociétés.
Par ailleurs, la libéralisation offrant un confort et une paix matériels abolirait un maximum de souffrances (pas de bonne histoire sans Mal, prétend la littérature), donc de courage et d'aventures. S'ensuivraient l'ennui et le mal-être spirituel et moral des sociétés modernes où la vie se dénue de sens.
2. Critique rationnelle
Il s'agit en général d'une étude des mécanismes du libéralisme pour mieux le contester. Menée à bien, j'ai l'impression qu'elle aboutit à défense rationnelle du libéralisme, ce fut en tout cas ma démarche ou celle d'un Saïd Bouaissi :
Citation:
Saïd Bouaissi, 29 ans, n’apprécie guère le rapprochement, lui l’ancien militant altermondialiste, camarade socialiste de 2002 à 2005 et aujourd’hui porte-parole du nouveau parti politique… Alternative libérale (AL). « Connaître son ennemi pour mieux le combattre ! » Bouaissi n’a que 22 ans lorsqu’il fait de cet adage martial la pierre angulaire de son combat contre le capitalisme. Il s’intéresse alors aux écrits des théoriciens libéraux, tels Adam Smith ou Milton Friedman. Mais ce qui devait nourrir sa phraséologie « marxisante » réveillera le libéral qui sommeillait en lui : « Je m’étais rendu compte que les idées défendues dans ces bouquins étaient plutôt réalistes et universalistes. » Un syndrome de Stockholm qui entraînera sa rupture avec l’organisation Attac. (2006, Le Point 1749, 14)
3. Critique empirique - persistance de la pauvreté
Cette critique amalgame abusivement pauvreté (modestie des richesses par rapport à l'environnement social immédiat ou national) et misère (dénuement matériel objectif et absolu).
Elle nie d'une part que des milliards de miséreux se sont enrichis par la libéralisation (alias "mondialisation", anciennement "occidentalisation") des sociétés du Tiers Monde. D'autre part, elle prend à charge les miséreux rémanant du Tiers Monde en occultant que cette misère domine précisément là où la libéralisation n'a pas lieu (sociétés féodales, tribales, mafieuses, etc.).
4. Critiques socio-politiques
4.1 Féminisation de la société
Une théorie à la Eric Zemmour : donner une importance politique aux femmes minore celle des hommes/mâles. Il s'ensuirait que, les femmes étant plus sentimentales que les hommes, la société s'adonnerait aux "dérives émotionnelles" (Jean Romain), apitoiements superficiels, angélisme et autres tolérances coupables, peut-être d'une suppression funeste de l'autorité (sous-entendue comme qualité masculine ou virile).
4.2 Homogénéisation
En dépit de l'individualisme et des libertés individuelles proclamée, l'affirmation de l'égalité entre individus et les impératifs économiques de la production de masse élimineraient des folklores (la dot, la peine de mort, la lapidation des adultères, le fromage corse...) et clonerait nos comportement et jusqu'à nos critères de beauté et de sélection sexuelle.
4.3 Internationalisme et nomadisme
Après que l'Histoire ait rendu justice aux laborieux (cultivateurs) sédentaires contre les pillards (éleveurs) nomades, les impératifs internationalistes (citoyens du monde apatrides et terres d'asiles sans frontières) et économiques (accéder au marché mondial des producteurs de biens et de services) restituerait ses atouts au nomade sans attaches contre ceux qui, chantait Brassens,
"sont nés quelque part".
A lier à l'homogénéisation.
4.4 Scinder libéralisme économique et politique
Par exemple revendiquée chez les anarchistes, tacite et non assumée chez les marxisants, elle consiste à louer et revendiquer les libertés politiques tout en conspuant et dénonçant les libertés économiques.
Pour ce qu'il m'en paraît et s'il fallait choisir entre les deux, les libertés économiques me semblent préférables en ce qu'elles ont toujours précédé, annoncé et permis les libertés politiques tandis que la proclamation de libertés politiques sans libertés économiques fit le lit de grandes atrocités (terreurs et totalitarismes révolutionnaires).
4.5 Multiculturalisme
Au nom du respect de l'autre, il aboutit à en tolérer les outrages tout en garottant nos propres réactions.
4.6 Riches, élites et oligarchies
Dénoncés, paraît-il, au nom d'une certaine jalousie sociale, quelques clubs et dynasties finissent par truster les places les plus profitables de la société. Eux-mêmes prétextent la méritocratie, ce qui est d'autant plus injurieux pour ceux qui ne s'y placent pas...
A noter que si une société s'oligarchise, alors elle est moins libérale, ce qui devrait arranger les anti-libéraux sincères ou prétendus qui dénoncent cette dérive.