Patriarche du Frioul a écrit:
Une hypothèse : les ennemis du régime bolivarien ne profiteraient-ils pas de la mort du grand leader adoré du peuple pour mettre un terme au régime si dérangeant et désormais orphelin. On sait que les pénuries peuvent être facilement organisées quand les différences de richesses sont aussi disproportionnées qu'au Vénézuela ?
Les pénuries sont permanentes, c'est une vieille stratégie de l'empire, déjà au Chili la CIA en avait organisé des similaires (voir le documentaire La bataille du Chili, on peut y voir aussi le même type de manifestants de droite qu'au Venezuela aujourd'hui). Le secteur privé est responsable des pénuries et de l'inflation (spéculation jusqu'à 12527% sur certains articles alors que la marge maximale tolérée par la loi est de 30%), avant Chavez l'économie était à 70% privé et c'est toujours le cas aujourd'hui. C'est toujours la même chose depuis des dizaines d'années : le gouvernement tente de réguler les prix, les capitalistes cachent les produits par dizaines de tonnes pour spéculer (et pour provoquer du mécontentement depuis Chávez), ensuite ils arguent que les prix sont trop bas, qu'ils n'ont pas de matières premières. Comme seul les prix des aliments de base sont régulé les capitalistes réduisent la production de produits élaborés, pénurie de riz nature mais présence de riz aromatisé, pénurie de bœuf haché mais présence de steak aux herbes, pénurie de lait mais présence de crème fraiche, etc.
La production alimentaire à augmenté (seul 5% des terres étaient cultivée en 1998) et si la population était resté stable il y aurait un excédent (mais elle est passé de 20 à 30 millions), cependant le Venezuela produit 80% de ses aliments. L'économie du Venezuela est productive, elle nourri 30 millions de vénézuéliens et 10 millions de colombiens grâce à la contrebande (les prix sont plus haut en Colombie donc on trouve facilement des produits fabriqués au Venezuela alors qu'ils peuvent être introuvable dans ce pays). Le gouvernement a récemment lancé une campagne contre la contrebande et les produits durent désormais plusieurs jours dans les supermarchés (avant ils duraient moins de 24 heures). Ils aussi limité la quantité de produit achetable dans les magasins d'état (pour lutter contre les achats compulsifs qui augmentent la pénurie).
L'économie reste cependant rentière du pétrole, le gouvernement d'abord (très bien) répondu à l'urgence sociale. L'économie non pétrolière a quand même un peu augmentée. Comparé à l'économie française celle du Venezuela se porte bien (croissance supérieure, chômage plus bas, pauvreté qui baisse).
Citation:
Ils ont déjà failli le faire tomber de son vivant, les classes moyennes (peu nombreuses) et supérieures ayant tenté un coup de bluff avec l'aide d'une partie des élites de l'armée qui aurait fonctionné sans une forte mobilisation populaire à Caracas ? Je recherche encore un documentaire sur le putsch que j'avais vu sur Arte (je crois...) et où l'on voyait les soldats suivre au départ les ordres sans comprendre puis en fin de journée mettre aux arrêts leurs propres officiers.
Sans doute
La révolution ne sera pas télévisée.
Peuple et lutte de la quatrième guerre mondiale est bien aussi (il est dans la même playlist).
La mobilisation n'est pas suffisante, en tant que militaire Chavez avait aussi le soutien d'une partie de l'armée, sans armes le retour à la légalité aurait été impossible. Il suffit de comparé avec les autres coup d'état fomentés par les Etats-Unis dans la région. Bolivie (2008) les dirigeants des région de l'est (où se situent les champs pétroliers) essaient le séparatisme, l'armée ne suit pas et l'ordre est rétablit. Equateur 2010, le président est séquestré par des policiers, l'armée ne suit pas et le libère. Honduras 2009 le président est renversé et le référendum sur la nouvelle constitution est annulé, l'armée et la police sont du côté des putschistes. Paraguay 2012 le président est renversé (suite à un massacre prémédité dont on lui a collé la culpabilité), la police et l'armée soutiennent les putschistes. Dans tous les cas la mobilisation populaire a été là pour défendre le président, ce qui a fait la différence pour défendre le vote ce sont les armes.
Au fil des ans les Etats-Unis ont affiné leur scénario, les coups d'état militaires c'est mal vu, alors ils se servent des civils. Au Venezuela ils ont nommé le patron du MEDEF local et les putschistes ont supprimé unilatéralement tout : la constitution, les députés, les fonctionnaires. Maintenant ils font différemment, ils se servent des députés pour destituer les chefs d'états (Ukraine, Paraguay, Honduras), ils nomment un président intérimaire et organisent vite une élection présidentielle (truquée) pour légitimer le coup d'état. Il faut aussi faire monter la tension, pour cela une campagne médiatique de diabolisation et des tireurs d'élite (Bucarest 1989, Caracas 2002 et 2014, Paraguay 2012, Kiev 2014) qui tirent sur les deux camps pour ensuite accuser le gouvernement à renverser. Il y a aussi l'appui de groupes violents pour organiser des émeutes (guarimbas au Venezuela, nazis en Ukraine). Il y a aussi la tactique de ne pas reconnaitre le résultat des élections et de dénoncer des fraudes. Au Venezuela la déstabilisation est permanente : tentatives de coups d'état, sabotage (souvent sur le système électrique), pénurie organisée, spéculation, fuite de capitaux, terrorisme médiatique, assassinats, émeutes, corruption.
Il y a aussi le gros problème de l'impunité des conspirateurs. Ce sont les mêmes qui conspirent depuis 2002 en France ils seraient sévèrement punis (
Si l’opposition vénézuélienne était française…). Mais comme on est au Venezuela le gouvernement n'a pas la volonté politique de les mettre en prison (Chavez a amnistié les putschistes de 2002 sauf ceux qui avaient du sang sur les mains, il sait pardonner), Capriles qui a organisé des émeutes (qui ont provoqué des morts) après avoir perdu l'élection de 2013 n'est toujours pas en prison (il avait aussi participé au putsch de 2002). Le seul qui est en prison c'est Leopoldo Lopez (il s'est rendu parce que ces "amis" de l'opposition voulaient l'assassiner pour accuser ensuite le gouvernement). Et la justice est corrompue, quand un émeutier est arrêté il est en général relâché quelques heures (parfois même s'il a commit des actes de violence contre des policiers) ou alors les juges lui décrètent une liberté conditionnelle et laissent trainer le dossier. Quand un membre de l'opposition va en prison il arrive aussi souvent qu'il soit atteint d'une maladie qui ne lui permette pas de rester en prison (comme Maurice Papon chez nous) et une fois sortit il est en parfaite santé. Deux exemples la juge Afiuni qui a libéré illégalement un banquier (qui par la suite s'est enfui à Miami) a été incarcérée et est ensuite sortie pour raison de santé et s'est rendu trois jours après à une manifestation de l'opposition. Autre exemple celui de l'ex commissaire Simonovis, prisonnier pour avoir commandé les policiers assassins de 2002 (30 ans, libéré au bout de 10 ans) et qui vient juste de sortir pour raison de santé (il a l'air de bien se porter pourtant). On peut aussi mentionner les plus de 300 dirigeants paysans assassinés depuis le début de la révolution (avec seulement une condamnation).
C'était la justice des riches, pour les pauvres par contre elle est impitoyable. La police réprime parfois durement les travailleurs en lutte (alors qu'elle fait preuve d'une retenue extrême contre les émeutiers de l'opposition). Un exemple de dirigeant assassiné est celui de Sabino Romero, des membre de sa famille ont été aussi assassiné. Il luttait pour récupérer des terres volées par les grands propriétaires et fut continuellement menacé lui est sa famille (parfois par des tirs). La police ne l'a pas protégée car dans sa région elle est corrompue par les grand propriétaires. Il y a aussi le cas de ces policiers poursuivis et emprisonnés immédiatement lors des émeutes de 2014 (et c'est normal pour certains qui ont assassinés des gens). Pour d'autres par contre la sanction est disproportionnée : certains policiers ont frappé un émeutier (qui avait aspergé d'essence un policier pour le bruler et qui lui a cassé le poignet). 7 ans de prison requis contre les policiers (ce qui me semble disproportionné), l'émeutier lui a été relâché sans poursuite 2 heures après.
Citation:
Un ami Vénézuélien, rencontré à l'université, m'avait confié haïr Chavez et ne pas comprendre sa famille venant du monde rurale qui le plaçait juste un petit peu en dessous du Christ ...
Vous lui avez demandez pourquoi ?